Décès du Père Alfred Bour — Diocèse de Belley-Ars

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Décès du Père Alfred Bour

Les Missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun ont la tristesse de nous faire part du décès du Père Alfred BOUR, survenu le jeudi 23 septembre 2021, à l’hôpital de Montluçon.

Ses obsèques ont été célébrées à Issoudun le mardi 28 septembre 2021 (15h).

Il a été inhumé le lendemain à Lambach, en Moselle dont il était originaire.

Né le 5 août 1943 à Bitche (Moselle), Alfred BOUR a passé plus de vingt ans dans le diocèse de Belley-Ars depuis ses études au petit séminaire des Missionnaires du Sacré-Cœur de Trévoux (1956-1960) et sa formation au noviciat de Miribel (1963-1964).

Ordonné prêtre le 26 juin 1971 à Bitche, il revînt à plusieurs reprises à la maison « La Chanal » de Miribel devenue un centre spirituel (1973-1977 ; 1983-1995). En 1995, il fût envoyé au Rwanda, mais il revînt plusieurs fois séjourner à Miribel.

Depuis 2007, il était au service du sanctuaire de Notre-Dame du Sacré-Cœur à Issoudun.

En communion de prière pour le défunt, sa communauté et ses proches.

 

Textes écrits par le P. Alfred BOUR pour envisager sa mort, son entrée dans la vie…

Si tu devais mourir ce soir, comment voudrais-tu passer cette journée? 

C'est une question que Noël Quesson pose dans son commentaire du retour à la vie de Lazare (Jean Il) au 5ème dimanche de Carême. 

Voilà ce que je répondrai : 

- J'irai courir à travers champs et prés pour les remercier de toutes les joies qu'ils m'ont données. Leur parure est un don du ciel. Je me suis tant émerveillé de toutes leurs beautés. 

- J'irai caresser les arbres, mes grands frères. Je les regarderai comme bien souvent. Ils sont des vivants avec leurs racines mystérieuses enfouies dans la terre-mère, leur tronc droit ou noueux portant les cicatrices de leur histoire comme de la nôtre, leurs branches qui s'étendent tels des bras humains allant vers les autres, leurs frondaisons avec des fleurs et des fruits, puis des graines pour de nouvelles semailles. 

« La fin est dans les moyens comme l'arbre est dans la semence », aimait à dire le Mahatma Gandhi. 

Un arbre, C'est un peu comme une vie d'homme. 

- Puis, j'irai admirer le vol des oiseaux, mes petits frères aussi. Parmi tous les animaux, j'affectionne tout particulièrement les oiseaux, surtout quand ils sont dans la vaste nature, dans la grande liberté. Je leur ferai un dernier clin d'œil. 

- Je regarderai vers la terre que foulent mes pieds. Je la prendrai dans mes mains, je la pétrirai, je la réchaufferai, puis, je la répandrai autour de moi en forme de croix, car j'ai souvent béni cette terre, petite planète bleue, toupie dans l'espace, qui a tant servi l'homme et que l'homme a tant fait souffrir. Je lui demanderai pardon. 

Encore une fois, je la bénirai, parce que le Christ l'a rachetée, parce que le Fils de Dieu a été pétri comme moi de cette terre, parce qu'il y est né, parce qu'il l'a foulée et s'en est nourri ; du forment et de la grappe il a fait le « mémorial » de tout son amour donné librement : son Corps et son Sang, signatures indélébiles de son Alliance avec nous. 

-Je regarderai vers le ciel. Je humerai les parfums de l'air. Je m'exposerai au soleil. 

Le ciel m'a toujours fasciné avec cette voûte tel un arc-en-ciel, son horizon toujours fuyant, ses nuages changeants, son immensité en mouvance permanente qui me fait rêver d'infini, d'éternité, d'absolu. 

« Qu'est-ce que l'homme » pour que tu penses à lui ? » dit le psalmiste devant tant de grandeur. 

Toi, mon Abba chéri, tu m'as toujours fait signe à travers tout ce qui est beau ... jusques aux larmes de joie, d'émotion et de gratitude. 

- Je regarderai les hommes, mes frères de sang, pour les bénir, car je les aime passionnément. 

Tous ! 

Surtout les plus rejetés, les plus méprisés, mes frères Indiens des Andes que j'ai côtoyés et mes frères d'Afrique et de Madagascar ... J'aurai aimé connaître mes frères d'Asie et mes frères musulmans et les hommes de toutes les religions pour biffer les mots de guerre, de haine, de racisme et de violence.... de tous nos dictionnaires, parce dénués de sens. 

