Installation du P. Griveaux comme nouveau curé d'Ars
Présentation du P. Rémi GRIVEAUX
Beaucoup parmi vous se demandent certainement : qui est donc cet étranger que l’évêque nous donne comme curé-recteur ? Puisque j’installe aujourd’hui le P. Rémi GRIVEAUX dans sa charge de curé de l’ensemble Ars, Savigneux et Villeneuve, et dans la responsabilité de recteur du sanctuaire d’Ars, je vais commencer par vous le présenter brièvement, afin de répondre à votre curiosité légitime, en attendant que vous appreniez à le connaître personnellement.
Comme vous le savez certainement, le P. Rémi GRIVEAUX a été généreusement mis à disposition de notre diocèse, par l’archevêque de Paris, Mgr Michel AUPETIT, que je remercie vivement de sa solidarité avec notre diocèse.
Le P. Rémi GRIVEAUX est un homme mûr. Il aura 60 ans dans trois mois (pensez à fêter comme il faut son passage à une nouvelle dizaine le 25 novembre !). Après une formation d’ingénieur et une brève expérience professionnelle, il a été ordonné prêtre pour le diocèse de Paris en 1992, il y a 28 ans.
Le P. Rémi GRIVEAUX a acquis une bonne expérience pastorale, dans l’exercice de divers ministères. Il a d’abord été vicaire et aumônier à St Vincent de Paul (10°), puis curé de Saint Michel des Batignolles (17°-18°) et ensuite curé de St Germain de Charonne (20°). Il a été apprécié dans ces différentes charges, comme en témoigne la présence de nombreux parisiens qui l’accompagnent ici ce matin.
Il a appris à connaître saint Jean-Marie Vianney, pour avoir étudié personnellement son histoire au cours de l’année de fondation spirituelle à la Maison St Augustin. Il est venu à Ars deux fois, notamment à l’occasion de l’année sacerdotale, en 2010.
Le P. Rémi GRIVEAUX n’arrive pas chez vous avec des projets précis, mais il est habité par deux seules préoccupations : 1) Aimer les personnes présentes. 2) Chercher et accomplir la volonté de Dieu en toutes choses. Et puis il porte en lui un fort point de vigilance. Il est soucieux de ne pas faire écran à la grâce de Dieu, mais a l’ambition d’être comme un canal qui laisse s’écouler la grâce divine, ou comme un vitrail qui laisse passer la lumière du ciel.
Peut-être que certains parmi vous se demandent : pourquoi un prêtre parisien ? Ceux qui se souviennent du passage, trop bref, du P. Daniel CARDOT, ne douteront pas qu’un prêtre étranger au diocèse puisse être apprécié de tous et faire beaucoup de bien, peut-être précisément parce qu’il vient d’ailleurs et qu’il a un regard neuf sur nos réalités locales.
Quand les amis prêtres du P. Rémi GRIVEAUX ont su que celui-ci était nommé à Ars, tous ont dit : « Bonne idée ! ». Et l’un d’entre eux a ajouté, non sans humour : « Bien que parisien, on espère être un peu prophète ! »
Je remercie le P. Rémi GRIVEAUX de s’être généreusement rendu disponible pour répondre à un appel qu’il n’avait pas imaginé et qui l’a surpris. Puisque c’est un fidèle serviteur de l’Eglise, ardemment désireux d’accomplir la volonté de Dieu ; et que l’appel a été lancé conjointement par deux évêques, il nous a fait confiance ! Après le temps de la réflexion et de la prière, il a très simplement accepté de se dépayser et de venir servir là où le Seigneur le lui demandait.
Le P. Eric MORIN, qui a partagé cinq ans de vie commune et de ministère avec lui (et qui regrette fort de ne pas pouvoir être présent avec nous, en raison de son propre accueil dans une nouvelle paroisse de Paris), m’a confié ceci : « Rémi est un homme de foi et de prière ». Je souligne au passage qu’il a passé un an à Notre-Dame de Vie. Le P. Rémi GRIVEAUX vous aidera donc à mettre vraiment le Christ au centre de votre vie, afin que vous entriez toujours davantage dans le projet de Dieu, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut du monde.
Le voilà à votre service, pour agir au milieu de vous au nom du Christ, le Bon Pasteur. Accueillez-le donc avec foi et gratitude, comme un don que Dieu fait à votre communauté paroissiale ! Je compte sur vous pour le rendre heureux à votre service, tout comme lui-même sera heureux de vous donner le meilleur de lui-même !
Je l’invite maintenant à renouveler solennellement devant vous les promesses faites le jour de l’ordination, pour manifester sa disponibilité à recevoir la charge confiée et l’accomplir de son mieux, avec la grâce de Dieu.
