Diacre, serviteur de l’annonce de la Bonne Nouvelle — Diocèse de Belley-Ars

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Diacre, serviteur de l’annonce de la Bonne Nouvelle

Notes de l’homélie pour l’ordination diaconale de Daniel LEFEVRE en l’église Saint Léger d’Oyonnax, dimanche 6 décembre 2020

Lectures du 2° Dimanche de l'AVENT (Année B) Isaïe 40, 1...11 ; Ps. 84 ; 2° Pi 3, 8-14 ; Marc 1, 1-8

Le temps très particulier que nous traversons actuellement est propice à toutes sortes d’affirmations fantaisistes. Ainsi, face aux changements climatiques, aux tensions internationales et à la pandémie, il ne manque pas de gens pour prédire l’imminence de la fin du monde. A cela rien d’extraordinaire ! Rien de bien original ! Je vous invite à faire un tour rapide dans l’histoire de l’humanité et vous constaterez que de tout temps, on a rencontré des colapsologues de tout style pour prédire l’extinction de l’humanité. 

 

Tantôt c’est une grande peste qui réduit l’humanité à néant. Tantôt c’est la désintégration de la terre par le choc avec un astéroïde géant. Tantôt c’est l’élimination de l’humanité par suite d’une guerre nucléaire ou d’une invasion d’extraterrestres. Tantôt c’est un effondrement de la civilisation par déclin moral, ou bien surpopulation, surconsommation et enchaînement de catastrophes climatiques fatales à la vie. Tantôt c’est un dysfonctionnement informatique qui conduit au chaos universel. Et, au milieu de tout cela, il y a aussi des personnes qui, au nom d’une religion ou d’une autre, annoncent un châtiment divin auquel échapperont quelques privilégiés (dont ils font bien sûr partie !) 

 

Mais, pourquoi imaginer et attendre naïvement une fin à la manière humaine ? En fait, nos calculs humains s'avéreront toujours faux. N'avons-nous donc pas saisi que le temps de Dieu est tout autre que le nôtre ? N'avons-nous pas compris que, comme le déclare St Pierre (2° lecture) " pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. " Pour accéder à ce nouveau rapport au temps, il nous faut nous tourner résolument vers le Christ qui, il y a deux mille ans, en venant parmi nous, proclame : " Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche. " (Marc 1, 15). 

 

Certes, il nous faut changer notre manière de voir. Nous devons prendre conscience, comme l’affirmait saint Jean-Paul II, au moment de l’entrée dans le 3° millénaire, que " la plénitude du temps s'identifie avec le mystère de l'Incarnation du Verbe, Fils consubstantiel au Père, et avec le mystère de la Rédemption du monde " (Lettre apostolique sur le Jubilé de l'an 2000, n° 1). Le voilà bien l'événement décisif, celui qui bouleverse le temps : " En réalité, le temps s'est accompli par le fait même que Dieu, par l'Incarnation, s'est introduit dans l'histoire de l'homme. L'éternité est entrée dans le temps : peut-il y avoir un accomplissement plus grand que celui-là ? " (Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique sur le Jubilé de l'an 2000, n° 9). 

 

En Jésus, "Principe et Fin " de toutes choses (Apocalypse 21, 6), " le Père a dit la parole ultime sur l'homme et sur son histoire. C'est ce que dit en une synthèse expressive la Lettre aux Hébreux : " Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils." (Hébreux 1, 1-2) (Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique sur le Jubilé de l'an 2000, n° 5). Cette parole ultime de Dieu en Jésus Christ, c'est une Bonne Nouvelle : l'homme est appelé et introduit à la communion divine par l'adoption filiale : "Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale."  (Galates 4, 4-5). Le Père " nous a arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. " (Colossiens 1, 13-14).

 

Alors, St Pierre a raison d’affirmer aujourd’hui : "Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse". Cette promesse, énoncée par le prophète Isaïe (1° lecture) est déjà réalisée en la personne de Jésus : " Voici votre Dieu ". Oui, Jésus, c'est Dieu qui vient à nous en personne. Le voilà, "le plus fort " annoncé par Jean-Baptiste. "Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance " ; le voilà, le berger qui rassemble et conduit son troupeau (cf. 1° lecture). 

 

C'est bien plutôt nous qui sommes en retard. Nous tardons en effet à accueillir notre Sauveur pour entrer dans la plénitude du temps ! Saint Paul nous le rappelle dans l’épître aux Romains en disant : " Vous savez en quel temps nous vivons : c'est l'heure désormais de vous arracher au sommeil (...)Le jour est arrivé " (Romains 13, 11-12). 

 

Dans ces circonstances, nous devons nous étonner et nous émerveiller de la patience du Seigneur. La découverte de celle-ci doit nous toucher et nous conduire à nous convertir sans plus tarder." Il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre,  mais il veut que tous parviennent à la conversion  " disait saint Pierre à l’instant. 

 

Avec la venue du Christ sont commencés "les derniers jours" (cf. Hébreux 1,2), "la dernière heure" est arrivée (cf. 1 Jean 2, 18). A présent, nous sommes dans le temps de la croissance, avons-nous entendu lors de la toute récente fête du Christ Roi : jusqu'à ce que " Dieu soit tout en tous ", lorsque " toutes choses lui auront été soumises " (1 Corinthiens 15, 28). Le Seigneur est donc sans cesse en train d'advenir et il nous revient de l'accueillir afin de le laisser grandir en chacun de nous." Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ! " ordonne le prophète Isaïe.

