Dimanche 28 mars 2022 — Diocèse de Belley-Ars

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Dimanche 28 mars 2022

Homélie du quatrième dimanche de carême année C  

 

Chers frères et sœurs nous voici réunis en ce quatrième dimanche de carême. Le thème de notre groupement est toujours la famille soutenu par l’exhortation Amoris Laetitia de notre pape François. L’homélie de ce jour est bâtie sur la même approche : quelle est la pédagogie de Dieu,  dans les textes du jour ? En bon père de famille, qu’est-ce que Dieu peut bien vouloir nous dire ?

Alors pour le coup le texte du jour est concrètement dans une famille ce grand laboratoire de vie et de construction. Nous avons un père et deux fils. Une famille de l’époque avec que des hommes, le Père chef de famille et les 2 garçons seuls héritiers. Les choses ont heureusement bien changées depuis. Mais restons dans cette famille comme jésus nous en parle.

La question du jour : le père tient-t-il une comptabilité précise des bonnes actions et des mauvaises actions de ses fils ? Le père bâti-t-il son amour sur une certaine méritocratie ?

Le premier personnage le plus jeune fils s’adresse à son père et lui demande les moyens de vivre son autonomie et d’exprimer sa liberté : donne-moi l’héritage qui me revient. Demander l’héritage alors que le père est encore vivant est un peu cocasse. Ensuite ce jeune fils part sans explication, sans perdre de temps, le texte nous dit qu’il une fois l’argent touché ne met que quelques jours à partir et il part très loin avec semble-t-il une rupture totale d’avec  les  valeurs et de la façon de vivre que son père lui a  enseigné. on va même jusqu’à préciser qu’ils dilapide sont bien (les enfants n’écoutez pas) avec des prostituées. Il plonge dans le néant et se retrouve dans la misère, dans un monde où personne ne lui donne rien. il se sent totalement déconsidéré moins qu’un cochon. Mais  Le fils est calculateur et pour sauver sa peau il décide de rentrer chez son père. Il a conscience que son attitude n’a pas été digne, qu’il a probablement fait souffrir ses proches et qu’il ne mérite pas grand-chose mais quand même il demande à être embauché comme ouvrier  (et non comme esclave) au sein de la ferme :  mon père ne pourrait me refuser ça, je suis son fils tout de même.

Le fils aîné fidèle respectueux obéissant est resté à la ferme pour faire fructifier l’exploitation de son père. Il n’a jamais rien demandé bien qu’il aurait facilement fait une petite fête avec ses copains autour d’un bon méchoui. Il estime  être très méritant et pense devoir recevoir un salut maximal de la part de son père. Il est quelque part un peu calculateur car il donne l’impression d’agir uniquement pour avoir plus de reconnaissance au niveau de son père et ne demande jamais rien, et le manque de reconnaissance reçue est perçu comme une blessure. Il calcule pour obtenir mais se semble rien recevoir se met en colère et fait un caprice.

Le père a une attitude  un peu particulière que nous ne retrouvons probablement pas souvent dans nos familles, dans la vie de tous les jours. Tout d’abord le père accepte sans négociation, sans explication de donner la part d’héritage à son fils et accepte le risque de la liberté de son fils. Entre parenthèse, j’aurai aimé connaitre la réaction de la (maman juive de l’époque). Quand un enfant quitte le nid familial même dans des conditions plus apaisées, même sans partir dans un pays lointain, nous parents ressentons une certaine crainte une certaine peine : notre fils va-t-il être capable ? Va-t-il s’en sortir ? Lui avons-nous donné suffisamment d’armes pour vivre et s’épanouir dans ce monde ? Le départ d’un enfant ça fout un peu la trouille et pourtant ce père accepte presque sans état d’âme : il fait confiance à son fils.

 Deuxième attitude du père pour le moins surprenante lors du retour de ce fils. Nous aurions bien sûr accepté le retour de notre fils qui était perdu et qui vient demander de l’aide à sa famille mais honnêtement entre nous nous aurions pris le temps d’échanger avec lui sur le mal qu’il nous a fait, avec un espoir de le voir partir sur un chemin de repentir, que diable, on n’en a passé des nuits blanches à se faire du souci ! Et là pas du tout le père dès qu’il aperçoit son fils qui revient  il court se jette à son cou l’embrasse et c’est par une grande fête que ce fils est accueilli. Ce père est capable d’offrir à son fils ce qu’il ne mérite pas, un accueil et un amour inconditionnel. . Par ses gestes le père justifie cette vie sans beauté et sans gloire au milieu des cochons, en la rendant complètement aimable et en ouvrant une porte vers la réconciliation du fils cadet réconciliation du fils avec son père et réconciliation du fils avec lui-même et avec Dieu. C’est dans les yeux de ceux qui nous aiment que nous pouvons trouver l’espoir pour revisiter nos entraves, nos idoles, nos limites, nos contradictions et pour y puiser de nouvelles forces.

