Décès de l'abbé Michel Laubépin

Mgr Pascal ROLAND et la famille LAUBEPIN
recommandent à nos prières

M. l’Abbé Michel Laubépin

décédé à l’hôpital d'Ambérieu-en-Bugey, le 20 octobre 2020
à l’âge de 79 ans.

Ses obsèques seront célébrées le vendredi 23 octobre à 14h30, en l’église de Lagnieu.

Il sera ensuite inhumé dans le cimetière de Leyment.

Né le 15 août 1941 à Leyment, ordonné prêtre le 25 juin 1966 en l’église Notre-Dame de Bourg-en-Bresse, il est successivement surveillant au Petit Séminaire de Meximieux (1966), vicaire à Rillieux (1967-1968) puis à Bellegarde (1968-1978), curé de Champfromier et Chézery (1973-1978), curé doyen de Nantua (1978-1991) et de Lantenay (1984-1991), curé d’Oyonnax (1991-1999), Lagnieu (1999-2016) et Loyettes (2005-2016).

Admis à prendre sa retraite en septembre 2016, il continua à rendre des services pastoraux dans le groupement paroissial de Meximieux.

Témoignage sur le P. Michel Laubépin par le P. Sylvain Mariaud, curé du groupement paroissial de Meximieux

Michel, tu étais attaché au Haut-Bugey, puisque tu y as consacré l’essentiel de ton ministère en passant dans 15 paroisses depuis la vallée du haut-Rhône avec Léaz, Fort l’Ecluse, puis la vallée de la Valserine avec Bellegarde, Chézery et Champfromier avant de rejoindre Nantua comme curé doyen en 1978 ; en 1984-1986 se sont rajoutées les paroisses de la Combes du Val. En 1991 tu deviens curé d’Oyonnax et en 1999 de Lagnieu. Tu prends ta retraite en 2016 mais à ma demande et avec l’accord de notre évêque, tu avais accepté d’être prêtre auxiliaire sur Meximieux. Je savais que j’allais être bien épaulé. Quand tu étais curé de Nantua, tu me racontais que tu prenais tes congés en septembre pour permettre aux touristes d’avoir un brin de spiritualité lorsqu’ils visitaient la belle abbatiale avec son orgue. A l’époque avec le père Curnillon à Montréal et Marcel Dondé à Lantenay, il y avait un véritable travail d’équipe de doyenné et une harmonisation qui s’était faite. Avant de quitter la cité catholarde (Ndlr : surnom de Nantua), tu as eu la joie d’assister à l’ordination de Marcel Tavel, le 16 juin 1991. Te voilà nommé curé d’Oyonnax. Cette mission à Oyonnax n’a pas été simple, plusieurs fois tu m’avais fait part de plusieurs difficultés rencontrées. Tout d’abord tu arrives à la cure rue Fransciso Ferrer, près de Monoprix, cure très humide presque insalubre où plusieurs curés y sont tombés malades. La paroisse a eu l’opportunité d’acheter un bâtiment derrière l’église St Léger, rue Eugène Pottier pour y devenir la cure avec appartements pour les prêtres et salles paroissiales fonctionnelles et accueillantes. Partout où tu es passé, tu as été un peu un St François d’Assise, un restaurateur d’églises. Avec ton ami Lucien Guichon, député maire de l’époque, tu entreprends de restaurer intégralement St Léger à l’extérieur et à l’intérieur. Cette église était noire autant dedans que dehors, en état de délabrement à ton arrivée. Tu avais dit : « cette restauration est un acte politique dans le sens politique le plus noble ». Il fallait que les chrétiens puissent être visibles et puissent travailler, il s’agit de construire et de faire grandir. Pour toi, dans une église, on doit y voir clair et on doit entendre. A ton arrivée à Lagnieu, tu feras également repeindre l’église avec un nouvel éclairage et une sono digne de ce nom. Tu avais appris le portugais avec la méthode assimile, pour rejoindre la communauté portugaise des bassins bellegardien et oyonnaxien. 
Michel, tu aimais le beau, la belle liturgie, la belle musique. 

