"La diversité constitue une indéniable richesse" — Diocèse de Belley-Ars

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"La diversité constitue une indéniable richesse"

Ordination diaconale de Christophe BRUNET, Luciano COTO FERREIRA LEITE, Thibaut GIRARD, Jean-Claude KOFFI, Hervé LOUA et Pascal SULLIVAN à l’abbaye ND des Dombes, le vendredi 12 septembre 2014 (lectures du vendredi de la 23° semaine du temps ordinaire : 1 Co 9, 16-19.22-27 ; Ps 83, Luc 6, 39-42)

Il est heureux que nous ayons aujourd’hui six ordinands à la fois. Non pas seulement pour le nombre en soi, qui nous réjouit infiniment. Mais le nombre et la diversité des ordinands ont une haute portée symbolique. Ils nous signifient à tous, et en tout premier lieu aux ordinands eux-mêmes, que l’on ne doit toujours parler des ministres ordonnés qu’au pluriel ; et que l’on doit se réjouir de la variété des hommes que Dieu choisit pour l’exercice d’un ministère.

Il est aisé de constater que nos six amis sont fort différents. Nous avons pu nous en rendre compte dans leur présentation faite par le P. Laurent Fabre. Pour commencer, ils sont originaires de continents et de pays différents : Ile Maurice, Brésil, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, France (sans parler de la Bretagne !). Agés de 31 à 41 ans, tous les six sont des hommes mûrs. Ce sont des hommes d’expérience, avec des cheminements personnels originaux, plus ou moins longs, plus ou moins compliqués.

Mais ils ont en commun, d’avoir fait, un jour, une rencontre décisive : ils ont rencontré le Christ. La découverte de l’amour gratuit et infini de Dieu a suscité en eux le désir de se donner en retour totalement. Cette rencontre les a conduits à opérer une rupture radicale. Ils ont tout quitté pour répondre à l’appel du Christ et se rendre totalement disponibles au service de l’Evangile. Les uns et les autres avaient de multiples possibilités qui s’ouvraient à eux. Certains ont même renoncé à une belle carrière professionnelle.

 

Comme l’apôtre Paul vient de nous le signifier on ne peut plus clairement, l’annonce de l’Evangile est une nécessité qui s’impose à vous : vous ne pouvez pas ne pas partager ce que vous avez reçu gratuitement. Vous n’aurez pas à vous enorgueillir du service que vous remplirez, puisque vous ne ferez que vous acquitter d’une charge que Dieu vous confie. Vous n’aurez aucun droit à faire valoir, aucun mérite à revendiquer, aucune récompense à réclamer, aucune reconnaissance à solliciter, puisque, d’une part, vous avez reçu gratuitement et que, d’autre part, vous ne faites que répondre à un appel qui vous précède pour une mission de salut au service de vos frères. Puissiez-vous toujours partager le zèle de l’apôtre Paul, et, comme lui, vous faire tout à tous, pour que le salut du Christ atteigne tout homme !

Tout au long de votre vie et de votre ministère, vous aurez à vous souvenir que vous avez été ordonnés ensemble, dans la richesse de vos diversités d’histoire, de culture, de tempérament, et avec une ouverture internationale qui vous signifie la catholicité de l’Eglise ! Dans notre monde fortement marqué par l’individualisme, que le souvenir entretenu de votre ordination commune vous aide à intégrer que nul n’est serviteur du Seigneur tout seul et que personne n’exerce un ministère à son compte personnel !

 

Par l’ordination d’aujourd’hui vous entrez dans l’ordre des diacres. Dans quelques mois, en principe, par l’ordination presbytérale, vous entrerez dans l’ordre des prêtres. N’oubliez jamais, comme l’écrivait le pape Jean-Paul II dans Pastores dabo vobis (n° 17) que Le ministère ordonné est radicalement de nature communautaire et ne peut être rempli que comme œuvre collective.

Parfois vous connaîtrez la tentation d’œuvrer isolément, sans trop tenir compte, ni des confrères, ni de l’ensemble des baptisés. Parfois, il y aura la tentation orgueilleuse de penser que vous sauriez mieux faire que les autres et que vous pourriez vous passer d’eux. Il est certain que vous aurez tôt fait de repérer les limites, les faiblesses, les fragilités et les péchés des autres. Ce que Jésus nommait à l’instant la paille dans l’œil du frère. Que cela ne vous aveugle pas sur vous-mêmes et vous renvoie d’abord à considérer humblement vos propres pauvretés : Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? 

Sachez toujours vous étonner d’avoir été appelés par Dieu et remémorez-vous que ce n’est pas vous qui avez choisi le Seigneur, mais que c’est lui, le premier, qui vous a choisis, établis et envoyés pour que vous portiez du fruit (Jean 15, 16). Ne perdez jamais de vue que le Seigneur nous appelle toujours avec d'autres. Ainsi il n'appelle pas Simon-Pierre sans André ; comme il n'appelle pas Jacques sans Jean (voir Matthieu 4, 18-22). On le voit aussi envoyer des disciples en mission deux par deux (voir Luc 10, 1).

Et dans les Actes des Apôtres on constate que les apôtres procèdent de la même manière que Jésus.  Pour citer quelques exemples, une fois ce sont Pierre et Jean qui sont envoyés ensemble aux samaritains (voir Actes 8, 14-17). Une autre fois, ce sont Paul et Barnabé qui se trouvent détachés ensemble par l’Eglise d’Antioche pour une mission (Actes 13, 1-3). Puis ce sont Jude et Silas qui sont envoyés comme messagers à Antioche (voir Actes 15, 22-34).

L’appel de Dieu est donc toujours un appel personnel, mais un appel pluriel. Comme la mission est personnelle, mais toujours avec d’autres. Ainsi nous est concrètement signifié que, créés à l'image et à la ressemblance du Dieu-Trinité, nous sommes faits, comme les trois personnes divines, pour vivre dans la relation et la communion.

Souvenez-vous qu’au moment d'entrer dans le troisième millénaire, le Pape Jean-Paul II avait pointé un défi majeur pour notre temps, celui de la communion fraternelle. Dans sa très belle lettre apostolique Novo millennio ineunte, destinée à donner les orientations pour le nouveau millénaire, il écrivait : Faire de l'Eglise la maison et l'école de la communion : tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde (n° 43).

Dans ce monde en souffrance et en danger d’atomisation sociale, l'Eglise a pour vocation d'être la maison et l'école de la communion. C’est l’écho de ce qu’écrivaient les pères conciliaires, déclarant au début de la constitution dogmatique sur l'Eglise que le rôle de l'Eglise est d'être à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain. Ce concile de Vatican II lui-même ne faisait que donner à entendre le commandement de Jésus : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jean 13, 34-35).

Dans toute communauté chrétienne, comme vous en faites l’expérience dans chacune de vos communautés de l’institut du Chemin Neuf, la diversité constitue une indéniable richesse. Les membres ne se cooptent pas. Ils se reçoivent les uns les autres. Car c'est Dieu lui-même qui les appelle et les rassemble. A vues humaines, nous n'aurions souvent aucune raison de nous rencontrer, ni de nous réunir, ni de coopérer, tant les différences nous éloignent a priori les uns des autres.

C’est en cela précisément qu’une communauté chrétienne tranche sur les comportements sociaux habituels et exerce une mission prophétique. En Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu, par la foi. En effet, vous tous, que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. Il ni a plus ni juif ni païen ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ;  il n'y a plus l’homme et la femme : car tous vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus (Galates 3, 27-28).

 

+ Pascal ROLAND

Evêque de Belley-Ars