Dimanche 26 juin 2022 — Diocèse de Belley-Ars

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Navigation

Par téléphone : 04 74 32 86 32

Actes de catholicité (mariage, baptême, etc.) : 04 74 32 86 53

Dons, offrande de Messe, reçu fiscal : 04 74 32 86 33

Horaire de Messe : 04 74 32 86 56

Contacter votre paroisse

Autre demande : 04 74 32 86 40

Par mail : Formulaire de contact

Dimanche 26 juin 2022

Homélie du 13e dimanche du temps ordinaire année C.

Chers frères et sœurs nous voici de retour dans le temps dit ordinaire. Après avoir reçu l’esprit saint à la Pentecôte, fêtée la sainte Trinité il y a 15 jours, honoré le Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ la semaine dernière, nous sommes gonflés à bloc pour  reprendre la couleur verte du temps ordinaire. Il y a des jours où les textes proposés sont difficiles, en effet comme vous l’avez entendu aujourd’hui quand Jésus nous parle ce n’est pas cui cui les petits oiseaux ou paix amour et bon appétit aujourd’hui Jésus nous secoue. Alors qu’elle peut être la pédagogie de Dieu, dans cette approche un peu radicale dans la vie de foi ? Vers quelle radicalisation Jésus nous appelle et pour en faire quoi ?

Ce texte d’Évangile Saint Luc chapitre neuf est un moment important où Jésus prend la route de Jérusalem, il nous est dit avec courage ou avec détermination, car il sait ce qui l’attend. Une traduction plus littérale explique, il durcit sa face en rappel avec le chant du serviteur d’Isaïe « je ne me suis pas dérobé j’ai rendu mon visage dur comme de la pierre « en effet Jésus durcit sa face car il va au casse-pipe, il va être massacré et mourir sur la croix. Dans ce chapitre neuf avant le passage du jour les paroles de Jésus sont déjà assez radicales je cite au verset 23 « celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Et au verset 41 toujours ce même chapitre « génération in croyante et dévoyée combien de temps vais-je rester près de vous et vous supporter ? » Vient ensuite le texte de l’Évangile du jour pour introduire au chapitre 10  « après cela il les envoya en mission « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups» «la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux ». Dans ce chapitre neuf Jésus secoue un peu ses apôtres, les galvanise, les interpelle les motive car ensuite il les envoie en mission.

Dans ce passage, première rencontre avec un homme qui annonce qu’il suivra Jésus partout,  la réponse peut surprendre « mais le fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Pour Jésus, Dieu fait homme c’est sa partie humaine qui prend un peu le dessus à ce moment-là. Jésus il est dans le dur comme dirait un commentateur sportif. En effet pour accomplir sa mission et donner sa vie pour nous,  il a laissé le confort de sa maison de Nazareth avec Joseph et Marie, il a abandonné son métier de charpentier, il ne possède aucun bien matériel et il devient un sans-domicile-fixe. Son humanité parle,  nous parle avec une certaine solitude qui s’exprime,  «le fils de l’homme n’a pas d’endroit pour reposer sa tête ». Lors de sa deuxième rencontre là aussi il interpelle un frère en disant « suis-moi » et bien naturellement le frère accepte mais avec des conditions et Jésus a ses paroles assez dures « laisse les morts enterrer leurs morts » mais cette phrase n’est pas isolée « toi personnellement toi part et annonce le règne de Dieu ». Pour toi annoncer le règne de Dieu est la priorité des priorités c’est ta mission. D’autres enterreront les morts. Et le ton se durcit un peu dans la troisième rencontre ou à nouveau un frère veut bien suivre Jésus sous condition Jésus répond « quiconque met la main à la charrue puis regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ». On sent que Jésus est un peu dans le dur et il le fait partager et nous demande de regarder devant. Ceci nous rappelle le dans l’Ancien Testament la fuite de Loth qui fuit Sodome et Gomorrhe, Loth a été prévenu par le seigneur de la destruction par les feux du ciel de Sodome et il fuit avec comme consigne de ne pas se retourner sur ce qu’il laisse, sur son passé et la femme de Loth se retourne une dernière fois pour voir ce qu’elle perd, ce qu’elle laisse et elle est transformée en statue de sel figée sur son passé.

 Alors l’attitude de Jésus n’est-elle pas un peu radicale dans notre monde actuel ?

 Se radicaliser c’est rendre plus extrême sa position, sa pensée, se durcir, se rigidifier. C’est aller jusqu’au bout de ce que l’on croit et d’en assumer les conséquences pour soi et pour les autres. C’est un appel à sortir parfois un peu de nôtre médiocrité douillette, de ne pas se contenter du  message parfois un peu édulcoré de l’Évangile et aller de l’avant. La radicalisation fait bien sûre peur car elle est synonyme d’exclusion d’extrémisme, de légitimation  de la violence et favorise le repli identitaire. La grande différence avec d’autres demandes de radicalisation qu’elle soit dans le domaine religieux ou politique c’est que Jésus propose la radicalisation comme un outil  et non pas comme une fin en soi. Jésus nous invite à une radicalisation inoffensive pour les autres, une radicalisation par l’amour du seigneur pour l’amour du seigneur. Le premier pilier de cet appel radical est la liberté comme Saint-Paul nous le répète dans la lettre aux galates aujourd’hui « frère c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libéré alors tenez bon vous avez été appelés à la liberté ». Le Christ nous invite à une certaine radicalité dans nos choix de vie comme des actes volontaires et non imposés par une foi proclamée ou légalisée : « si vous vous laissez conduire par l’esprit vous n’êtes pas soumis à la loi » « Montre-moi ta foi qui n’agit pas et c’est par mes actes que je te montrerai ma foi » nous dit St Jacques,  Jésus nous appelle à être radical dans l’amour et surtout dans son expression concrète avec nos frères et sœurs, tous les jours de nos vies.

