Dimanche 8 janvier 2023

Homélie du dimanche de l’épiphanie année A 8 janvier 2023.

Chers frères et sœurs dimanche derniers nous étions déjà devant la crèche devant Marie, Joseph et Jésus nouveau-né. Ensemble et à travers  eux nous  étions appelés à nous reconnaître fils et filles de Dieu et frère ou sœur  de Jésus-Christ le sauveur. Ce dimanche nous somme à nouveau et probablement pour la dernière fois de l’année devant la crèche et nous avons des invités. Les mages venus de l’Orient lointain arrivent à la crèche guidée par l’étoile. Ces païens qui ne connaissent rien de l’histoire du peuple juif . Ils sont, nous dits-on, des savants, des astrologues, scientifiques et à la fois mystique qui lisent dans le ciel les événements de la vie. Ils ont été appelés à suivre l’étoile pour venir adorer un roi. Alors accompagnons ses invités dans la crèche.
La première chose que font les mages en arrivant devant le nouveau-né c’est je cite : tombant à genoux ils se prosternèrent devant lui. Et quand on reprend les autres textes, Hérode lorsqu’ils conversent avec les mages leur demande de trouver nouveau-né je cite afin que j’aille me prosterner devant lui. Et dans le psaume nous entendons tous les rois se prosterneront devant lui.

Le verbe prosterner peut s’utiliser de façon nominale mais a globalement disparu de notre langage courant. Prosterner veut dire étendre à terre, courber, abattre. J’ai retrouvé grâce à Internet chez nos grands auteurs français quelques phrases.  chez Chateaubriand  "le vent océanique étête les arbres, les prosterne à l’instar des fougères,. on sent le mouvement de prosterner. Chez Balzac dans le livre Annette : "d’un coup terrible il lui prosterna la tête sur les pieds mêmes d’Annette". Prosterner à  quelque chose de  violent.
Nous connaissons mieux l’utilisation du verbe dans sa forme pronominale se prosterner. Ce prosterner est un acte volontaire. il s’agit de s’abaisser , d’incliner son corps en avant et très bas vers le sol ou  vers la terre. C’est une action que nous retrouvons en dehors des religions. Pour Confucius dans la  philosophie chinoise il s’agit d’un signe suprême pour exprimer le respect et la gratitude envers une personne. Dans les luttes de pouvoir, cette action peut avoir une symbolique beaucoup plus dégradante, de soumission, d’humiliation, presque la signification d’une mise en esclavage face à une personne. C’est pourquoi nous pouvons avoir du mal à nous prosterner comme les mages devant Jésus. La grosse différence c’est que la prosternation pour notre religion ne se fait pas devant un homme ou un pouvoir temporel mais devant Dieu avec un pouvoir intemporel. Le roi des rois, Jésus roi des juifs, n’a rien à voir avec les rois tels qu’ils sont à l’époque de Jésus et tel que nous les avons connus et les connaissons encore, point de pouvoir ou puissance temporel. C’est un roi dont le royaume n’a pas de limite géographique ce qui semble impossible dans le monde actuel et un royaume qui n’a pas non plus de limites temporelles. Jesus dira à Pilate 33 ans plus tard : : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
37 Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi.
 Le royaume de Dieu n’est pas un lieu de pouvoir et de soumission mais plutôt un royaume de l’amour et de la bienveillance.
Alors en cette église que penser de ce geste de la prosternation qui peut être une mise à genoux, parfois l’action de s’étendre à même le sol ? Que dire ou penser lorsque les servantes d’autel me demandent à s’agenouiller pendant la consécration ? Comment réagir quand dans une célébration où il y a deux diacres permanents l’un reste debout et l’autre s’agenouille ? Et comment réagir quant à l’ordination l’ordinand s’étend à plat ventre à même le sol devant Dieu ? Chacun ressentira les choses comme il le veut mais nous sommes appelés un regard bienveillant vis-à-vis de l’attitude de nos frères et sœurs, le même que nous portons sur les mages agenouillée dans  la crèche. Que certain reste debout, que certains s’agenouillent, que certains s’assoient, toutes ces attitudes sont justes quand la prosternation pour chacun d’entre nous se fait dans son cœur, prosternation pour montrer un grand respect, une grande gratitude, envers  Dieu.  Alors frères et sœurs je ne peux que vous invitez à vous prosterner devant le Seigneur, avec les attitudes corporelles qui vous semblent ajustées et une attitude de cœur qui permet un regard bienveillant et tolérant sur vos frères et sœurs.

