Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! — Diocèse de Belley-Ars

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Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

Par Caravage — scan, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

Homélie de Mgr Roland pour le Dimanche de la Divine Miséricorde, le 19 avril 2020, en confinement. (Jean 20, 19-31)

Aviez-vous remarqué que Thomas avait un frère jumeau ? Et avez-vous déjà entendu parler de ce frère jumeau ?  L’évangéliste nous rapporte que Thomas n’était pas avec les autres apôtres quand Jésus s’est manifesté… Son frère jumeau n’était pas là non plus ! Au fait, vous non plus, vous n’étiez pas là ! Et alors, ne pensez-vous pas que ce frère jumeau de Thomas puisse être chacun de vous ?

Vous le savez : les frères jumeaux se ressemblent… Qu’avez-vous donc de commun avec Thomas ? Votre comportement ne ressemble-t-il pas parfois au sien ? Est-ce que, comme lui, vous n’éprouvez pas de la difficulté à croire ? Mais alors, les paroles fortes que Jésus adresse à Thomas, vous sont destinées à vous tout pareillement : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Mais nous pouvons allez plus loin dans l’analyse et voir dans le nom de Thomas une autre signification encore. Le nom de Thomas, « jumeau », ne serait-il pas une façon de nous signifier qu’en cet homme, il y a comme la cohabitation de deux personnalités ? Ou, plus précisément, deux tendances opposées, qui font que c’est homme est comme divisé et tiraillé en lui-même.

Il y a en lui à la fois quelqu’un qui est plein de générosité et de désir de Dieu, comme nous le montre un autre passage de l’Evangile lorsque Jésus décide de retourner en Judée pour aller voir son ami Lazare qui vient de mourir. Chacun sait que les chefs juifs cherchent alors à lapider Jésus. Ce retour en Judée est donc risqué. Mais Thomas, plein d’une générosité sans doute un peu naïve, encourage ses compagnons en leur déclarant : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16). Et puis Thomas est aussi quelqu’un qui exprime des doutes et exige des signes pour croire. N’est-ce pas la même chose pour nous ? Ne nous reconnaissons-nous pas dans ce tiraillement intérieur, plus ou moins intense, plus ou moins récurrent ? 

On apprend que Thomas était absent lors de la première manifestation de Jésus. Pourquoi cette absence de Thomas lors d’une rencontre qui s’avère être capitale parce que fondatrice pour le groupe apostolique ? Certainement que cet éloignement provisoire des autres Apôtres est imputable à un manque de foi dans le témoignage donné par Marie Madeleine.  Gageons que Thomas n’a pas porté de crédit au témoignage de Marie Madeleine. De ce fait, il n’a pas suivi les autres Apôtres et c’est pourquoi il a manqué la rencontre du Christ. 

Une nouvelle fois, Thomas persiste dans son incrédulité, face au témoignage de ses compagnons, qui attestent : « Nous avons vu le Seigneur ». Thomas refuse la médiation du témoignage de ses compagnons, tout comme il a refusé celle de Marie-Madeleine. Il voudrait expérimenter et vérifier les choses par lui-même ! Thomas nous est donc présenté comme un contre-exemple : il a eu besoin de voir pour croire, alors qu’il aurait dû croire sur le témoignage de ceux qui ont vu et entendu. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Ceci dit, Thomas a l’intuition de demander précisément ce qu’il faut demander. Il exige de voir les plaies du Seigneur. C’est justement ce que Jésus ressuscité a montré à ses compagnons. Il a montré ses mains et son côté, ce qui a rempli les disciples de joie. Au milieu de ses doutes, Thomas réclame à voir les signes de la Passion du Christ. Ce qui manifeste qu’au milieu de son incrédulité, au plus profond de lui-même, il est vraiment à la recherche de la foi. Vous remarquerez que c’est à partir du moment où il peut voir et toucher les plaies du Christ ressuscité, que Thomas advient à la foi et répond par une magnifique profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Alors, quelles leçons pouvons-nous tirer de l’expérience de saint Thomas ? J’en retiens trois. Premièrement c’est une invitation pressante à faire confiance aux témoins. La foi chrétienne s’appuie sur le témoignage des Apôtres qui ont vécu avec Jésus. Ceux-ci rapportent ce qu’ils ont vu et entendu. Les Actes des Apôtres, nous rapportaient à l’instant la première des quatre caractéristiques de la première communauté chrétienne de Jérusalem : « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres ». Autrement dit, ils accueillaient le témoignage des Apôtres, qui leur rapportaient ce qu’ils avaient vu et entendu du Fils de Dieu (voir 1 Jean 1, 1-3).

Rappelons-nous que les Apôtres, témoins du Christ ressuscité, l’ont été, non pas seulement par leur prédication, mais tout autant par leur témoignage de vie, ce qui les rend particulièrement crédibles ! En lisant les Actes des Apôtres, vous constaterez que les Apôtres ont préféré subir des outrages et des violences, plutôt que de se taire pour épargner leur vie et ils n’ont pas craint de livrer leur vie jusqu’à la mort martyre. C’est-à-dire que, par ce don d’eux-mêmes jusqu’à mourir, ils ont attesté que le Christ est véritablement le Maître de la Vie. Par ce comportement, ils ont réellement professé leur foi en la résurrection. 

