Identifier, accueillir et développer les dons de Dieu
L‘histoire que nous venons d’entendre est fort étonnante ! Mais ne vous y trompez pas : Jésus n’est pas votre conseiller bancaire ! Il n’est pas venu sur terre pour vous apprendre à faire fructifier votre argent en vous expliquant comment opérer de bons placements financiers !
Jésus aborde en effet un sujet beaucoup plus sérieux, puisqu‘il traite d’une question de vie ou de mort. Il vous dit sur quoi nous serons jugés lors du jugement dernier et vous offre la clef pour entrer dans le Royaume de Dieu, autrement dit pour accéder à son intimité éternellement.
En cette période où beaucoup de gens sont saisis par des angoisses diverses face à la pandémie et à la recrudescence des menaces terroristes, je commencerai par vous inviter à vous interroger chacun personnellement : quelle représentation vous faites vous de Dieu ? Comment le percevez-vous spontanément ? Avez-vous peur de Dieu ? Est-ce que vous dites, comme le 3° homme de la parabole : « J’ai eu peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre »?
Et puis quelle sorte de relation entretenez-vous avec Dieu ? Avez-vous une relation servile à Dieu ? Est-ce que vous dites, toujours comme le 3° homme de cette histoire : « Je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici, Tu as ce qui t’appartient ». L’air de dire : « Je suis quitte : je te rends tout ce que tu m’as confié. Je ne m’implique pas dans tes affaires ! »
Ces questions posées, je vous exhorte à prendre conscience de la réalité et à découvrir Dieu tel qu’il se révèle à travers la parabole de ce jour. Observez bien : Dieu se révèle comme quelqu’un qui vous fait confiance ! Sachez vous en étonner et vous en émerveiller !
Les sommes d’argent mentionnées dans la parabole sont considérables. Elles évoquent symboliquement le trésor inimaginable que Dieu remet entre nos mains. Songez qu‘ un talent représente 34 kilos d’or pur, soit, à l’époque, l’équivalent de 10 ans de salaire d’un ouvrier agricole. Cinq talents, c’est 50 ans de salaire !
Il vous arrive certainement d’entendre des gens qui se plaignent de ce qu’ils considèrent comme « l’absence de Dieu ». Ces personnes reprochent à Dieu de ne pas être plus visible et de ne pas agir de manière plus directe dans notre monde. Or cette discrétion de Dieu est en fait l’expression de sa confiance envers nous. Dieu s’efface, un peu comme le maître de la parabole, qui part au loin et confie la responsabilité de ses biens à ses serviteurs !
Avez-vous déjà réalisé que Dieu fait de vous ses collaborateurs intimes ! Il nous confie rien moins que la gestion de sa création ! La gestion de “la maison commune“. Il compte donc sur nous pour prendre des initiatives. Il est à souligner que Dieu n’est pas derrière nous à chaque instant, comme le ferait un contremaître suspicieux ou un geolier. Il ne vous traite pas comme des esclaves, ni comme des domestiques serviles. Mais, étonnament, il nous considère comme des amis et des partenaires. Et il ose prendre des risques avec nous.
Il attend de vous que vous soyez des serviteurs responsables. Responsable, comme le signifie ce mot, veut dire que vous aurez à « répondre ». Il vous faudra rendre compte de ce que nous aurez accompli en coopérant avec l‘action de l’Esprit Saint qui vous habite.
Nous ne sommes propriétaires ni de notre vie ni de notre monde. La vérité, c’est que nous recevons tout de Dieu et nous sommes appelés à tout retourner vers lui dans l’action de grâce. Recevoir et donner, telle est notre extraordinaire vocation, à l’image du Fils Unique, Jésus. Le Christ attend de nous que nous ayons une réponse d’enfants de Dieu. La réponse de ceux qui, à l’image du Fils unique, retournent vers le Père, dans l’action de grâce, tout ce qu’ils reçoivent.
En revanche, quelle est l’attitude qui déplaît à Dieu ? Ce que déteste Dieu par dessus tout, c’est de céder à la peur qui paralyse. Pourquoi avoir peur de Dieu ? Ce serait se méprendre complètement sur l’identité de Dieu et son projet sur le monde !
Le 3° homme de la parabole déclare : « Seigneur je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.». C’est vrai : le Seigneur moissonne là où il n’a pas semé. Mais ce n’est certainement pas parce qu’il serait dur. Il n’est ni mesquin, ni impitoyable ; ni intéressé, ni cupide !
C’est vrai, le Seigneur moissonne là où il n’a pas semé. C’est tout simplement parce qu’il est infiniment bon ! Il veut que son amour soit répandu partout ! Et il ne supporte donc pas qu’on tarde à diffuser son amour sur toute la terre ! En nous demandant de faire fructifier ses dons, il ne pense pas à lui-même, car lui-même ne manque d‘absolument rien. Mais il pense à tous les hommes qu’il aime infiniment et qui n’ont pas encore découvert son amour.
Dieu vous fait confiance et il vous associe donc à son œuvre : il vous demande de participer à répandre son amour dans le monde ! Pour cela, comme lui le fait, il vous demande de prendre des risques ! Il ne vous reprochera certes pas le manque de fruit de telle ou telle initiative, car la fécondité ne dépend pas de nous. Mais il pourra vous reprocher de n‘avoir rien entrepris pour oeuvrer à l’avènement du Royaume de Dieu.
Il vous associe à son amour divin et vous rend aptes à faire fructifier les dons reçus. Il vous demande de prendre des initiatives, comme le joueur qui mise tout son avoir au casino ou comme le financier qui investit tout son argent dans une bonne affaire, il faut consentir au risque de tout perdre. « Qui veut sauver sa vie la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera.» (Mc 8, 35).
Ne sommes nous pas ces « fils de la lumière », ces « fils du jour », dont parle St Paul, dans la 2° lecture ? Comme celui-ci il nous y engage, « Ne restons pas endormis, comme les autres, mais soyons vigilants … ! » Pour cela, il vous faut :
- Identifier, et accueillir humblement les dons que Dieu vous fait ;
- Développer ces dons, c’est-à-dire les mettre au service des autres ;
- Ne pas craindre de vous lancer dans l’aventure missionnaire, en engageant tout ce que vous avez avec le Christ. Avec Jésus, vous engager, prendre des risques, ne pas avoir peur de perdre, ni de manquer. C’est l’Esprit Saint lui-même qui fera porter du fruit à ce que vous entreprendrez dans l’obéissance à ce que Dieu vous demande.
M’adressant plus particulièrement aux jeunes qui sont ici présents, je termine en reprenant les propos du pape François à des confirmands qu’il invitait à ne pas craindre de se lancer dans de grands projets avec Dieu : « Ayons confiance dans l’action de Dieu ! Avec lui nous pouvons faire de grandes choses ; il nous fera sentir la joie d’être ses disciples, ses témoins. Misez sur les grands idéaux, sur les grandes choses. Nous chrétiens nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au-delà, vers les grandes choses. Jeunes, jouez votre vie pour de grands idéaux ! »
+ Pascal ROLAND