En plus de ce prosterner les mages apportent des cadeaux et nous connaissons par cœur les trois cadeaux et leur signification car c’est les mêmes cadeaux chaque année.
Tout d’abord nous avons L’or qui est un symbole de royauté. les mages apportent de l’or. Quel paradoxe entre ce métal précieux apporté par les mages et ce nouveau-né dont la naissance s’est effectuée dans une grotte qui sert d’étable et qui est posé  dans une mangeoire en guise de berceau. Dans la première lecture les pèlerins qui viennent de Saba , bien connue pour sa reine, ses mines et son gâteau, amène aussi de l’or  pour montrer quelle valeur peut avoir le roi. Et là aussi nos ressentis et nos attitudes peuvent être fort différentes. l’or peut symboliser la richesse mais aussi le pouvoir mais L’or peut aussi symboliser la beauté et dans l’art sacré l’or a toute sa place que ce soit dans l’orfèvrerie  pour l’autel, dans l’art sacré, les icônes ou l’architecture.. Pour ma part je suis bien bien plus à l’aise pour prier Dieu rencontrer avec Jésus lorsque je suis à Notre-Dame de Conches qu’à Saint-Pierre de Rome sous les dorures du baldaquin du Bernin. Et de même à Lourdes c’est dans la grotte de Massabiel au contact  même du rocher et en écoutant la source qui glougloute que je me sens à ma place pendant que d’autres vont rencontrer Jésus en contemplant les mosaïques dorées de la basilique du rosaire. L’or des mages est donné pour faire du beau et glorifier le roi des rois. L’or peut être  utilisé pour créer de belles choses qui ont une valeur artistique et symbolique qui dépasse largement celle de ce métal précieux. Et là aussi les mages nous appellent à une attitude bienveillante et tolérante par rapport à ce que peuvent ressentir nos frères et sœurs.

Ensuite les mages apportent l’encens. L’encens est une plante dont on utilise la résine. Il symbolise le sacré dans de nombreuses religions voir même en dehors de la religion. Encenser c’est littéralement brûlé de l’encens pour honorer quelqu’un à travers la fumée qui s’élève, encenser c’est combler de louange une personne ou une chose.  Dans le psaume  140 David  nous dit Que ma prière soit devant ta face comme l'encens, et l'élévation de mes mains comme l'offrande du soir!  Et dans l’Apocalypse au chapitre huit nous pouvons entendre : et de la main de l’ange la fumée des parfums s’éleva devant Dieu avec les prières des saints. Récemment  nous avons chanté dans nos refrains de prière universelle : que nos prières s’élèvent comme un encens seigneur. Effet l’encens produit une fumée blanche et légère parfois aromatisée qui systématiquement monte le ciel attire notre regard vers le haut. Et pour certains cela sent bon ! Et là aussi nos ressentis et nos vécus sont parfois différents voire opposés certains vont avoir une certaine intolérance à l’utilisation de l’encens,  rappelant peut-être des situations jugées ancestrales comme dans la crèche et pour d’autres l’encens fait partie de ces outils qui permettent de faciliter la rencontre avec Jésus au cours des célébrations. Parfois certains vont utiliser l’encens au cours  de leur séance  du yoga ou de  méditation pour simplement parfumer la maison, avec ses petits bâtonnets qu’on achète un peu partout, et les mêmes  vont ressentir une certaine  gêne lorsque l’encensement est utilisé au cours de la liturgie à l’église. Et là encore devant la crèche les mages  nous  appellent un regard de bienveillance et de tolérance les uns envers les autres.

Le troisième cadeau apporté par les mages et la Myrrhe. cette huile qui permet d’embaumer le corps des défunts et de faire beaucoup de points au scrabble. Mais les mages ne jouaient pas au scrabble, et c’est assez violent devant la crèche de voir que face à ce nouveau-né on nous parle de sa mort.  Les mages ne connaissent rien de l’histoire juive, mais ils ont compris que ce nouveau-né va mourir, mais ce ne sera pas une fin en soi car il va ressusciter. Cette croix sur la crèche nous permet de vivre dans l’espérance de la vie éternelle. Il y a certaines représentations de la crèche ou au-dessus du nouveau-né nous avons une croix. Il est pour certain difficile de vivre cette relation à la mort, la mort de nos proches, à notre mort mais Jésus est là pour nous y aider. Et lorsque le troisième mage dépose de la myrrhe au pied d’un nouveau-né il nous appelle avoir un regard de douceur et un regard bienveillant pour nos frères et sœurs qui se rapprochent de la mort ou pour ceux qui sont en difficulté par rapport à ce vécu. Et toute à l’heure dans la prière eucharistique nous ferons mémoire et nous prions pour les morts : Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l'espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie : [………] reçois-les dans ta lumière, auprès de toi.

Alors devant cette crèche il s’en passe des choses. Tout d’abord des tout-petits, des bergers qui n’ont pas une grande pratique religieuse on pourrait dire des croyants non pratiquants viennent voir Jésus, ils racontent  ce qu’ils ont vu et qui louent le seigneur. Ensuite à l’opposé, des mages, des rois mages savants qui viennent apporter des symboles de royauté, de sacrée et d’éternité  devant ce nouveau-né ,fils de Dieu. Et il est fort à penser que les rois mages vont raconter ce qu’ils ont vu, bien sûr pas à Hérode mais lors de leur retour dans leur pays lointain. Des bergers croyants non pratiquants ,des mages  païens voilà aussi la beauté du  message de Jesus : ouverture et envoi, mission que nous recevons par ce nouveau-né couché dans la crèche. Alors en ce début d’année nous pouvons nous reconnaître filles et fils de Dieu nous pouvons recevoir la bénédiction et bénir Dieu et nos proches nous pouvons aussi nous prosterner devant Dieu par notre corps mais surtout par notre cœur et nous sommes appelés à un regard de bienveillance et de tolérance avec nos frères et sœurs en Eglise et nous sommes appelés un envoi mission pour raconter et témoigner à nos frères et sœurs qui ne croient pas.
Jolie feuille de route
Seigneur par ton incarnation en Jésus tu as déjà fait  un bout du chemin pour me rencontrer, aide moi à faire ma part de chemin pour venir vers toi.

Amen Loic Biot diacre