En 54 ans de ministère, tu as tout vu, tout entendu, traversé bien des tempêtes. En 1962, arrive le Concile Vatican II, juste avant que tu ne partes faire ton service militaire. Tu aimais l’Eglise et tu es toujours resté fidèle à la Tradition du Magistère. La fidélité à ton sacerdoce, tu l’as toujours eu. Ça n’a pas été évident de tenir, surtout à l’époque de mai 68 mais tu as tenu jusqu’au bout dans le ministère et dans la maladie, grâce à l’Eucharistie que tu célébrais chaque jour, grâce à la prière du bréviaire, grâce à la prière du chapelet et à la prière à St Michel. 

Dans une de ses homélies, voici ce que Michel écrivait sur la fidélité : « La fidélité de Dieu est quelque chose qui est merveilleux dans nos vies et cette fidélité ne s’exprime pas de façon aérienne. Dieu est fidèle à travers l’Eucharistie, et pour nous les prêtres, c’est quelque chose d’essentiel. Dieu nous dit qu’il est là. Dieu est fidèle à travers la prière, il est fidèle à travers les gens avec qui nous avons vécu, que nous avons accompagnés, qui nous ont aidés, qui ont été présent, qui parfois sans le faire exprès nous ont dit des choses qui nous ont permis de repartir. La fidélité de Dieu s’exprime dans l’incarnation de nos vies. »

Quand tu quittais une paroisse pour une autre, tu n’aimais pas faire de bilan sur ce que tu avais pu semer. Ce n’est pas à moi de faire un bilan, Dieu seul fait les bilans. On voit l’arbre à ses fruits. Ce qui t’importait et ce qui a été ton souci durant toute ta vie de prêtre, c’était de faire passer la Parole, c’était de faire passer Jésus-Christ dans les cœurs. Ecouter, méditer la Parole de Dieu. C’était cela l’essentiel. 

Michel, ton dynamisme, ta détermination, ton franc-parler toujours tonique ont marqué. Tu avais un véritable charisme d’orateur pour prêcher sans papier avec des mots simples, et pour manier la plume, pour écrire chaque dimanche un édito sur la feuille paroissiale. Tu voulais que cette feuille paroissiale aille partout, dans toutes les chaumières, pour faire réfléchir les gens sur un fait d’actualité. Je crois que les uns et les autres, nous avons tous été marqués par tes homélies ou tes écrits, il fallait que ça percute, que ça aille droit dans le cœur, tu avais ce don. Il y a quelque temps je t’avais demandé de m’apprendre à prêcher comme toi, j’ai eu juste cette réponse : « ça demande beaucoup de travail ». Merci pour ta réponse ! 

Michel, tu as été un homme et un prêtre libre et indépendant. Ton souci, c’était les jeunes prêtres ces dernières années pour qu’ils restent droit dans leur foi et dans leur mission. Vous les jeunes prêtres, comment vous allez tenir le cap ? Dans un monde où la plupart des gens n’attendent pas qu’on parle du Dieu d’amour ou de miséricorde ou de la résurrection mais où le plus important par exemple pour les funérailles c’est le CD ou la clef USB où se trouve dessus le temps des cerises que la mémé aimait bien… mais le désir de recevoir le Dieu vivant et le désir de l’éternité, c’est où ça ? Qu’est-ce qui empêche de recevoir la vie de Jésus-Christ ? Cela t’interrogeait et parfois t’énervait. Pour toi, un curé de paroisse, devait rester un certain nombre d’années au même endroit pour travailler sur du long terme (arrêter les missions de 6 ans). Il faut du temps pour construire quelques choses, créer des liens, connaître les gens, disais-tu. 

Michel, tu as été l’homme qui remettait les personnes debout à travers le don que tu avais de lever les brûlures, les zonas, libérer les gens des esprits mauvais, des ondes qui perturbent le corps ou les maisons. Ta tristesse c’est que la hiérarchie diocésaine n’a jamais essayé de comprendre ce que tu faisais et à s’intéresser à cette guérison des gens, pensant que cela était réservé à des prêtres exorcistes. Nous avons échangé beaucoup de choses sur ce sujet-là. Jésus ne dit-il pas dans un évangile : imposez les mains, guérissez les malades, ressuscitez les morts ? En 2007, gros pépin de santé, où tu dois subir un triple pontage. Tu es obligé de t’arrêter quelques semaines… Mais tu as le courage de reprendre les rênes de cette grande paroisse de Lagnieu. Ton médecin te recommande alors de marcher et l’on pouvait te voir arpenter les rues de Lagnieu ou le long du Rhône.

