2008-03-14 - Edito : Là où se trouve Dieu... là se trouve l'avenir — Diocèse de Belley-Ars

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2008-03-14 - Edito : Là où se trouve Dieu... là se trouve l'avenir



L'avis récent de la Cour de Cassation sur le foetus mort-né a fait sensation. Désormais, un foetus né sans vie peut être déclaré à l'état civil, quel que soit son niveau de développement. En conséquence, les parents peuvent faire inscrire leur bébé sur le registre de l'état civil ; ils peuvent lui donner un prénom et l'inscrire sur le livret de famille. De plus, ils peuvent bénéficier de certains droits sociaux comme par exemple le droit au congé-maternité ou encore celui de se faire remettre le corps du bébé pour organiser ses obsèques et faire ainsi leur deuil.

Pour émettre son avis, la Cour s'est appuyée sur l'article 79-1 du Code civil qui ne subordonne l'établissement d'un acte d'enfant sans vie ni au poids du foetus, ni à la durée de la grossesse.

On voit les contradictions dans lesquelles la législation s'enferme. Dans le cas du foetus né sans vie, on reconnaît la présence d'un enfant avec toutes les conséquences civiles et sociales qui en découlent ; mais dans le cas d'avortement, le foetus n'est qu'un matériau neutre, un objet jetable, un déchet.

Le refus de donner un statut à l'embryon conduit à des contradictions de plus en plus manifestes. Le flou que ce refus entretient oblige à descendre dans des détails sans fin et à multiplier les précisions juridiques et administratives grâce auxquelles, par un tour de force invraisemblable, on parvient à maintenir la légalité de l'avortement.

C'est ainsi que le relativisme s'installe dans les mentalités ; il oriente le jugement et dirige la conduite. Il n'y a pas de vérité, ou du moins, chacun a la sienne. Il n'y a que des points de vue et donc des opinions. La réalité objective - ici, le foetus - n'a pas de consistance en elle-même. C'est le sentiment, les circonstances, qui lui dictent ce qu'il est, lui donnent son identité. La subjectivité dissout la réalité comme le diluant la peinture.

Jacques Rollet, Maître de Conférence de sciences politiques à l'Université de Rouen, expliquait, il y a quelques jours : "Le relativisme met en cause la stabilité d'une société démocratique... car il sape l'idée de valeurs communes et universelles".

En soulignant la situation dramatique où se trouve engagée l'intelligence, le Pape pointe l'une des conséquences les plus graves : "Si pour l'homme, il n'existe pas de vérité, celui-ci, au fond, n'est même pas capable de distinguer entre le bien et le mal !"

On connaît la remarque d'Antonio Gramsci, cet intellectuel communiste qui disait à peu près ceci : "Quand il fait mauvais temps on a tendance à s'en prendre au baromètre. Mais ce n'est pas en brisant le baromètre que l'on chassera le mauvais temps".

Ce n'est pas en chassant l'idée de vérité que l'existence humaine sera à l'abri des nuages et des intempéries. C'est même plutôt le contraire. On l'a vu au siècle dernier. Car non seulement l'homme ne dispose plus alors d'aucune boussole pour s'orienter et se conduire, mais les hommes entre eux deviennent des loups, chacun imposant aux autres l'arbitraire de sa loi.

Voici comment Régis Debray, réfléchissant sur le sens du mot communion en comprenait la signification : "Ce mot conjoint l'horizontale : 'être membre de' à la veritcale : 'adhérer à'. Telle est l'équation de tout regroupement ayant vocation à la durée". En effet, il faut un cadre commun pour vivre ensemble. Or ce qui est commun aux membres leur est nécessairement supérieur. Il ajoutait : "Pour devenir 'frères', il faut être 'frères en'". De fait, c'est ce qui nous dépasse et en lequel nous nous reconnaissons qui crée le lien entre tous. Le Pape avait raison de dire dans son homélie à Mariazell, le 10 septembre 2007 : "La terre ne sera privée d'avenir que lorsque s'éteindront les froces du coeur humain et de la raison illuminée par le coeur, quand le visage de Dieu ne resplendira plus sur la terre. Là où se trouve Dieu, là se trouve l'avenir".

C'est en "levant les yeux" que l'homme découvre son chemin et qu'en le suivant, il entre en communion avec tous !

Mgr Guy-Marie Bagnard, 14 mars 2008