- J'embrasserai les enfants, car je les ai beaucoup aimés. Je me suis toujours demandé pourquoi le Christ nous les a donnés en modèle pour entrer dans le Royaume : « Si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. » Je les ai beaucoup observés, admirés, aimés et imités. Ils ont été mes modèles. J'ai essayé de leur ressembler. 

- Je ferai mes «À Dieu» à ceux qui me sont les plus chers, à celles et ceux qui ont été mes ami (e)s pour les remercier de tout ce que j'ai reçu par elles et par eux ... 

Mystère des relations humaines « à l'image de Dieu- Trinité-Relations ». 

- J'embrasserai ma famille la plus proche encore vivante. A tous je dirai « merci » pour tout ce que la vie nous a donné. « Pardon » pour les traces négatives que je laisserai derrière moi. 

Une vie humaine, c'est une trajectoire de liberté, d'une liberté qui se fait, qui mûrit, qui s'engendre dans la souffrance, à travers des chutes et des relèvements. 

- Je bénirai ma communauté religieuse msc et je lui demanderai de se réjouir avec moi du jour de ma naissance au ciel, car elle peut faire cela. 

Qu'elle chante ! Qu'elle se réjouisse ! Que ma mort soit pour elle une annonce joyeuse, une fête de printemps, la grande Pâques dans la vie éternelle auprès de Dieu. 

Pour moi la mort est ce passage vers l'Eternel Printemps au sein de Dieu de Vie. 

Dans l'étreinte de l'Esprit. 

Où que je meure, je demande à ma communauté religieuse de chanter le Te Deum, le Magnificat et le Salve Regina solennel de la Trappe (il y a de bons enregistrements), car ces pièces de chant grégorien représentent pour moi des sommets de l'art sacré qui m'ont nourri et fait vibrer. 

Et puis qu'on sonne les cloches de Pâques, les plus belles qu'on puisse trouver (enregistrées), Car les cloches m'ont toujours appelé vers l'au-delà, vers un ailleurs de beauté, vers l'infini…

Enfin j'arrive dans la maison du Père ! 

 

Le fruit est mûr, 

De l'arbre il est tombé. 

Il m'a fallu tout ce temps...

pour apprendre à aimer. 

Tout ce temps d'âpres luttes au quotidien, 

Tout ce temps de souffrances et de peines de toutes sortes, 

De chutes et de relèvements, 

Avec des joies immenses ... 

Pour tendre

vers cette liberté des enfants de 

Dieu qui ne fait qu'un 

Avec l'éternel amour. 

 

Mes amis, mes sœurs, mes frères, 

ne pleurez pas, 

Je m'en vais avec Marie, ma Mère, 

la « Maman» de toujours, 

Chez moi, à la maison, 

Où l'amour m'attend ! 

 

A toutes et à tous je dis « merci » ! 

 

Aimez la vie ! 

Regardez la vie autour de vous. 

Vivez pour la vie, non pour la mort. 

Rendez grâce, chaque jour, 

pour chaque parcelle de vie 

Que Dieu-Abba nous offre dans sa très grande générosité, car nous allons tous vers 

la Vie sans fin (sans faim), 

« Vers l'éternelle Eucharistie 

qui chante au sein du Dieu de vie ». 

 

Alors, je me mettrai aux Grandes 

Orgues que jouent les anges en présence du Très Haut. Je tirerai le hautbois sur jeux de fond avec un clavier de pleins-jeux et une bonne pédale de basses pour soutenir tout l'édifice sonore. 

 

J'entrerai dans la Vie en jouant : «Jésus que ma joie demeure» de J-S Bach, 

un grand phare dans ma vie.

Il n'y aura plus de fausses notes ni d'exercices fastidieux, ni des jeux mal accordés. 

 

A la voix des orgues se substitueront bientôt les voix innombrables des anges musiciens, des saints, ceux de nos autels, ceux que j'ai aimés et priés, ceux, inconnus et non canonisés - les plus nombreux- ceux de ma famille humaine et religieuse, mes saints parents, alors la Vierge me sourira et peut-être me dira-t-elle ces paroles : « Viens mon petit garçon, tu as bien joué ta partition. Tu es des nôtres. 

Il est temps que je te présente à mon Jésus. Entrons chez lui. Tu verras comme il est beau dans le sein du Père et dans la Communion de l'Esprit ». 

 

La « Maman» me prendra par la main pour me conduire à son Fils comme elle l'a fait quand j 'étais encore sur la terre et le Christ me plongera dans la joie du Père. 