En refusant de renier leur foi pour assurer leur tranquillité, dans la perspective de prolonger leur existence terrestre de quelques années, ils ont manifesté que l’amour de Dieu est plus fort que la mort, et témoigné de l’espérance ouverte par la résurrection de Jésus. Aujourd’hui, des disciples de Jésus continuent de risquer leur vie et meurent martyrs parce qu’ils ont pris l’Evangile au sérieux. Ce ne sont ni des fanatiques ni des illuminés, mais tout simplement d’authentiques témoins de la résurrection du Christ. Voilà la première leçon : il nous faut donc faire confiance au témoignage des Apôtres et aux témoins de tous temps qui ont préféré mourir, plutôt que de taire ce qu’ils ont vu et entendu.

Deuxième leçon : c’est dans les plaies du Crucifié que l’on reconnaît le Christ ressuscité. Demandons-nous : où Jésus nous montre-t-il aujourd’hui ses mains et son côté ? Où peut-on être rempli de joie en le voyant ? Où peut-on trouver et expérimenter la paix authentique ? Eh bien, souvenez-vous ! Jésus s’est identifié à tous ceux qui souffrent. Ce qui fait que chaque fois que nous acceptons de voir les plaies de nos frères souffrants et que nous ne craignons pas de les toucher, nous nous disposons à accueillir le Christ qui se manifeste à nous ; nous nous préparons à accueillir sa paix et sa joie. 

Si nous voulons rencontrer le Christ ressuscité, il nous faut donc nous investir dans les 14 œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Celles-ci nous ont été rappelées par le Pape François, en 2016, pour l’année de la miséricorde : 

  • Donner à manger aux affamés
  • Donner à boire aux assoiffés
  • Vêtir ceux qui sont nus
  • Abriter les étrangers
  • Visiter les infirmes
  • Visiter les prisonniers
  • Ensevelir les morts 

 

  • Conseiller ceux qui sont dans le doute
  • Instruire les ignorants
  • Exhorter les pécheurs
  • Consoler les affligés
  • Pardonner les offenses
  • Supporter patiemment les personnes ennuyeuses
  • Prier Dieu pour les vivants et les morts

 

Troisième leçon : Chaque dimanche c’est la célébration de Pâques, c’est Jésus ressuscité qui nous rejoint pour nous communiquer la vie éternelle. Lorsque les chrétiens s’assemblent le dimanche pour la célébration de l’Eucharistie, ils font rien moins que l’expérience vécue par les apôtres réunis le soir de Pâques. N’oublions jamais que la difficulté à croire de Thomas, provient du fait qu’il était absent du 1er rassemblement dominical ! Si nous voulons grandir dans la foi, il ne nous faut pas manquer comme lui ce rendez-vous hebdomadaire !  

 

Dans nos sociétés occidentales sécularisées, on a malheureusement banalisé le dimanche. Il nous revient de redonner toute sa place au dimanche. C’est un jour à vivre autrement non seulement pour entretenir notre foi, mais également si nous voulons être un signe pour nos contemporains ; si nous voulons leur offrir le premier témoignage qui manifeste que Jésus est vraiment ressuscité !

 

Dans ma dernière Lettre Pastorale, pour l’ouverture de l’Avent, j’écrivais : « Il est indispensable de valoriser le sens du dimanche et de l’Eucharistie dominicale. Celle-ci a pour vocation de rassembler largement les petites fraternités locales dans un lieu qui constitue le cœur de ce que j’appelle un pôle missionnaire.  Vous n’êtes pas sans savoir que ce qui caractérise les chrétiens depuis toujours, c’est d’abord leur rassemblement dominical pour célébrer le Christ Ressuscité et rendre gloire à Dieu. Il ne fait donc pour moi aucun doute que dans les années à venir, les disciples authentiques du Christ se distingueront par le choix qu’ils feront de se donner les moyens de prendre part à la messe dominicale. Ils ne mettront pas en balance la priorité de l’Eucharistie avec une autre activité plus ou moins attrayante ; ils ne négocieront pas un horaire qui leur conviendrait mieux ou un style de chant qui rejoindrait davantage leurs goûts. Ils ne s’effrayeront pas de quelques kilomètres à parcourir, mais ils organiseront le co-voiturage et prendront en charge ceux qui ne peuvent se déplacer seuls (personnes âgées et enfants), sans omettre de rendre visite à ceux qui ne peuvent plus bouger, pour aller prier avec eux et leur porter la Communion. »

 

Les circonstances présentes font que le confinement nous prive de la joie de ce rassemblement dominical pour célébrer le Christ ressuscité et rendre gloire à Dieu.  Si le Seigneur permet cette épreuve, c’est certainement providentiel : l’épreuve du manque nous redit la place capitale de l’Eucharistie dominicale !   

 

+ Pascal ROLAND