2011-04-24 - Homélie pour le Jour de Pâques — Diocèse de Belley-Ars

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2011-04-24 - Homélie pour le Jour de Pâques

Jour de Pâques 24 avril 2011
Messe radio-diffusée sur France Culture - Co-Cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse

Homélie de Mgr Guy-Marie Bagnard, Evêque de Belley-Ars Jour de Pâques - 24 avril 2011

Messe radiodiffusée sur France Culture

Co-cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse

 

L’heure matinale à laquelle a lieu la première visite au tombeau traduit l’ardeur du cœur qui n’a pas cessé d’aimer celui qui a disparu ! « Le premier jour de la semaine », dit le texte, « de grand matin ». Et il ajoute : « Alors qu’il fait encore sombre ». C’est l’heure du chant du coq ! Le chant qui annonce l’arrivée du jour, alors qu’il fait encore nuit !

Ainsi, pour Marie-Madeleine, la première pensée et la première action de la journée sont pour Jésus. Le cœur ne se satisfait pas de son absence. Impossible d’être en paix tant qu’il n’a pas retrouvé sa trace, tant qu’il n’a pas repris contact avec ce qui reste de lui. Sa mort sur la Croix ne peut pas avoir fait refermer sur Lui – définitivement – la pierre du tombeau !!

C'est ainsi que le cœur qui aime ne connaît pas les limites imposées par le temps. Il ignore le mur de séparation. Les Apôtres, eux, n’ont pas été animés par la même promptitude. Mais, au-delà de ces différences de réaction, tous ont vécu ce temps assez particulier qui s’écoule entre le moment de la découverte du tombeau vide et celui de la première manifestation du Christ ressuscité. Entre les deux, c’est un temps intermédiaire, digne d'un grand intérêt !

C’est celui-là que l’Evangile offre à notre méditation, en ce dimanche de Pâques. C’est un temps d’intenses interrogations. La disparition du corps de Jésus suscite au moins deux questions :

- où l’a-t-on déposé ?

- qui a fait cela ?

L’éventail des hypothèses s’ouvre alors presque à l’infini, jetant chacun dans la perplexité. Ce sentiment naît de ce qu’on enregistre un fait sans pouvoir lui donner une interprétation. On demeure en suspens ! Ce déséquilibre engendre la tourmente dans le cœur humain. Car on est contraint d’accueillir un fait que la réalité vous impose et en même temps, on ne sait pas qu’en dire. Il ne porte en lui rien qui soit explicable ! Et c’est au beau milieu de ce questionnement général que se lève - comme l’aurore avant le jour – la première certitude chrétienne, rapportée par l’Evangile. Elle monte du cœur de l’Apôtre Jean.

L’Evangile indique qu’il a couru plus vite que Pierre au tombeau. Et bien qu’il soit arrivé le premier et qu’il désire ardemment savoir ce qui se passe – c'est pour cela qu'il a couru à en perdre le souffle - il attend ! Il s’efface pour laisser passer Pierre devant ! Peur d’entrer ? Respect de l’âge ? Crainte de heurter Pierre ? Non ! Jean reste habité par les paroles de Jésus : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise »… « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras revenu, affermis tes frères ». C’est Jésus qui a remis à Pierre sa feuille de route ; dès lors, pour l’apôtre Jean, la volonté du Disparu doit s’inscrire dans les faits de l’existence ordinaire. Et c’est pourquoi, en ce moment capital, près de sa tombe, Pierre doit passer le premier !

Dans cette attitude de retenue – sans doute une attente difficile à contenir – Jean donne vie à la volonté du Maître. Il rend présente la Parole du Disparu. C’est une forme de « Présence » dans une absence inexpliquée ! Il ouvre ainsi le long cortège de tous ceux que le Seigneur a d’avance déclaré Bienheureux. « Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu ! »

Devant le drame qui se joue autour du tombeau vide, l’Evangile rapporte en une phrase lapidaire ce qui se passe dans le cœur de l’Apôtre Jean : « Il vit et il crut ». Pour Jean, l’absence du corps de Jésus est le signe avant-coureur de sa résurrection. Toutes les autres hypothèses sont balayées d’un seul coup ! La lecture de ce signe est une annonce de la lumière de Pâques. Elle devient une certitude dans le cœur de Jean !

Dans son dernier livre sur Jésus, le Pape s’interroge : « Est-ce que Jésus peut être ressuscité si son corps gît dans le sépulcre ? Que serait une résurrection de ce genre ? De nos jours se sont élaborées des idées de résurrection pour lesquelles le destin du cadavre n’a pas d’importance. Dans une telle hypothèse, la signification de la résurrection devient alors tellement vague que l’on est obligé de se demander à quel type de réalité on a affaire dans un tel christianisme. C’est pourquoi, continue le Pape, il faut dire que si le sépulcre vide ne peut certainement pas prouver, à lui seul, la résurrection, il reste toutefois un présupposé nécessaire pour la foi dans la résurrection » (Jésus de Nazareth, tome 2, p. 289).

C’est ce présupposé que contient l’attitude de Jean. L’Apôtre montre qu’il va d’emblée plus loin que tous les autres acteurs du drame :

- plus loin que la promptitude de Marie-Madeleine ;

- plus loin que la perplexité où demeure Pierre ;

- plus loin que toutes les interrogations qui envahissent le cœur de tous !

Dans ce temps intermédiaire où le Christ ressuscité ne s’est pas encore montré, où n’est donné que le signe du tombeau vide, il y a un Apôtre pour prendre le chemin de la foi. Dans l’absence du corps, il a pressenti le triomphe de la Vie. Et c’est mieux qu’un pressentiment puisque le texte dit : « Il vit et il crut ». Nous sommes dans la certitude inébranlable de la Foi.

Si ce temps intermédiaire est si important, c’est qu’il est aussi le nôtre aujourd’hui ; nous sommes "les témoins des témoins". Nous avons vu à travers les yeux des autres ! Le grand acteur chrétien que fut Michel Serrault, à l’issue d’une longue interview, avait à répondre à une dernière question : « Quel est votre testament ? - Mon testament ??... Dieu est un feu qui couve ». Ce pourrait être aussi la réponse des chrétiens que nous sommes en ce jour de Pâques : alors qu’il fait encore nuit, que le soleil de la Résurrection ne s’est pas manifesté, Dieu est prêt à surgir. Les signes nous en sont donnés ; il suffit de les lire ! Par sa foi, saint Jean nous dit que Dieu est prêt de se montrer, comme un feu qui couve. Il est prêt à bondir. On ne le voit pas encore. Mais il est là, encore caché, comme "un feu qui couve".

Il n 'est pas inutile de nous attarder souvent sur cette page d'Evangile, car elle ouvre le nouveau régime sous lequel se déroulera, jusqu'à la fin des temps, l'existence chrétienne : celui de la foi.

† Père Guy Bagnard

Evêque de Belley-Ars