Des bons pasteurs selon le cœur de Dieu ! — Diocèse de Belley-Ars

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Des bons pasteurs selon le cœur de Dieu !

Homélie pour les ordinations à la co-cathédrale de Bourg-en-Bresse, le dimanche 29 juin 2014, en la solennité des apôtres St Pierre et St Paul :
- Louis-Emmanuel MEYER (prêtre pour la SJMV),
- Martin SOBOUL (prêtre pour le diocèse de Belley-Ars)
- Baudouin d'ORLEANS (diacre pour le diocèse de Belley-Ars)

La première chose qui saisit, à l'audition des lectures de cette fête des saints Pierre et Paul, c'est de réaliser combien les ministres du Seigneur sont des hommes exposés. Etre apôtre du Christ n'est certes pas une situation confortable ! Dans la 1° lecture, on nous annonce en effet d'abord que Jacques, frère de Jean, a été décapité sur ordre du roi Hérode Agrippa. Puis que Pierre est arrêté et emprisonné, en vue d'un sort semblable. Dans la 2° lecture, l'apôtre Paul fait allusion à une situation polémique, dans laquelle il est mis en difficulté et abandonné de tous : il n'y a personne pour prendre sa défense ! Et dans l'Evangile, Jésus induit que l'Eglise sera affrontée à un combat, lorsqu'il annonce que la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle.

D'ailleurs, dans le passage qui suit immédiatement celui qui vient d'être proclamé, nous entendons le Christ annoncer sa Passion et avertir ses disciples : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera » (Mt 16, 24-25). Autrement dit, la situation de ministre du Christ n'est pas de tout repos. C'est le moins qu'on puisse dire ! Déjà, dans l'Ancien Testament, Sirac le Sage avertissait : « Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l'épreuve ! » (Eccl. 2, 1).

 

En entendant cela, nous pourrions aisément imaginer qu'être disciple et apôtre du Christ ne serait pas une situation enviable ! Et nous pourrions être conduits à penser que dans de telles conditions il n'est pas facile d'appeler ni d'encourager des jeunes à devenir prêtres ! C'est ici qu'il convient de relever un deuxième trait saillant de la Parole de Dieu, comme un fil rouge qui traverse les lectures de ce jour, savoir, la fidélité du Seigneur à soutenir ses serviteurs et à les sauver. Dans la 1° lecture, en effet, vous avez entendu comment le Seigneur envoyait son Ange à Pierre pour l'arracher aux mains d'Hérode et le faire échapper à la jalousie meurtrière d'un certain nombre de responsables du peuple juif. Dans la 2° lecture, l'apôtre Paul, quant à lui, témoigne que le Seigneur l'a assisté et rempli de sa force, pour qu'il puisse annoncer l'Evangile jusqu'au bout, et cela, en dépit des obstacles rencontrés sur son chemin. Nous voyons donc Paul, comme il l'écrit lui-même, « échapper à la gueule du lion », échapper à tout ce que l'on fait pour lui nuire. Et avec le psaume 33 nous avons chanté la confiance dans le Seigneur qui prend soin de ceux qui se tournent vers lui. L'évangile selon saint Matthieu, enfin, annonce clairement que la puissance de la mort ne l'emportera pas sur l'Eglise du Christ : ce dont nous sommes effectivement témoins à travers 2000 ans d'histoire !

Louis-Emmanuel et Martin, au moment où vous allez être ordonnés prêtres ; Baudouin, au moment où vous allez être ordonné diacre ; tous trois au service du Christ et de vos frères, il convient donc que vous soyez clairement informés de ces deux réalités : d'une part, apprêtez-vous à connaître des situations éprouvantes ; d'autre part, surtout ne craignez pas, mais souvenez-vous à chaque instant que le Seigneur est avec vous et que la puissance de la mort ne l'emportera pas. Ayez conscience en acceptant la mission à laquelle Dieu vous consacre, que c'est d'abord le Seigneur lui-même qui s'engage, c'est le Seigneur lui-même qui s'engage auprès de vous et auprès de son Eglise. C'est lui qui vous soutiendra jour après jour, c'est lui qui vous rendra forts. Lorsque vous prendrez le temps de relire votre ministère, vous pourrez certainement reprendre à votre propre compte ce que l'apôtre Paul atteste auprès des chrétiens de Corinthe et ce dont pourraient témoigner les prêtres qui vous entourent aujourd'hui : « A tout moment, nous subissons l'épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés ; nous sommes désorientés, mais non pas désemparés ; nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours - ajoute-t-il ? nous subissons dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps » (II Co 4, 8 -10).