Alors dans nos familles il y a peut-être quelques messages pédagogiques à recevoir de cet Évangile. Apprendre à faire confiance à nos enfants et les accompagner dans leur prise d’autonomie, expression de leur liberté. En cas de rupture quel que soit les souffrances c’est le retour qui est important. Dans nos vies de parents nous sommes amenés à traiter différemment nos enfants, en regardant chacun d’une manière unique avec pour tous le même regard d’amour. Dans nos couples, et plus particulièrement pour les futurs mariés présents ce jour, dans certaines situations un peu critiques la miséricorde peut dépasser la justice ou le mérite. Cet excès d’amour qui se vit, qui se donne sans jugement et avec espoir.  Un autre point   important c’est qu’en famille il faut savoir faire la fête .il faut savoir fêter les événements importants comme le fait ce père avec les sandales les vêtements la bague aux doigts, le veau gras. Dans nos familles nous devons cultiver l’art de la fête et l’expression de la joie partagée. La famille Grand laboratoire de la joie.

Et puis maintenant quelle est la pédagogie de Dieu dans la grande famille de l’humanité ?  et moi le fils, la fille comment me situer par rapport à Dieu le père ?

Nous avons tous un peu du fils aîné et du fils cadet. Depuis Adam et Eve, nous avons tous quitté la ferme de Dieu, le jardin d’Eden. Nous l’avons chanté dans le Kyrié pardonne-moi seigneur j’ai renié ton nom, pardonne-moi seigneur j’ai quitté ta maison. Certains d’entre nous ont juste traversé la cour de la ferme pour s’installer une villa dans le petit lopin de terre de l’autre côté de la route d’autres sont partis dans une plus grande ville et d’autres sont partis dans les pays très lointains où ils ont perdu le sens de Dieu. Et peut-être que certains d’entre nous pensent qu’il ne mérite pas ou plus d’être appelé fils de Dieu, qu’ils ne sont plus dignes de l’amour de Dieu. Mais ils ne sont probablement pas dans cette église mais de l’autre côté de la porte Et pour nos frères et sœurs réunies nous somment déjà en train de revenir à Dieu Mais n’avons-nous pas un peu dilapidé l’héritage que Dieu nous a donné ? Ne gaspillons nous pas les opportunités que Dieu nous offre chaque jour pour revenir à lui ? ce temps de carême est vraiment un temps où Dieu nous tend les bras Dieu nous invite à revenir encore plus près de lui, le retrouver pour faire la fête. Le retrouver dans la prière, le retrouver en écoutant la parole, le retrouver par le sacrement de l’eucharistie et pourquoi pas le retrouver dans le sacrement de la réconciliation, ce cœur à cœur ou Dieu nous prends personnellement dans ses bras? Nul n’est trop loin pour Dieu.

Nous tenons aussi du fils aîné car nous avons tous un grand besoin de reconnaissance. Comme cela était bien partagé dans notre réunion sur la synodalité nous avons tous et en particulier vous mes sœurs un besoin de reconnaissance dans notre église. Les chemins de cette reconnaissance sont peut-être divers et ils doivent être parcourus car mérités. Il est Vrai que dans notre relation à Dieu l’amour du Seigneur doit largement dépasser la reconnaissance de nos frères et sœurs du monde terrestre. Rappelons-nous dans Saint-Paul deuxième corinthien chapitre 12 » va ma grâce te suffit ». Oui mais des fois Seigneur nous somment qu’en chemin vers la sainteté et nous ne percevons peut-être pas la force de ta grâce, la force de ton amour pour que cela nous suffise. Alors exprimons plus souvent  notre reconnaissance les uns vers les autres car c’est aussi dans les yeux des autres, frères et sœurs, en paroisse, que nous verrons s’exprimer l’amour du Père et resplendir sa face.

Dieu ne fait pas le compte de nos manques d’amour, nos erreurs et de nos péchés. Si cette attitude peut transparaître dans l’Ancien Testament c’est surtout parce que les hommes avaient très envie de décrire Dieu comme il l’imaginait. un Dieu un peu à leur image d’homme alors que la pédagogie de Dieu dans l’ancienne et la nouvelle alliance c’est de se faire connaître tel qu’il est. N’inversons pas les rôles Dieu n’est pas créé à l’image de l’homme avec cette tendance au calcul et à la méritocratie mais c’est bien l’homme qui est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu avec cette difficulté pour l’homme d’assumer cette ressemblance. Et Dieu accepte le risque de notre liberté. Pour Dieu le plus important ce n’est pas la rupture, nos reniements, pour Dieu le plus important c’est quand nous revenons vers lui pour qu’il se jette à notre cou pour nous embrasser.

Comme nous le demande St Paul : soyons des ambassadeurs du Christ et des témoins de la miséricorde du Père.

Père : Père donne-moi mon héritage, donne-moi ta présence. Père donne-moi ta miséricorde Père donne-moi ta joie afin que je rayonne de ton amour. Accueille-moi quand je viens vers toi quel que soit le chemin sur lequel je progresse.

La miséricorde du seigneur a jamais je la chanterai !

Amen

Loic Biot diacre