Dimanche 1er janvier 2023
Homélie du dimanche 1er janvier année liturgique A - fête de sainte Marie mère de Dieu.
Chers frères et sœurs aujourd’hui nous somment encore dans le temps extraordinaire de Noël. Nous fêtons Sainte-Marie mère de Dieu et c’est aussi la journée mondiale de prière pour la paix.
Comme vous avez particulièrement bien écouté les textes du jour vous avez noté que deux mots reviennent fréquemment. Le mot fils et le verbe bénir, en effet le mot fils est utilisé trois fois dans la première lecture six fois dans la deuxième lecture et nous célébrons la naissance de Jésus fils de Dieu. Le verbe bénir est aussi utilisé dans les trois premières lectures à plusieurs reprises. Ce verbe bénir est un verbe transitif on peut bénir et être béni.
Alors je vous propose quelques réflexions sur ces deux thèmes.
Débutons par la filiation, hier après midi je suis allé au cinéma voir un film très prisé AVATAR. Une belle séquence d’aventures virtuelles, de lien fort avec la nature, presque mystique. Les enfants font leur communion sous l’arbre sacré qu’ils nomment alléluia, et la filiation est au cœur de l’intrigue. Le héros est père de famille nombreuse, le méchant est aussi père d’un enfant qui vit chez les gentils. Le méchant veut tuer le gentil et sa famille. Le père fuit avec sa famille. Deux grandes morales sont répétées :
Un Père protège sa famille (et la mère sacrée guerrière ne donne pas sa part au chien dans la baston)
Quand notre famille (sully) est unie, nos faiblesses deviennent une forteresse. C’est beau.
L’actualité cinématographique peut rattraper le calendrier liturgique bref pour nous pas d’Avatar et Noël est aussi une bonne période pour parler de filiation car nous avons plusieurs personnes pour nous y aider.
Tout d’abord nous avons Jésus « Dieu sauve » avec une filiation triple et un peu particulière. Jésus est fils de Dieu , fils de Marie et fils adopté par Joseph. Dieu se fait homme pour être notre frère nous permettre une certaine proximité pour une rencontre. Et nous nous laissons toucher et émerveiller devant ce nouveau-né dans la crèche. Comme Jésus est fils il est pour nous un frère.
Ensuite nous avons celle qui est fêtée particulièrement en ce jour Marie. Marie cette simple femme de Nazareth qui dès sa conception prend une condition de sainte, qui porte le seigneur et lui donne la vie. En toute confiance elle dit et répète un oui à Dieu tout au long de sa vie. Marie c’est un peu comme notre maman du ciel, une porte vers le ciel et elle nous conduit vers son fils et vers notre père à tous.
Nous avons ensuite Saint-Joseph dont on parle un peu plus au début des Évangiles qu’à la fin. Parfois un peu resté dans l’ombre, Saint-Joseph a pourtant toute sa place. Lui aussi dit un grand oui a Dieu : quelle confiance, quelle humilité d’accepter d’être le père adoptif d’un enfant qui n’est pas de sa chair et d’un enfant qui est amené à être le sauveur. Depuis quelques années Saint-Joseph retrouve toute sa place dans la liturgie et la prière des chrétiens c’est notre papa du ciel, un éducateur, un socle pour la famille, un père qui protège sa famille (fuite en Egypte pour fuir Hérode) ce père qui ensuite fait grandir son fils Jésus dans son humanité. Il nous permet à nous aussi de grandir, en le priant nous trouvons un chemin vers son fils et vers notre Père à tous.
Nous avons aussi les bergers. Je vous rappelle qu’à l’époque les bergers sont assez simples, ils vivent à l’extérieur. il nous est dit dans le texte de l’Évangile qu’ils sont la nuit en pleine campagne avec leurs troupeaux. Ils fournissent des animaux pour les sacrifices, ils sont pourtant éloignés des synagogues et ne respecte pas le shabbat de par leur métier. Et ce sont les premiers témoins de la naissance de Jésus. L’ange les appelle à venir voir à la crèche ils viennent, ils voient, ils racontent, ils sont dans la joie et louent la grandeur de Dieu. Devenu adulte Jésus dira dans Luc 10 "ce que tu as caché aux sages et aux savants tu l’as révélé aux tout-petits " et voilà donc les bergers qui sont les premiers " tout-petits " devant ce tout petit dans lequel Dieu se révèle. Et comme nous sommes nous aussi des tout-petits, les bergers peuvent nous amener vers cette crèche pour nous reconnaître nous aussi filles / fils adoptif de Dieu.
En cette période de Noël nous croisons donc toutes ces personnes sur notre chemin de vie et notre chemin de foi pour nous accompagner. Nous avons aussi un appui fort avec l’Esprit Saint qui descend sur nous et nous permet de décoder cette relation filiale envers le père.
