2009-02-06 - Message aux diocésains à propos de la levée des excommunications des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X
Depuis une dizaine de jours, un flot impressionnant d'informations circule sans qu'il soit possible d'en vérifier la fiabilité. Nous sommes dans la confusion. On peut au moins accorder crédit à deux textes :
- le Décret de Rome ;
- la Déclaration du Cardinal Ricard.
Nos lecteurs - s'ils ne les ont déjà lus ! - pourront les découvrir plus bas !
Plusieurs points ressortent de cet événement.
1°) Le Pape a la mission de sauvegarder l'unité de l'Église. Il lui revient devant Dieu de promouvoir la communion. Il en est l'ultime garant puisqu'il préside à la charité. La crainte de voir la rupture perdurer dans le temps et donner naissance à une nouvelle Église hante le coeur du Pape.
2°) Les propos tenus par Mgr Williamson, en novembre dernier, sur la Shoah sont totalement inacceptables. On ne peut pas défigurer l'histoire : les camps de concentration nazis ont bien existé. Les fours crématoires ont réellement anéanti plusieurs millions de Juifs. Impossible de changer la réalité historique au gré des humeurs et des systèmes de pensée dominants.
3°) La levée de l'excommunication par le Pape ne signifie nullement que celui-ci entérine désormais tous les propos de chacun des 4 Évêques. Elle veut seulement dire que l'obstacle au dialogue est aujourd'hui levé. On peut se rencontrer. On peut se parler.
Il s'agit donc maintenant de vérifier si les quatre évêques partagent la foi de l'Eglise catholique et s'ils adhèrent aux textes du Concile Vatican II. Alors seulement, les communautés qu'ils servent pourront trouver leur place dans l'Eglise moyennant un statut canonique clair !
+ Père Guy Bagnard, Évêque de Belley-Ars - 6 février 2009
Decret de la Congrégation pour les évêques sur la levée de l'excommunication
janvier 2009
« Dans une lettre adressée, le 15 décembre 2008, à son Eminence le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, Monseigneur Bernard Fellay, au nom des trois autres évêques consacrés le 30 juin 1988, sollicitait de nouveau la levée de l’excommunication latae sententiae déclarée officiellement par le Décret du Préfet de la Congrégation pour les évêques publié le 1er juillet 1988. Dans cette lettre, monseigneur Fellay affirme, entre autre : « Nous sommes toujours fermement déterminés dans notre volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons son enseignement dans un esprit filial. Nous croyons fermement à la Primauté de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cela même que nous souffrons tant de l’actuelle situation. »
Sa Sainteté Benoît XVI – sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur volonté, exprimée dans la lettre citée auparavant, de ne ménager aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir rapidement une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à l’origine – a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.
Avec cet acte on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi une preuve pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à supprimer le scandale de la division.
On espère que ce pas sera suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape avec la preuve de l’unité visible.
En vertu des facultés accordées par le Saint Père Benoît XVI, en vertu du présent décret, je remets aux évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta la levée de l’excommunication latae sententiae décrétée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, et je déclare privé d’effet juridique, à partir de ce jour, le Décret émis à l’époque.
Rome, de la Congrégation pour les évêques, 21 janvier 2009
Cardinal Giovanni Battista Re
Préfet de la Congrégation pour les évêques
Communiqué de la salle de presse du Saint Siège
Le Saint-Père, à la suite d'un processus de dialogue entre le Siège Apostolique et la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, représentée par son Supérieur Général, S.E. Mons. Bernard Fellay, a accueilli la requête formulée à nouveau par le dit Prélat, dans une lettre du 15 décembre 2008, également au nom des trois autres évêques de la Fraternité, S.E. Mons. Tissier de Mallerais, S.E. Mons. Richard Williamson et S.E. Mons. Alfonso del Gallareta, de lever l'excommunication qu'ils avaient encourue il y a vingt ans.
