Messe de réparation à Saint-Jean-de-Niost : "Convertissez-vous !" : — Diocèse de Belley-Ars

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Messe de réparation à Saint-Jean-de-Niost : "Convertissez-vous !" :

Homélie pour la supplication publique après la profanation de l’église St Jean-Baptiste de Saint Jean de Niost, Lundi 20 octobre 2014 (Joël 2, 12-18 ; Psaume 50 ; Marc 1, 1-8, 14-15)

Comme vous le savez, des actes contraires à la sainteté de ce lieu se sont déroulés dans cette église. On a en effet porté atteinte à notre foi en fracassant la porte du tabernacle et en dérobant les saintes espèces, dans lesquelles nous reconnaissons la présence sacramentelle du Christ Sauveur. Face à un tel événement, qui porte une injure grave au mystère de la foi, les fidèles chrétiens de cette paroisse et de tout le diocèse ont été scandalisés. Ils ont légitiment éprouvé des sentiments d’indignation et de tristesse, voire de colère.

En de telles circonstances, l’Eglise nous demande de suspendre toute célébration, tant qu’il n’y a pas eu un rite pénitentiel pour réparer le scandale et redonner à l’édifice religieux sa dignité. De même qu’une nouvelle église est dédiée avant tout par la célébration solennelle de l’Eucharistie, de même, une église profanée retrouve sa dignité et est remise en service par une célébration solennelle de l’Eucharistie, c’est-à-dire le mystère du Christ qui livre sa vie pour le pardon des péchés.

 

 

"Demander le pardon des péchés"

On ne s’étonne pas qu’en une telle occasion, le rituel nous invite à prier en demandant le pardon des péchés. Spontanément, on pense d’abord au péché des autres, et au besoin de pardon pour ceux qui ont commis le mal et blessé la communauté chrétienne. Mais on peut trouver étonnant que l’Eglise n’insiste pas tant sur la conversion des autres, que sur la demande de nous réformer intérieurement et attire notre attention sur l’accroissement souhaitable de sainteté de la communauté chrétienne locale.

Dans la 1° lecture, par la bouche du prophète Joël, voici en effet que le Seigneur nous appelle avec insistance à revenir à lui, dans le jeûne, les larmes et le deuil. Il nous demande de nous rassembler tous : anciens, petits enfants et nourrissons, jeunes époux et ministres du Seigneur.

Il s’agit de se mobiliser, toutes affaires cessantes, pour entrer dans une démarche pénitentielle et changer nos cœurs. Avec cette assurance que le Seigneur notre Dieu est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment (C’est ainsi, en effet, qu’il s’est révélé à Moïse, voir Exode 34, 6).

Et le contenu de la prière formulée par les ministres sacrés est le suivant : Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : où donc est leur Dieu ? Faisant écho à cet appel solennel à la pénitence, nous avons prié le psaume 50, le Miserere, nous reconnaissant pécheurs et implorant le Seigneur.

Quant à l’Evangile, il nous place devant Jean-Baptiste, le patron de cette église. Celui-ci est présenté comme le messager du Seigneur, comme celui qui prépare la route au Sauveur. Son message est simple : Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! Il proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

Mais il ne vous aura pas échappé combien Jean-Baptiste est personnellement impliqué dans cette annonce : il ne vit pas dans un palace, mais dans le désert. Il est vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Autrement dit, il vit dans l’austérité, ce qui le rend crédible. Et puis l’évangile s’achève sur l’information de son arrestation. C’est l’annonce du témoignage qu’il va donner en livrant sa vie jusqu’au martyre.

 

 

"La conversion des autres passe par notre propre conversion"

Frères et sœurs, en réfléchissant à ce que nous demande la liturgie de ce jour, et à ce que nous enseigne la Parole de Dieu que nous venons d’entendre, permettez-moi un rapprochement avec la situation actuelle de l’Eglise Catholique dans notre société. Les événements douloureux que nous avons vécus dans cette église, comme dans celle de Sainte Julie, dans le groupement paroissial voisin, ces événements ne sont-ils pas emblématiques de la situation dans laquelle se trouvent les chrétiens dans le monde occidental ?

Si on considère la situation avec le regard du monde, que voit-on ? Beaucoup de nos contemporains semblent mépriser la foi chrétienne. Nombreux sont ceux qui tournent en dérision les choses de la foi. Des chrétiens sont objet de discriminations. Les lieux de culte se vident. Le nombre d’enfants catéchisés diminue. Les vocations se raréfient. Face à cette situation, on pourrait être tenté de diaboliser les autres, de les accuser d’abandonner la foi, de les mépriser, de leur en vouloir… ou, au mieux, de demander qu’ils se convertissent…

Or, que nous dit la liturgie de ce jour ?... Convertissez-vous ! Daigne nous délier de nos fautes et diriger toi-même nos cœurs incertains, demanderons- nous, humblement, dans la prière sur les offrandes. Et, après la communion, nous prierons ainsi : Que ta grâce nous aide à éviter désormais le péché et à te servir d’un cœur sans partage.

L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction, écrit le pape François, dans son exhortation apostolique sur la Joie de l’Evangile (n° 14). C’est dans la mesure où nous serons nous-même plus authentiquement chrétiens, que nous seront attrayants et que les autres se convertiront. La conversion des autres passe par notre propre conversion : il nous faut retrouver de la ferveur, du dynamisme. Il nous faut entendre l’appel urgent à sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile (n° 20).

Osons donc poser cette question impertinente et passablement dérangeante : si des personnes commettent des actes sacrilèges, n’est-ce pas d’abord de notre responsabilité ? N’est-ce pas parce que nous n’avons pas su leur donner la lumière du Christ ? N’est-ce pas parce que nous sommes comme le sel dénaturé, qui n’est plus bon à rien, qu’on jette dehors et que les gens piétinent (Mt 5, 13) ?

 

 

+ Pascal ROLAND