Homélie
Lectures bibliques du 22° Dimanche du Temps Ordinaire (A) : Jérémie 20, 7-9 ; Psaume 62 ; Romains 12, 1-2 ; Matthieu 16, 21-27
Voilà le P. Rémi GRIVEAUX à votre service, pour agir au milieu de vous au nom du Christ, le Bon Pasteur. Je lui confie aujourd’hui la triple mission d’enseigner, de sanctifier et de gouverner.
Pour commencer, il reçoit la mission de transmettre, exposer et rendre intelligible par tous la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur. C’est pourquoi, bien qu’il y ait un diacre présent, je lui ai demandé de proclamer personnellement l’Evangile.
Ensuite il reçoit la mission de vous sanctifier. Il doit vous aider à grandir en sainteté, c’est-à-dire dans l’amour parfait, et, pour ce faire, vous communiquer la vie divine dans la célébration des sacrements, tout particulièrement l’Eucharistie et le sacrement de la Réconciliation. C’est pourquoi tout à l’heure je lui ai remis solennellement le saint Chrême, l’étole du confesseur, ainsi que le pain et le vin destinés à devenir le corps et le sang du Christ.
Enfin il reçoit la mission de gouvernement. Il doit organiser la vie paroissiale, et la vie du sanctuaire, assurer une bonne gestion des personnes et des biens matériels. Mais également entretenir le zèle apostolique des fidèles, insuffler un esprit missionnaire, et vous faire vivre dans la communion fraternelle.
Il vous aidera à discerner et obéir aux appels de l’Esprit Saint. Il vous apprendra à vivre davantage la communion évangélique, dans le respect de la différence de vos milieux sociaux et culturels, de vos choix politiques, de vos sensibilités religieuses et de vos intérêts particuliers, pour vous réunir au service des habitants des trois communes d’Ars, Savigneux et Villeneuve, ainsi que des touristes et des pèlerins qui viennent nombreux au sanctuaire.
Pour assurer la triple mission propre aux prêtres et irremplaçable, d’enseigner, de sanctifier et de gouverner, le P. Rémi GRIVEAUX travaillera en communion avec ses frères prêtres, car on n’est pas prêtre tout seul. D’abord les autres chapelains (je salue au passage l’arrivée du P. Emmanuel Mainaud et celle du P. Jean-Marie Fornerod, doctorant en théologie, qui rendra quelques services au séminaire et au sanctuaire), et les prêtres de la Société Jean-Marie Vianney présents au séminaire et au foyer sacerdotal ; mais également les prêtres du doyenné et ceux de tout le diocèse.
Il collaborera avec les personnes consacrées, notamment les religieux et religieuses, particulièrement nombreux à Ars et généreusement investis au service du sanctuaire. Il œuvrera également en collaboration avec tous les baptisés, notamment ceux qui sont appelés à une responsabilité institutionnelle, comme les membres du conseil paroissial pour les affaires économiques et les membres du conseil pastoral paroissial. Mais aussi les salariés du sanctuaire, généreux de leur temps et les nombreux bénévoles indispensables à la vie locale.
Je ne doute pas que le P. Rémi GRIVEAUX sera rendu heureux en trouvant auprès de vous des frères et sœurs réceptifs à la Bonne Nouvelle, à qui il pourra partager sa propre joie de vivre avec le Christ. Pour cela il convient que tous, lui comme vous, vous soyez ensemble à l’écoute attentive et docile de la Parole de Dieu.
Ecoutez donc ce que le Seigneur vous dit dans l’Evangile de ce jour ! J’espère que vous avez tous repéré que la page d'évangile que nous venons d’entendre prend la suite immédiate de celle de dimanche dernier ! Je vous propose de rafraichir votre mémoire ! Jésus a posé à Simon-Pierre la question : « Pour vous qui suis-je ? ». Simon-Pierre, prenant la parole au nom des Douze, a répondu à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Pierre s'est alors entendu proclamer heureux d'avoir reçu du Père du Ciel cette révélation. Puis le Christ lui a déclaré : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
A l'issue de cet événement, qui constitue un sommet de l'Évangile et marque un tournant important dans la vie publique de Jésus, vous vous souvenez aussi que Jésus a imposé le silence à ses disciples. Il leur a ordonné de ne révéler à personne qu'il était le Messie annoncé et attendu. Cette consigne de silence a pu vous surprendre, comme elle a inévitablement surpris les disciples. Pourquoi donc imposer le secret sur l’identité de Jésus ? C'est la suite du récit offerte à notre méditation d'aujourd'hui qui apporte la réponse à cette interrogation.
Aujourd’hui, vous l’avez entendu, Jésus annonce sa pâque à venir : son rejet de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, puis sa mort et sa résurrection le troisième jour. Il l’annoncera encore clairement deux autres fois. Et il empruntera résolument le chemin de Jérusalem, montant de manière consciente et déterminée vers le lieu de sa Passion.