Le deuxième aspect de cet appel radical c’est qu’il n’est pas fermé et définitif. Dans la première lecture Elie jette son manteau sur Elisée pour le désigner comme son successeur Élisée tergiverse un peu, pour mettre en ordre ses affaires personnelles et familiales. Elie lui met une petite chiquenaude en lui disant « va-t’en retourne là-bas je n’ai rien fait  mais ne lui reprends pas le manteau» et Elisée garde le manteau et après avoir en toute liberté fait ce qu’il devait faire réalise sa mission et devient le prophète successeur d’Élisée.

Cet appel à la radicalité est aussi lié à la mission à venir, pour se préparer et démarrer là, tracer le sillon.

Alors frères et sœurs sommes-nous prêts à entendre ce message radical sommes-nous prêts à partir en mission comme le Christ nous le  propose sans trop regarder en arrière ? Est-ce que nous le voulons ? Est-ce que nous le pouvons ?

La canonisation de Charles Foucault, frère Marie Albéric, surnommé le frère universel est une belle illustration d’une évolution radicale après une rencontre avec Jésus. Charles de Foucault hussard avec une carrière militaire assez désastreuse qui avait totalement perdu la foi. Il  s’abrutissait dans une vie de fête et de plaisir libertin. Lors d’une confession inattendue il revient vers Jésus avec une quête radicale de sacré et d’absolu. Après un chemin plus ou moins tortueux il comprend que le sacré, la transcendance c’est l’autre il comprend qu’être disciple radical de Jésus c’est semer la bonté, l’amitié la fraternité dans le monde. Point de gloire, point de réussite, zéro conversion pas même un petit baptême chez les Touaregs qu’il rencontre là-bas tout au sud sur le plateau de l’Assekrem. Et c’est finalement en martyr qu’il meurt, assassiner par un frère musulman radical  et extrémiste qui ne supporte pas qu’un hérétique puisse se comporter comme « dieu au milieu de ses frères ». Et pourtant quel rayonnement pour ce frère universel qui nous dit » c’est en aimant les hommes que l’on apprend à aimer Dieu »..

Et autour de nous plus concrètement quel signe, quel exemple de chemin radical pouvons-nous trouver ou rencontrer dans nos vies ? Parfois je pense au père Donatien qui pour devenir prête à dû abandonner les projets de fonder famille,  des projets de possession matérielle  (on dit d’un prêtre que ses biens tiennent dans une Twingo quand il déménage de la paroisse) et dans cette démarche fidei donum donner dans la foi : quitter son diocèse de Kisanthu en Afrique, quitter ses proches et ses repères de vie, pour une mission de maintien de la foi ou d’évangélisation dans le Revermont. Avec cette question qui peut raisonner dans cette vie donnée de façon radicale : le fils de l’homme a-t-il un endroit pour reposer sa tête ?

Et dans chacune de nos vies comment voyons-nous les choses ? Sommes-nous capables d’entendre un appel radical pour rencontrer Jésus ? En effet Seigneur la rencontre avec toi rend nos vies magnifiques, nous permet une vie en plénitude, de vivre de ta vie. Le seul effort que tu me demandes, ce n’est pas de faire mais c’est de laisser faire, de te  recevoir, d’accueillir ton amour. Pour cela il nous faut bien sûr regarder de l’avant. Se poser des questions sur les commodités de nos vies, de nos vies parfois insatisfaites. Doit ont préféré rester dans une sorte de malheur confortable ou plutôt tenter de trouver un bonheur même inconfortable ? Voulons-nous laisser nos vies conduites par des préceptes chrétiens humanistes, comme témoignage de notre vie de foi ou voulons-nous par la rencontre avec Jésus suivre un chemin plus radical, en toute liberté pour  comme le dit Saint Paul « se mettre au service des uns des autres ? »

Alors oui seigneur les textes du jour m’interpellent, me secouent peut-être me mettent même mal à l’aise et je t’en remercie. Cette mission d’aller vers l’avant nécessite  de me désencombrer de me libérer de certaines commodités de ma vie, cette mission : est-ce que je la veux ? Si je la veux profondément avec ta grâce, avec ton amour, tout est possible. Alors en ce 13e dimanche pas si ordinaire que ça voilà Seigneur je te demande de venir durcir notre foi pour nous assouplir à l’accueil de notre monde. Je te demande d’augmenter à l’extrême notre capacité à aimer et être aimé pour que nous soyons des artisans de paix. Que cette quête d’absolue  à laquelle nous aspirons soit un absolu dans la charité, tous les jours. Et pour certains  la prière que nous a laissé Charles de  Foucault peut raisonner « mon père mon père  je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira » et pour d’autres parce que nous n’en sommes  pas encore là, Seigneur,  je te demande humblement «ne m’abandonne pas ». je n’ai pas encore mis les mains sur la poignée de la charrue pour tracer ton sillon que déjà je regarde 3 fois  en arrière, alors seigneur ne m’abandonne pas. Même si tu m’as revêtu  comme pour tout baptisé du vêtement blanc pour devenir prophète du Christ, j’ai déjà trouvé 1000 occasions de me dérober de ce vêtement blanc. Ne m’abandonne pas. Et seigneur si je n’avance pas beaucoup aujourd’hui reviens demain et encore  après demain  ne m’abandonne pas car Seigneur vers qui irions-nous ?

Amen Loic Biot diacre