 

Mon Baptême sera achevé 

tel une symphonie grandiose. 

« Je connaîtrai comme je suis connu »

et l'amour m'envahira, et lajoie et l'action de grâce et la prière ... pour vous tous qui êtes encore sur la terre. 

Alléluia ! Christ est vraiment ressuscité ! 

Il est le Chemin, la Vérité et la Vie ! 

L'Amour vous attend ! 

« Jésus, mon Cri ». 

 

Père Alfred Bour msc 

Glasenberg le 26 mars 1990

 

VIVRE MA MORT

 

Je voudrais vivre ma mort 

Les yeux ouverts 

Faire lucidement le passe 

Comme Jésus sur la croix. 

 

Je ne sais ni le jour ni l'heure, 

Mais je sais que c'est toi, Seigneur. 

 

Si je savais le jour et l'heure 

Comme je donnerais du poids 

à chaque minute de mon existence! 

 

Le temps qui s'écoule prend sa source dans 

l'éternité. 

Chaque minute peut être éternisée, 

Si je la remplie de tout mon amour. 

 

Je vois la mort comme un rendez-vous avec le 

Soleil. 

Toute ma vie durant j'ai vécu d'espérance. 

Je sais où je vais. 

Je sais qu'un amour m'attend. 

 

Je voudrais crier à tout homme : 

Un amour inénarrable nous attend. 

Un amour jaillissant du Père des Lumières. 

Un amour engendrant le Fils Bien-aimé 

Qui est dans le sein du Père. 

Un amour « étreinte » de l'Esprit 

Au cœur des Trois. 

 

Je n'ai pas peur de franchir le seuil de la porte 

paternelle, puisque tout mon être d'éternité 

basculera dans la tendresse ineffable 

Du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

 

J'ai simplement peur de souffrir 

Tout comme le Christ. 

Avec lui, je dis aussi : « Père, si tu le veux, 

que ce calice s'éloigne sans que je le boive, 

mais non comme je veux, mais comme tu 

veux. » 

 

La mort est un arrachement qui fait mal. 

Mal aux autres et mal à celui « tré-passe. » 

Arrachement douloureux à tous ces liens qui 

m'ont permis de tenir le coup, 

Qui m'ont permis de vivre, de grandir et 

d'aimer. 

Arrachement à cette terre dont j'ai aimé toutes 

les beautés. 

Arrachement à mol-même, puisque je dois 

quitter ce corps, connaître ma propre nudité 

pour une nouvelle naissance. 

Ce sont les douleurs d'un enfantement 

nouveau. 

Personne n'a l'expérience, par avance, 

D'un enfantement, 

quel qu'il soit. 

 

Puis ce sera la joie de Pâques! 

 

« L'autre Soleil » viendra à ma rencontre. 

Progressivement 

Il sèchera mes larmes ; 

Il ruissellera sur tout mon être. 

Je boirai sa lumière 

Jusqu'à l'ivresse 

Jusqu'à l'ex-stase. 

Je deviendrai lumière ; 

Elle s'allumera en moi, 

Puisque le Corps du Christ m'a nourri 

tout au long de ma vie. 

Maintenant je prendrai la forme de son Corps. 

Je serai pleinement configuré 

à son corps de Gloire. 

Je pressens que. ma mort sera « passage » ... 

Je deviendrai pure liberté 

Totale ouverture 

Au sans-fond du Sacré-Coeur de Jésus 

en qui j'ai vécu tout au long de ma vie. 

 

En Lui je suis; 

En Lui je vivrai. 

Eternellement. 

 

Son Cœur m'ouvrira sur la joie sans fin 

du Père, 

Puisque Il Est en Lui. 

« Philippe, ne sais-tu pas que le Père est en 

moi et que je suis dans le Père» ? 

Un océan d'amour me baignera, me lavera 

complètement et achèvera de me préparer au 

Festin es Noces de l'Agneau. 

 

Ma mort sera aussi mon jugement. 

Etre jugé, n'est-ce pas voir sa vie en 

transparence dans la vérité et la beauté de 

Dieu? 

Dieu ne juge pas au sens où il décréterait une 

sentence pour moi. 

Et pourtant j'ai besoin d'être jugé par Dieu, 

Car qui pourrait se « masquer» au contact de 

sa lumière? 

Qui pourrait se soustraire à sa vérité? 

Oui, j'ai besoin de m'adapter au monde 

immense et beau de sa splendeur. 

Cela se fera dans la plénitude de son amour. 

Dans la paix de son royaume. 