 

Aujourd'hui, comme autrefois, lorsqu'un souverain ou un chef d'Etat annonce sa visite, on se dépêche de réparer les chaussées que celui-ci doit emprunter et l'on rénove les lieux qui se situent sur son itinéraire. Il convient que le chemin soit praticable et agréable. On se précipite donc pour réaliser les travaux qui avaient été sans cesse remis à plus tard. Ainsi, le Seigneur est-il en train de venir et nous demande-t-il de préparer ses chemins sans plus tarder. Chaque fois que nous prions le Notre Père, nous demandons au Père : " Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ! " Si Jésus nous a commandé de faire cette prière, n'est-ce pas pour hâter le plein avènement de Dieu en chacun de nous ? N'est-ce pas afin de faire grandir en nous le désir du règne de Dieu et nous conduire à collaborer activement à sa croissance ? 

 

Nous devons entretenir une conscience renouvelée de l'événement du Salut en Jésus Christ.  Et nourrir "une réelle aspiration à la sainteté, un fort désir de conversion et de renouveau personnel, dans un climat de prière toujours plus intense et de solidarité dans l'accueil du prochain, particulièrement des plus démunis. " (Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique sur le Jubilé de l'an 2000, n° 42). C'est à la seule condition d’entretenir cet état d’esprit que nous verrons grandir " le ciel nouveau et la terre nouvelle " annoncés par l’apôtre Pierre. Celui-ci nous rappelle que ce monde est appelé à disparaître et que nous ne devons pas nous accrocher à ce qui passe. Il nous fait cette recommandation : " Puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir ! " Alors, frères et sœurs, que ce temps de l’Avent réveille notre ardeur à préparer les chemins du Seigneur, qu’il nous stimule à la conversion, pour accueillir celui qui vient nous sauver !

 

Daniel, dans quelques instants tu vas être ordonné diacre, c’est-à-dire serviteur. Tu as pour vocation d’être serviteur de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Tu es envoyé dans une société qui est paralysée par la peur de la mort ; au milieu des hommes qui sont en proie à toutes sortes d’angoisses. Tu es envoyé au milieu d’hommes qui sont complètement déboussolés et ne savent même plus très bien ce qu’ils sont, parce qu’ils ont rompu leur relation au Créateur.

 

Tu es envoyé vers eux non pas comme prophète de malheur, pour entretenir la peur, en rajouter et enfoncer les gens dans leur détresse. Mais tu as pour mission, en qualité de ministre du Seigneur, d’annoncer la proximité du Christ et de leur dire: " Voici votre Dieu ! " Tu as pour mission d’annoncer la compassion du Sauveur qui réclame : " Consolez, consolez mon peuple ! " Tu as pour mission de manifester la bienveillance et la tendresse du Bon Pasteur, reflet de celle du Père : " Comme un berger, il fait paître son troupeau, son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent ". Tu as pour mission de montrer la lumière du Christ Sauveur. Car c’est confrontés à cette lumière de vérité que les hommes découvrent qu’ils vivent dans les ténèbres et reconnaissent leur péché.

 

Dans l’accomplissement de ton service liturgique, tu auras à assurer le renvoi liturgique, en disant : " Allez dans la paix du Christ ! " Parce que tu es envoyé pour annoncer la paix : " J’écoute, que dit le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. Son salut est proche de ceux qui le craignent et la gloire habitera notre terre " chantions nous tout à l’heure avec le psalmiste. 

 

Tu as pour mission de dévoiler le dessein bienveillant du Père, et à aider chacun à s’émerveiller de cette nouvelle inouïe. Tu as à annoncer aux chrétiens la présence indéfectible de l’Esprit Saint et à les aider à vivre dans l’espérance, sous la conduite de ce Défenseur. Tu as à aider les disciples du Christ à abandonner la tentation de l’entre soi, et à les pousser à sortir à la rencontre des personnes les plus pauvres, en qui Jésus se rend présent. 

 

Et puis n’oublie pas que saint Jean-Baptiste est le patron de ton diocèse. Comme lui, tu dois témoigner par ta manière de vivre. L’évangile rapporte qu’il " était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage "

 

Cela signifie que c’est d’abord par ton témoignage de vie que tu seras serviteur et témoin. Ce sont ta sobriété de vie, et une cohérence entre ta manière de vivre et ton enseignement qui toucheront ceux et celles que tu rencontreras. Autrement dit, c’est par une existence convertie, une vie renouvelée par une proximité, une intimité avec le Christ, que tu marqueras ceux et celles vers lesquels le Seigneur t’enverra. C’est par ta manière de servir les gens, que tu leur donneras envie d’accueillir la lumière du Christ et de se laisser embraser par celle-ci à leur tour. 

 

Tout à l’heure tu recevras solennellement l’évangéliaire. Tu entendras alors ces paroles à conserver dans ton cœur : " Reçois l’Evangile du Christ, que tu as la mission d’annoncer. Sois attentif à croire à la Parole que tu liras, à enseigner ce que tu as cru, à vivre ce que tu auras enseigné ". Daniel, ne crains pas et sois un fidèle et joyeux serviteur de la Bonne Nouvelle ! Annonce à tous : " L’amour ne passera jamais " (1 Corinthiens 13, 8).

 

+ Pascal ROLAND