Alors, vous voyez que Pierre n’a pas saisi la portée de sa profession de foi, lorsqu’il a répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Il n’a pas idée de la manière dont Jésus va exercer son rôle messianique. La conception que Pierre, et les autres disciples avec lui, se font de la messianité de Jésus a besoin d'être purifiée !
Le comportement de Pierre à l'égard de Jésus le démontre clairement. Car voici qu’il réagit vivement pour s'opposer à la croix du Christ : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ! ». Par cette attitude, Pierre nous montre que, pour un chrétien, le plus dur n'est peut-être pas d'abord accepter sa propre croix, mais c'est de consentir à celle du Christ, qui nous révèle un visage de Dieu qui dérange grandement nos a priori ! Cela nous pose à tous la question suivante : Est-ce que j'accepte la réalité d'un Messie humilié et crucifié ? Est-ce que je considère vraiment la croix du Christ comme lieu de grâce et de salut pour moi ?
Mais revenons à Pierre et à Jésus ! Pierre s'oppose à la croix du Christ et la réponse ne se fait pas attendre. Jésus répond de manière tout aussi spontanée que Pierre est intervenu : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées non pas ce ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».
Etes-vous sensibles au fait que la brutalité de la réponse de Jésus manifeste combien l'intervention de Pierre le touche en profondeur ? Elle révèle la force de la tentation que Jésus éprouve. Jésus manifeste ainsi qu'il est véritablement homme : il ne fait pas semblant ! Il n'est pas un surhomme, car il connaît la fragilité humaine : il éprouve des tentations, comme tout être humain. A Gethsémani d'ailleurs, Jésus ne demandera-t-il pas dans sa prière : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » Mais il s’empressera d’ajouter : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux » (Mt 26, 39).
Jésus ne recherche pas la souffrance pour elle-même. Mais s’il répond aussi vivement à Pierre, c'est parce qu'il a fait un choix radical. Tout son être est tourné vers le Père. Il n’a qu'un seul désir : accomplir la volonté du Père, qui est de sauver les hommes. C’est pour cela précisément qu’il est venu en ce monde. Il brûle d’un feu intérieur et désire accomplir le salut du genre humain. En un mot, le Christ a choisi d'aimer : il a dit oui à l'Amour. C'est pourquoi il s’est disposé à prendre le chemin exigeant de l'amour vrai, et à payer le prix pour aller jusqu'au bout de cet amour. Ce faisant, Jésus nous révèle qu'il y a un discernement à opérer, des choix à faire, un combat spirituel à mener.
N'ayons donc pas peur d'identifier les stratégies de notre ennemi, le diable, comme Jésus le fait ! Il faut le reconnaître, le démasquer et contre-attaquer avec détermination ! Souvenons-nous que dans le Christ nous sommes vainqueurs : nous participons déjà à la victoire et à la gloire du Christ Tête, mais cela ne nous dispense pas de prendre part au combat !
Entendons les exhortations de Saint-Paul dans la deuxième lecture : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent ! ». Le monde est à entendre ici comme les réalités humaines lorsque celles -ci s’opposent au projet de Dieu, parce qu’elles sont idolâtrées. « Transformez-vous - dit Saint-Paul – en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu ». C'est-à-dire : convertissez-vous, changez votre manière d’envisager votre vie et d’organiser votre existence ! Pensez et agissez de façon à être en communion avec le Christ et son Père, en toutes circonstances.
Saint-Paul nous invite à offrir notre personne toute entière en sacrifice vivant. Car Dieu ne veut pas de sacrifice d'animaux, mais il souhaite l’offrande joyeuse de notre existence quotidienne. Il s’agit que notre vie devienne une offrande d’amour de chaque instant pour glorifier Dieu et participer au salut du monde. Faire de notre vie une vivante offrande, nous dit le Christ lui-même dans l'Évangile de ce jour, c’est renoncer à soi-même (c’est-à-dire à sa volonté propre), prendre sa croix et le suivre sur le chemin de l’amour authentique.
Parfois la lassitude, le découragement peuvent nous gagner, comme ils ont touché autrefois le prophète Jérémie (1° lecture) : « A longueur de journée la Parole du Seigneur attire sur moi l'insulte et la moquerie ! », déplorait le prophète Jérémie tenté d’abandonner sa lourde mission prophétique.
Alors, comme Jérémie laissons parler le feu dévorant de l'amour, que le Seigneur a allumé au plus intime de notre être ! N’opposons pas de résistance à l'Esprit Saint, qui nous conduira à nous livrer avec le Christ ! Il nous apprendra la joie du don de soi jusqu’à l’extrême, pour que la vie divine jaillisse en abondance et que la Bonne Nouvelle de la Miséricorde de Dieu se répande davantage dans le monde !
+ Pascal ROLAND