Être fils ou fille de, c’est savoir d’où l’on vient, c’est être né de quelque part, cela fait partie de notre socle identitaire.
Au niveau horizontal dans notre société cette notion de filiation, la notion de famille en général, sont pourtant bien remises en cause. De nombreuses orientations sociétales, réflexions bien-pensantes ou théorie en tout genre mettent à mal cette notion de famille : le rôle du père, le rôle de la mère, serait à effacer car trop standardisés, programmés et liberticides. Mais heureusement il y a des fêtes comme Noël qui pour certains n’est plus une fête religieuse mais une fête de la famille qui se retrouve. Et au fil du temps qui passe on se rencontre que les parents sont souvent -le trait d’union -presque indispensables pour que les enfants vivent en frères et sœurs. Pour cette fête de Noël souvent quand les parents sont placés en établissement ou parce qu’ils ont rejoint la maison du père, les relations de fraternité entre frères et sœurs peuvent s’étioler. Souvent quand les parents ne sont plus là c’est ce qu’ils ont semé dans le cœur des enfants, c’est cette mémoire consciente ou inconsciente de la force de la famille, c’est ce poids positif des valeurs transmises qui permettent de garder les liens entre frères et sœurs biologiques. La famille reste le premier lieu de transmission des valeurs. Et notre foi chrétienne nous appelle à protéger cette filiation. dans le livre de l’exode "honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que te donne le seigneur ton Dieu". Cette semaine vendredi 30 nous fêtions la Sainte-Famille et la première lecture issue du livre de Ben Sirac dit le sage au chapitre trois peut-être intéressante à citer.
Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils.
celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor.
Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé.
Alors déjà peut-être une bonne résolution pour ce début d’année de cette réflexion sur la famille, ma famille, la filiation ma filiation.
Et en ce jour en église nous pouvons aussi nous interroger sur cette filiation verticale avec Dieu. Il est beaucoup plus facile pour vivre en frères et sœurs de se reconnaître un même père. Pour Noël nous nous réunissons en église autour de la crèche, autour de la Sainte-Famille, pour comme nous le dit saint Paul dans sa lecture "pour que nous soyons adoptés comme filles et fils de Dieu", et si nous gardons ce lien de filiation, si Dieu le Père, Marie, Joseph restent bien présents dans notre vie de Foi alors la vie fraternelle héritée de cette filiation divine nous permettra d’être d’inlassable artisans de Paix et nos faiblesses peuvent devenir une forteresse.
Et c’est dans la première lecture que nous avons la transition vers le deuxième mot important du texte du jour le verbe bénir. Je cite
« Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : que le seigneur te bénisse et te garde que le seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce. Et le psaume 66 résonne sur cette bénédiction. La bénédiction c’est la promesse de la présence permanente et concrète de Dieu auprès de son peuple. Par la bénédiction nous devenons nous-mêmes les reflets de sa lumière pour éclairer le monde et ses zones d’ombre. Et la formulation a du sens. Il n’est pas dit au présent ou à l’impératif. Dieu bénit Dieu te bénis. Non Il est utilisé le subjonctif que Dieu te bénisse ce subjonctif n’est pas là pour dire que Dieu peut nous bénir ou pas . Dieu nous bénit sans cesse mais ce subjonctif laisse la place à notre liberté d’accepter ou de refuser cette bénédiction. Quand le soleil se lève dans nos vies nous pouvons nous exposer pour accueillir sa chaleur et ses bienfaits mais nous pouvons aussi choisir de rester à l’ombre et de ne pas nous exposer, de ne pas recevoir la chaleur et les bienfaits de ce soleil. La seule pour qui le verbe bénir est utilisée aux présent c’est Marie sainte mère de Dieu. Marie tu es béni entre toutes les femmes. Puisque Marie en toute confiance à Dieu a dit oui. Nous pouvons demander à être bénis par Dieu ou par les autres et nous pouvons nous-mêmes bénir Dieu et les autres. Bonne résolution pour ce début d’année ?
Alors chers frères et sœurs à la fin de cette messe quand nous allons recevoir la bénédiction du seigneur allons-nous accueillir pleinement cette bénédiction en tant que fille ou fils de Dieu ? Et cette bénédiction va-t-elle nous permettre de vivre en frères et sœurs avec notre prochain et de participer par la prière mais aussi par un ajustement de nos actes de vie à la paix dont le monde a tant besoin.
Alors oui seigneur aujourd’hui à travers Jésus, Marie, Joseph ou peut-être les bergers je me rapproche de toi au milieu des mes frère et sœurs, au cours de cette eucharistie et de la prière pour me reconnaître pleinement filles ou fils. Et par avance, comme les bergers, ces tout-petits je te bénis, je te loue et je te glorifie seigneur
Amen
Loic Biot diacre