A cause, en effet, des consécrations épiscopales réalisées, en date du 30 juin 1988, par S.E. Mons. Marcel Lefebvre, sans mandat pontifical, les quatre Prélats mentionnés avaient encouru l'excommunication latae sententiae, prononcée formellement par la Congrégation pour les évêques en date du 1er juillet 1988. S.E. Mons. Bernard Fellay, dans la lettre citée ci-dessus, manifestait clairement au Saint Père que : « Nous sommes toujours fermement déterminés dans la volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l'Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est l'Eglise catholique romaine. Nous acceptons l'enseignement dans un esprit filial. Nous croyons fermement au Primat de Pierre et à ses prérogatives, et c'est pour cette raison que la situation actuelle nous fait tant souffrir ».
Sa Sainteté Benoît XVI, qui a suivi depuis le début ce processus, a toujours cherché de résorber la fracture avec la Fraternité, en rencontrant même personnellement S.E. Mons. Bernard Fellay, le 29 août 2005. A cette occasion, le Souverain Pontife a manifesté la volonté de procéder par étapes et en des temps raisonnables sur ce chemin et maintenant, bénignement, avec sollicitude pastorale et miséricorde paternelle, par le Décret de la Congrégation pour les évêques du 21 janvier 2009, lève l'excommunication qui pesait sur les dits Prélats. Le Saint Père a été inspiré dans cette décision par le souhait que l'on arrive au plus vite à la complète réconciliation et à la pleine communion.
Du Vatican, 24 janvier 2009
Communiqué de la Salle de Presse du Saint-Siège
Déclaration du Card. Ricard à propos de la levée de l'excommunication
Le décret, signé le 21 janvier 2009 par le cardinal Re, préfet de la Congrégation des évêques, à la demande du pape Benoît XVI, lève l'excommunication encourue latae sententiae par les évêques ordonnés le 30 juin 1988 par Mgr Lefebvre et formellement déclarée par le décret du cardinal Gantin, le 1° juillet 1988.
Cette levée a été demandée plus d'une fois par Mgr Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, et tout particulièrement dans une lettre adressée au cardinal Castrillon Hoyos, le 15 décembre dernier, au nom des 4 évêques concernés. Il en faisait même, avec la possibilité pour tout prêtre de célébrer la messe avec le missel de Saint Pie V, une des deux conditions préalables à l'ouverture d'un dialogue avec Rome. Il avait fait prier ses fidèles à cette intention.
Le pape Benoît XVI a voulu aller jusqu'au bout de ce qu'il pouvait faire comme main tendue, comme invitation à une réconciliation. Le pape, théologien et historien de la théologie, sait le drame que représente un schisme dans l'Eglise. Il entend la question qui est souvent posée dans cette histoire des schismes : a-t-on pris vraiment tous les moyens pour éviter ce schisme ? Lui-même s'est senti investi de la mission de tout faire pour retisser les fils déchirés de l'unité ecclésiale. N'oublions pas que le pape connaît bien le dossier car il avait été chargé par le pape Jean-Paul II de prendre contact avec Mgr Lefebvre et d'essayer de l'empêcher de commettre l'acte irrémédiable des sacres épiscopaux. Celui qui était à l'époque le cardinal Ratzinger avait été marqué par l'échec de sa mission.
La levée de l'excommunication n'est pas une fin mais le début d'un processus de dialogue. Elle ne règle pas deux questions fondamentales : la structure juridique de la Fraternité Saint Pie X dans l'Eglise et un accord sur les questions dogmatiques et ecclésiologiques. Mais elle ouvre un chemin à parcourir ensemble. Ce chemin sera sans doute long. Il demandera meilleure connaissance mutuelle et estime. A un moment, la question du texte même du Concile Vatican II comme document magistériel de première importance devra être posée. Elle est fondamentale. Mais toutes les difficultés ne seront pas forcément de type doctrinal. D'autres, de type culturel et politique, peuvent aussi émerger. Les derniers propos, inacceptables, de Mgr Williamson, niant le drame de l'extermination des Juifs, en sont un exemple.
On peut pourtant penser que la dynamique suscitée par la levée des excommunications devrait aider à la mise en route de ce dialogue voulu par le pape.
En cette fin de Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, n'oublions pas que le chemin le plus sûr pour marcher vers l'unité de tous les disciples du Christ reste la prière.
A Bordeaux, le 24 janvier 2009
Cardinal Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Membre de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei »