"Nous ne devons surtout pas nous laisser impressionner par les ténèbres !" — Diocèse de Belley-Ars

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"Nous ne devons surtout pas nous laisser impressionner par les ténèbres !"

Notes de l’homélie de la Vigile Pascale, le 11 avril 2020, en confinement

 

Cette année, nous vivons la vigile pascale de manière totalement décalée. Alors que nous devrions être dans la joie de nous rassembler, tandis qu’en de nombreuses paroisses nous devrions entourer des adultes pour la réception des trois sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation et première communion eucharistique), nous voici confinés chacun chez soi ! En raison du confinement, nous sommes contraints de vivre, seul ou en famille, une liturgie simplifiée, avec une sobriété de moyens, avec beaucoup moins de solennité et d’exubérance qu’à l’accoutumée. 

 

Nous serions tentés de nous lamenter de cet état de fait, alors qu’il faut l’accueillir en réalité comme une chance ! Cette situation est à recevoir en effet comme l’appel à une plus grande intériorité. Cela nous renvoie à ce qui s’est passé véritablement à Jérusalem, il y a 2.000 ans, le matin et la journée de Pâques. Si je me réfère à ce qu’ont vécu les femmes au tombeau et les Apôtres, Pâques ne s’est déroulé ni avec beaucoup de monde, ni dans l’allégresse générale. Cela s’est plutôt déroulé dans l’intimité et dans la discrétion. 

 

Pour commencer, il n’y a aucun témoin oculaire de l’événement lui-même, tout simplement parce que c’est une réalité qui nous dépasse infiniment. Personne ne saisit l’événement de la résurrection, à la manière d’un reporter. Mais c’est au contraire la résurrection qui nous saisit dans la rencontre personnelle avec le ressuscité qui a l’initiative de se donner à voir !

 

Ensuite, Jésus ne s’est pas manifesté au milieu d’un grand rassemblement public. Mais il a commencé par se manifester auprès de tout petits groupes. Des femmes : Marie-Madeleine, Jeanne, Salomé et Marie mère de Jacques ; puis Simon-Pierre et Jean ; le groupe des Douze, amputé de Judas et de Thomas ; Cléophas et son compagnon sur le chemin d’Emmaüs… Bref, jamais beaucoup de monde à la fois. Mais toujours des personnes précises, dont les évangiles nous rapportent l’identité. Un peu comme les petits groupes que vous constituez ici et là, dans vos maisons. 

 

Lundi soir, le Président de la République va s’adresser à toute la Nation, pour nous annoncer la prolongation du confinement. Eh bien, nous allons ressembler aux disciples du Ressuscité il y a 2.000 ans. Si à Pâques Jésus est sorti du tombeau, libre et vainqueur, les disciples, eux, ont vécu un certain confinement pendant encore 50 jours !  En tous cas, ils n’ont pas participé à de grands rassemblements. Ils n’ont pas lancé de campagne d’évangélisation. Bref, ils sont restés discrets et encore relativement dispersés.

 

Il leur a fallu attendre l’Ascension du Christ et la Pentecôte. C’est alors seulement, qu’avec le don de l’Esprit Saint, ils sont sortis pour proclamer dans toutes les langues les merveilles de Dieu (voir Actes 2, 1-13). C’est alors aussi que, peu à peu, a pris forme le corps ecclésial, qu’ils se sont rassemblés, de dimanche en dimanche, pour accueillir la vie du Christ Ressuscité et grandir dans la charité. Dans un premier temps, il leur a fallu intérioriser ce qu’ils avaient vécu, Ils ont appris à vivre de manière nouvelle avec Jésus ressuscité.

 

Nous aussi, il nous faut mesurer davantage ce que c’est qu’être disciple du Christ réaliser la grâce de notre identité d’enfants de Dieu, et y adhérer plus intérieurement, afin de nous préparer à vivre le temps de l’après-confinement. Je vous engage à conserver dans la mémoire profonde de votre cœur tout ce que vous expérimentez durant cette vigile pascale. Car c’est la grâce que vous aurez à laisser se déployer ensuite au quotidien.

 

Dans la nuit, annonciatrice de la mort et signe de la vie sans Dieu, nous sommes réunis autour du Cierge Pascal, c’est-à-dire autour du Christ qui est la Lumière du monde et qui remporte la victoire sur les ténèbres. Cela signifie que dans les situations éprouvantes, comme maintenant, nous ne devons surtout pas nous laisser impressionner par les ténèbres mais faire confiance au Christ, qui est avec nous, comme il l’a promis (Mt 28, 20).

 

A la lumière du Christ, qui est l’alpha et l’oméga, c’est-à-dire la source et la fin de toute chose, nous nous sommes laissé longuement enseigner. En écoutant la proclamation des Ecritures, il nous a été donné de saisir que toute notre existence est un mystère d'alliance. Nous nous sommes remémoré les événements majeurs de l’histoire du salut, depuis le récit de la Création, jusqu’aux messages des Prophètes, en passant par le mémorial de la sortie d'Egypte sous la conduite de Moïse.

 

En prenant ainsi le temps de relire notre histoire humaine, nous avons pu goûter combien toute notre vie est portée, et totalement enveloppée dans l’amour de Dieu. Développez l’habitude de vous laisser enseigner par la Parole de Dieu et entretenez aussi l’habitude de dialoguer avec Dieu, comme nous venons de le faire après l’écoute de chacune des lectures bibliques en laissant monter vers Dieu , tour à tour, le chant de la créature émerveillée devant son Créateur ; le chant du croyant qui fait confiance et obéit à son Seigneur ; le chant de reconnaissance de l'homme sauvé de l'esclavage ; le chant du fidèle qui aspire à demeurer en communion avec le Dieu vivant.

 

Dans quelques instants, nous invoquerons la grande famille des saints du Ciel, afin que ces frères et sœurs aînés nous soutiennent de leur amitié. Nous appuyant sur eux, nous ferons alors mémoire de notre baptême, et nous renouvellerons la profession de foi baptismale. Nous poursuivrons notre célébration par l'Eucharistie, car c’est là que le Christ Ressuscité continue de nous communiquer sa vie. Le don que le Christ a accompli pour tous sur la croix, le vendredi saint, sera là pour que nous puissions en vivre. Le Seigneur nous invitera à sa table avec cette promesse : " Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui " (Jn 6, 56).

 

Aujourd’hui, dans les circonstances exceptionnelles que nous connaissons (comme la moitié des habitants de la planète !), la communion eucharistique ne vous est matériellement pas accessible. Mais vous pourrez vivre la " communion de désir ", telle que la vivent habituellement les chrétiens persécutés pour leur foi. Si vous désirez sincèrement et ardemment recevoir la communion et que vous préparez votre cœur, vous recevrez la grâce d’être en communion avec le Christ qui se donnera à vous spirituellement. Pendant que les quelques personnes ici présentes communieront, chacun d’entre vous pourra dire cette prière " Seigneur Jésus, que le jeûne eucharistique auquel je suis contraint aujourd’hui me fasse communier aux souffrances de ton corps mystique, l’Eglise, partout dans le monde où les persécutions font obstacle à toute vie sacramentelle ".

 

Et à l’avenir, n’oubliez pas que chaque dimanche, le Seigneur vous donne rendez-vous pour se livrer à vous et vous unir aux autres membres de son Corps ecclésial, qui ont besoin de vous, comme vous avez besoin d’eux. Le dimanche est appelé " le jour du Seigneur ", parce que c’est le jour du Christ ressuscité. Nous y célébrons chaque semaine l’événement de Pâques. Un événement qui renouvelle notre rapport au temps et à toutes les réalités de ce monde terrestre. Chaque dimanche, c’est Pâques ! Car nous rencontrons le Christ Ressuscité qui nous communique la vie divine pour transfigurer nos existences et nous préparer au Banquet éternel, vers lequel nous marchons ensemble. 

 

+ Pascal ROLAND