 

J'aurai encore besoin de quitter toutes ces 

adhérences à mon « ego», 

De laisser se fairé là mue totale, 

La métamorphose en « corps de gloire ». 

Mon « purgatoire» est désir de Dieu, 

Brûlure de la plénitude 

du rassasiement. 

Là où le temps n'a plus nulle prise, 

Je n'existerai que par l'intensité de mon désir 

que le Christ aura dilaté, purifié, nourri tout au 

long de notre compagnonnage. 

 

Mon « purgatoire» sera 

une brûlure d'amour, 

une brûlure d'impatience, 

une 'amorisation' de tout mon être d'éternité, 

une aspiration véhémente, 

une douloureuse joie, 

une faim que Dieu seul pourra rassasiée, 

une soif que Dieu seul pourra étancher. 

 

L'homme est créé pour le rassasiement par 

Dieu lui-même, 

De le voir, de le connaître, de l'aimer, 

De l'adorer et de le servir comme les anges. 

Comme Marie et Joseph, 

Comme les Saints Apôtres et tous les Saints. 

 

Sorti de Dieu, 

Je retourne vers Dieu 

Comme le « Prodigue» 

Vers la maison paternelle : le Cœur du Père. 

 

Ici il n'y a plus d'intérieur ni d'extérieur. 

Tout est en transparence dans le Soleil du 

Cœur de Jésus. 

Ici tous les êtres communiquent intensément, 

Car tout est communion. 

Toutes les créatures et tous les mondes qui 

sont en Dieu « symphoniseront » 

En symphonie de gloire. 

Je ne peux que pressentir, par l'intelligence et 

le cœur, le monde immense et beau de la 

splendeur au sein du Dieu de vie. 

 

Au soleil de la mort 

Ma vie de tous les jours prend une densité 

incroyable, 

Car chaque jour est un temps pour aimer, pour 

se donner, pour rendre les autres un peu plus 

heureux. 

 

Le temps est la trame 

Dans laquelle je tisse mon éternité. 

Le temps est comme une matrice 

Qui façonne ma liberté, 

Ma capacité d'aimer. 

 

Je suis fait et je me fais. 

 

En me créant Dieu m'appelle à la liberté. 

II ne m'a pas créé parfait, achevé. 

Il a voulu qu j'assume mon histoire, 

Que j'apprenne à vivre pour-les-autres, 

Que j'apprenne le dur métier d'aimer, 

Que j'apprenne à choisir entre le bien et le 

mal, 

Que j'apprenne à nommer Dieu « Abba » ! 

 

Ainsi se forge ma liberté, 

Une liberté qui se fait, 

Qui cherche le chemin, 

En gravissant la montagne de l'amour 

 

De nuit, 

Tandis que les autres dorment. 

Telle est la Gloire de l'Homme. 

Une telle liberté fait la joie de Dieu et de 

l'Homme. 

 

Ma liberté se forge 

A coups de marteau 

Sur l'enclume 

Des coups de la vie. 

C'est le drame 

- heureux et douloureux - 

de notre histoire. 

Celle-ci est le passage obligé de notre 

ouverture à l'amour. 

Mon histoire. c'est tout ce qui fait que je suis 

Ce que je suis aujourd'hui : 

La somme de mes relations, de mes choix, de 

mes victoires et de mes échecs, 

En positif et en négatif. 

 

Dieu me prend au sérieux dans ma vie de tous 

les jours, 

Car ma vie n'est pas une farce, 

Ni un théâtre de marionnettes dont Dieu 

tirerait les ficelles. 

 

Dieu laisse faire la liberté de l'homme et de ses 

choix de vie ou de mort 

Jusqu'aux ultimes conséquences. 

 

Tous les jours j'engage ma liberté 

Et donc mon éternité. 

 

Désormais, vivre ma mort, 

Me renvoie à mon quotidien. 

Le meilleur moyen de préparer ma mort, 

C'est de bien vivre ma vie de tous les jours, 

Car la vie éternelle est de plain-pied avec ma 

vie de tous les jours. 

« Vivez, disait le père Monier, 

Avant de faire des compliments à Dieu. » 

Pour moi, vivre, 

c'est aimer la vie, servir la vie, 

Car la vie est un don de Dieu. 

Chaque fois que je vis pleinement ma vie de 

tous les jours 

Je prépare mon éternité. 

Chaque fois que je meure 

A mon égoïsme, 

Je suis en train de ressusciter. 

 

En vérité, vivre, c'est mourir 

Et mourir, c'est vivre ! 

 

P. Alfred Sour msc 

Carmel de Surieu (13.11.1989)