Lettre aux catholiques du diocèse de Belley-Ars — Diocèse de Belley-Ars

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Lettre aux catholiques du diocèse de Belley-Ars

Lundi 9 novembre 2020
(en la fête de la dédicace de la basilique du Latran, la cathédrale de Rome)


« Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Apocalypse 19, 9)

Chers amis,

Nous voici entrés dans une deuxième période de confinement ! Celle-ci n’est pas tout à fait une surprise, car, non seulement nous la sentions venir, mais nous avons désormais une certaine expérience sur la manière de gérer une telle situation. Cette fois-ci le contexte est cependant un peu différent, du fait de la menace terroriste qui pèse à nouveau de façon plus forte sur notre pays ; et du fait des difficultés sociales et économiques croissantes. De plus, nous sommes profondément affligés et frustrés du rejet du recours fait en justice1, qui se traduit par l’impossibilité de nous rendre à l’église pour la messe dominicale, en raison du maintien des restrictions de rassemblement.

Fort heureusement, l’Evangile d’hier nous apporte des lumières pour nous suggérer comment vivre cette situation d’épreuve qui contrarie lourdement et durablement nos projets. Alors que nous sommes plongés dans la nuit et aussi, -il faut le dire- en proie à un assoupissement spirituel, un cri nous réveille : « Voici l’Epoux ! Sortez à sa rencontre ! » Telle est la réalité dont nous ne sommes pas suffisamment conscients : l’Epoux est là ! Le Christ est là, au coeur de notre nuit. Le Christ est bien là, qui nous invite à lui être unis dans son mystère d’abaissement ; à communier au mystère de sa passion et de sa mort.
Tout au début de la pandémie, j’avais pointé l’attention sur le risque majeur d’une épidémie de peur, bien plus redoutable que la crise sanitaire. Cette menace pèse sur nous plus que jamais, avec le péril de la division et de l’accroissement de violence. Les uns se replient sur eux-mêmes et se terrent chez eux, craignant le contact avec leurs semblables, d’abord perçus comme des menaces potentielles à leur intégrité. D’autres, évoquant une conspiration, se situent en victimes et appellent à la résistance pour défendre leurs droits bafoués. D’autres encore s’ingénient à trouver les moyens de contourner les obstacles pour satisfaire leurs désirs.

Comme on peut aisément le constater, les réactions les plus variées et les plus contradictoires se diffusent allègrement via les réseaux sociaux, contribuant le plus souvent à alimenter les réactions passionnelles, ainsi que les comportements relevant de mentalités individualistes et consuméristes (y compris dans le domaine religieux), plutôt qu’à nourrir la réflexion, à servir la fraternité, à promouvoir la communion et à susciter l’espérance.

Or, pour nous, Eglise, Epouse du Christ, une seule réponse s’impose à nous : conserver le regard fixé uniquement sur l’Epoux divin ; nous attacher à suivre de façon plus étroite et plus résolue Jésus, dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. Car c’est de lui seul que vient notre salut ! Seul Jésus peut nous libérer de la peur, nous préserver de la division et mettre fin au cycle de la violence.

Fréquemment nous ressemblons à Jacques et Jean, les fils du tonnerre, qui proposent à Jésus d’intervenir de manière violente et radicale à l’encontre des samaritains qui refusent de le recevoir : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Observez comment Jésus les réprimande et poursuit paisiblement sa route vers sa pâque (Luc 9, 54-55). Trop souvent nous imitons aussi Pierre, qui sort son épée, parce qu’il refuse de consentir à la réalité de la croix. Il prétend donc se battre contre ceux qui sont venu arrêter Jésus à Gethsémani (Mt 26, 51-52). Aujourd’hui, de même, certains veulent en découdre avec les autorités politiques et religieuses qui barrent la route à leur volonté propre.

Observez plutôt comment se comporte Jésus ! Tout d’abord, il nous demande de prier et veiller avec lui (Mt 26, 38 et 41). Ensuite, devant l’autorité politique, le gouverneur Pilate, il n’a rien d’un faible, puisqu’il exprime paisiblement ce qui est juste ou injuste. Il rend hommage à la vérité, puis il se tait. Il ne se laisse pas aller à la révolte, mais il subit de nombreux outrages sans broncher, avec beaucoup de dignité. Nous le voyons poursuivre son chemin jusqu’au bout, sans laisser l’esprit de division entamer le moins du monde l’amour qui l’habite. On peut constater que ses dernières paroles sur la croix sont, d’une part, des paroles de communion avec le Père « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23, 46) ; et, d’autre part, des paroles de pardon et donc de communion avec ceux-là mêmes qui le livrent à la mort : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).

Si la foi nous habite, alors nous n’oublierons pas que notre monde est tout entier dans la main de Dieu et nous ne nous laisserons pas déstabiliser par les épreuves du moment : « Dieu est notre refuge et notre force, secours dans la détresse, toujours offert. Nous serons sans crainte si la terre est secouée, si les montagnes s’effondrent » (Psaume 45). Si la foi nous habite, alors nous cesserons de murmurer, nous ne nous laisserons pas dominer par les sentiments de colère et de violence qui peuvent nous envahir. Mais nous accueillerons le Christ qui est présent au coeur de la nuit et, nous laissant conduire par l’Esprit Saint, nous consentirons à entrer avec lui dans le mystère des noces de l’Agneau. C’est l’espérance d’une fécondité qui ne nous appartient pas. C’est l’entrée dans la réalité profonde de l’Amour, qui vient mettre un terme au cycle de la violence.
Je vous invite à relativiser notre épreuve, certes réelle, en ouvrant nos coeurs et nos portefeuilles aux hommes plus durement éprouvés à travers le monde : ceux qui meurent de la faim, ceux qui sont victimes de conflits armés (populations du Haut-Karabagh, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan), victimes de situation socio-économiques dégradées (Liban), les chrétiens récemment emprisonnés arbitrairement (Chine), les nombreuses populations déplacées en recherche d’une terre d’asile.
Le Seigneur survient à l’improviste à travers les événements d’aujourd’hui. Sommes-nous prêts ? Sommes-nous vraiment dans des dispositions de foi ? Sommes-nous des disciples-missionnaires authentiques ? Mettons-nous donc à l’école de la Vierge Marie, qui nous recommande, comme aux serviteurs de Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! » (Jean 2, 5) et redoublons de charité, car « L’amour ne passera jamais » (I Co 13, 8).

+ Pascal ROLAND

 

1 Notamment en raison du manque de discipline d’un certain nombre de personnes qui n’ont pas respecté les consignes données par les évêques.

 

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