Au moment de la retraite en 2016, on en a fait des visites d’appartements ou de maisons sur Meximieux pour ne rien trouver. Cela t’angoissait, tu m’appelais le soir pour parler de tout ça. Tu avais même fait une neuvaine à St Joseph pour qu’il te trouve une maison…. Il t’a exaucé puisque le maire de St Vulbas, t’avait proposé de te louer la maison où tu as fini tes jours. Le décès de ta nièce Anne en 2016 et de ton frère Jean-Claude en 2018 t’ont beaucoup affecté. Depuis Noël 2018, tu n’as pu revenir célébrer des messes sur la paroisse de Meximieux. Tu avais pu prononcer l’homélie de ce soir de Noël, la dernière qui a pu être diffusée dans le réseau qui la recevait chaque semaine. 

Tu étais têtu, tu voulais toujours avoir raison, un foutu caractère bien trempé. Je me rappelle qu’il avait fallu batailler fort pour t’emmener aux urgences un vendredi soir avant Noël. Tu as effectué plusieurs séjours entre Edouard Herriot et Léon Bérard, cela t’énervait et surtout parce que « la bouffe était dégueulasse » ; car tu étais aussi un bon vivant, tu avais un bon coup de fourchette et tu appréciais le bon vin. Un repas avec toi se finissait toujours par une bonne Chartreuse. 

En janvier 2019, j’ai eu la grâce de vivre un beau moment, lorsque tu m’as demandé de te donner le sacrement des malades. Avec toi, on pouvait parler de tout, rien n’était tabou, tu étais un sacré bonhomme cultivé, rempli de sagesse et rempli de Dieu.

Depuis deux mois, ta santé déclinait, tu étais au bout du rouleau. Le décès de Louis Josserand t’as profondément marqué. Quand je t’ai annoncé au mois de septembre que Louis était sur sa fin, tu m’as répondu : le prochain, ça sera moi. Mardi matin à 7h30, j’ai appris ton hospitalisation, alors j’ai célébré la messe pour toi et au moment où je célébrais la sainte Eucharistie, tu as quitté cette terre pour le monde de Dieu. Le Bon Dieu t’as écouté, puisque tu ne voulais pas mettre les pieds à Seillon Repos, tu voulais rester dans ta maison à St Vulbas. Tu aurais tant voulu me donner des coups de main mais ta santé ne le permettait plus. Lors de ta dernière messe à Saint Léger, le 12 septembre 1999, tu avais prononcé cette parole : « Je continuerai d’annoncer la parole ailleurs. Dans cette cité d’Oyonnax, nous avons à planter ce qui est essentiel. »

Merci Michel de nous avoir annoncer, fait aimer et passer la Parole de Dieu, de nous l’avoir commenté, de nous avoir donné le goût de Dieu… Parfois de nous avoir réveillé par tes paroles vives.

Nous perdons un sacré personnage, un grand bonhomme, un prêtre, un ami, un grand frère.

Voici la conclusion de sa dernière homélie prononcée dans l’église de Villieu, le soir de Noël 2018, une sorte de message en guise d’adieu : « Essayons de revenir à la source et de retrouver ce qui nous rassemble aujourd’hui partout dans le monde, un jour, LE jour le plus extraordinaire de notre histoire humaine : Dieu se fait homme. Et dans la chair de l’homme réside la grandeur de Dieu. Et dans la sainteté de Dieu réside la chair de l’homme. C’est ça notre foi, ça vaut la peine d’y croire et ça vaut la peine d’essayer de le vivre. »

Merci à toi, Michel, de nous avoir montré le chemin vers l’essentiel, le chemin vers un si grand soleil, celui de Jésus-Christ Ressuscité.