 

Louis-Emmanuel, Martin et Baudouin, vous aussi, à la suite des apôtres Pierre et Paul, vous serez très concrètement associés au mystère pascal du Christ, vous serez amenés à vivre dans votre chair le mystère de la mort et de la résurrection. Mais ce que vous aurez à vivre, vous l'offrirez au bénéfice des vos frères : ainsi vous serez témoins, auprès d'eux, du Christ Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Comme l'apôtre Paul, vous pourrez dire : « Nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle. Ainsi la mort fait son oeuvre en nous et la vie en vous.» (II Co 4, 11-12)

Louis-Emmanuel, Martin, et Baudouin, c'est pourquoi le Seigneur Jésus vous interpelle aujourd'hui, comme il interpelle tous ceux qui prétendent le suivre : « Pour vous, qui suis-je ? » Non pas que le Seigneur sollicite votre avis, à la manière d'un sondage d'opinion. Mais il vous demande de rendre compte, et cela d'abord pour vous-mêmes, de votre relation personnelle avec le Christ. Quelle est votre relation avec Jésus ? Que représente-t-il dans votre vie ? Qu'est-ce que cela change à votre existence, de le connaître et le fréquenter ?

 

Certes, comme Simon-Pierre, vous pouvez formuler une réponse parfaitement orthodoxe en disant : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Vous pouvez énoncer les formules justes du catéchisme, en vous contentant de répéter ce qui vous a été enseigné. Mais n'oubliez pas, d'abord, comme vous le rappelle Jésus, que « Ce n'est pas la chair et le sang qui (vous) ont révélé cela, mais (le) Père qui est aux cieux ». En effet, ne perdez jamais de vue, que c'est l'Esprit Saint, reçu dans les sacrements du baptême, de la confirmation, et maintenant de l'ordination, qui parlera en vous et qui vous permettra de confesser « Jésus est Seigneur » (I Co. 12, 4).

Soyez humbles et n'oubliez pas, non plus, qu'à la manière des apôtres, même si vous avez derrière vous plusieurs années de formation théologique, il vous faudra encore bien du temps pour comprendre en profondeur, pour assimiler, pour intégrer personnellement ce que vous confessez, lorsque vous proclamez que Jésus est « le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Souvenez-vous qu'immédiatement après la belle profession de foi de Pierre, Jésus annonce le mystère pascal et que, de manière étonnante, « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : ?Dieu t'en garde, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas' ». Pierre se fait alors vivement rabrouer par Jésus : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mt 16, 22-23). N'oubliez pas non plus que Pierre, enthousiaste et sûr de lui, s'était mis à part dans une assurance prétentieuse, en osant affirmer à Jésus : « Même si tous viennent à tomber, moi je ne tomberai pas » (Marc 14, 29) ; Cela ne l'empêche pas de s'endormir pendant l'agonie de son maître et on le voit renier Jésus par trois fois au moment de la Passion !

 

Vous aussi, vous serez tentés de refuser la croix, lorsque celle-ci se présentera, d'une manière ou d'une autre, sur votre chemin. Aussi je vous invite à relire et méditer ce que dit le pape François sur les tentations des agents pastoraux et le risque de l'acédie pastorale, dans sa belle exhortation apostolique Evangelii Gaudium (n° 76 à 109). Ne soyez pas impatients de parvenir à des résultats pastoraux immédiats ! Acceptez de rencontrer contradictions, échecs apparents et critiques ! Ne vous préoccupez pas avec obsession de votre temps et de vos espaces personnels d'autonomie et de détente dans une organisation qui vous conduirait à vivre vos tâches pastorales comme un simple appendice de votre vie (Evangelii Gaudium, n° 78).

Ne faites pas cavalier seul et ne méprisez pas vos confrères prêtres, puisque, comme l'écrivait le pape Jean-Paul II dans « Pastores dabo vobis » : « Le ministère ordonné est radicalement de nature communautaire et ne peut être rempli que comme oeuvre collective » (Jean-Paul II, PDV n° 17). N'entretenez pas non plus de rivalité avec les fidèles laïcs ! Veillez à ne pas identifier la puissance sacramentelle avec le pouvoir ! Travaillez en bonne intelligence avec eux, dans le respect des responsabilités spécifiques de chacun. Bref, ne faites pas le jeu du Diviseur ! Mais donnez un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux, puisque, comme dit le pape François : «nous sommes sur la même barque et nous allons vers le même port » (Evangelii Gaudium, n° 99).

Gardez-vous bien de ressembler aux Docteurs de la Loi qui prétendent tout savoir et écrasent les hommes de leur superbe. Mais laissez-vous humblement instruire de l'intérieur par l'Esprit-Saint. Et appliquez-vous à donner l'exemple par votre comportement de chaque jour : « La vie s'obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres. C'est cela finalement la mission » écrit encore le pape (Evangelii Gaudium, n° 10).

Commencez par recevoir dans la méditation de l'Ecriture et dans la prière personnelle ce que le Père du ciel vous dit en son Fils Jésus Christ. Dans le silence de la prière, repartez constamment du Christ. Et puis, entendez d'abord pour vous-mêmes, l'appel du pape François à « sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l'Evangile » (Evangelii Gaudium, n° 20). Alors vous serez des bons pasteurs selon le coeur de Dieu !

+ Pascal ROLAND