Samedi Saint — Diocèse de Belley-Ars

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Samedi Saint

Samedi Saint, 11 avril 2020

Ave Maria



 

Chers Amis, 

 

C’est avec joie, que, comme chaque semaine, je vous retrouve, pour avec vous approfondir notre foi en Jésus, dont nos célébrons en ces jours, le Mystère Pascal.

Avant toute chose, je tiens à remercier chaleureusement, ceux qui m’ont témoigné de leur amitié, et par moi au Père Marcellin, durant ces semaines qui nous privent de la présence physique des uns et des autres. Merci à tous ceux qui se proposent généreusement de nous rendre service, en faisant nos courses, ou encore qui nous adressant des mails, ou tout simplement téléphonent à la cure. Que chacun soit remercié du fond du cœur.

Nous venons de vivre une Semaine Sainte, confiné chacun chez soi. Néanmoins, je le crois profondément, une Semaine Sainte profondément vécue, dans un esprit de contemplation, reliés les uns aux autres par la pensée, et par la prière. Grâce aux moyens techniques, je suis convaincu, que chacun, a pu s’associer aux différents offices qui nous ont été proposés.

Cette expérience inhabituelle que nous vivons depuis le 17 mars, et même au-delà, en ce qui nous concerne, puisque plus aucune messe publique n’est célébrée depuis le dimanche 15 mars, m’a amené à penser à nos frères et sœur chrétiens persécutés dans le monde. De fait, nous sommes empêchés de vivre publiquement notre foi. Nous sommes empêchés de vivre ensemble ce qui est le sommet de notre foi : le Mystère Pascal du Christ. Il nous faut l’admettre, c’est une souffrance. Néanmoins, bien que nous en ignorions encore la date, nous savons que cette situation prendra fin, alors que nos frères et sœurs persécutés, ne peuvent pas en dire autant. Peut-être peuvent-ils l’espérer, mais pas au-delà. Aussi, je vous invite à vivre cette fête de Pâques, profondément unis à eux.

Ce soir, durant la veillée pascale, prévue initialement à Cormaranche, une personne adulte, Gaëlle Chicki, de Culoz, devait recevoir le baptême. Nous l’avons vue quelquefois à la messe (principalement le samedi soir), avec David, son époux. Nous imaginons, ou plus vraisemblablement, nous n’imaginons pas, la frustration que cela représente pour elle, d’autant plus qu’elle s’est préparée, d’abord à Bourg, puis à Hauteville, avec un petit groupe de personnes, avec beaucoup de sérieux et une foi profonde. Nous aurons à cœur de prier pour elle, sachant que le baptême n’est pas annulé, mais reporté.

Cette Semaine Sainte qui s’achève, nous l’avons vécue douloureusement aussi, en apprenant le décès du Père Jean Guillet qui a vécu de longues années parmi nous. Un des personnes à qui j’ai envoyé le mail pour annoncer la nouvelle m’a répondu ceci (ce sont ses mots) : « C’est beau qu’il soit parti un mardi saint, qui est le jour traditionnellement de la messe chrismale. Il est parti « en Eglise ». »

En effet, il est parti, le jour, où les prêtres, renouvellent leurs promesses sacerdotales à l’Evêque, lui qui était un prêtre jubilaire, puisque le 29 juin, il aurait fête ses 65 ans d’ordination. J’inclus ci-dessous, son parcours terrestre, et une photo que j’ai retrouvée, dans mon ordinateur.

Né le 12 janvier 1930 à Roanne (Loire),

 ordonné prêtre le 29 juin 1955 en la cathédrale 

de Belley, il est successivement nommé vicaire 

paroissial à St-Rambert-en-Bugey (1955),

 directeur spirituel au petit séminaire 

de Meximieux (1960), vicaire à la paroisse

 du Sacré-Cœur de Bourg, chapelle du Peloux (1967)

, curé de Bellegarde (1977), prêtre fidei donum

 à Touggourt en Algérie (1988), curé de Lagnieu (1989),

 curé de Meximieux (1999). De 1994 à 2003,

 il est aussi aumônier diocésain de l’action catholique 

indépendante (ACI). Admis à la retraite au presbytère 

de Cormaranche-en-Bugey en 2005, il rend service 

dans le groupement paroissial d’Hauteville jusqu’en 2018.

 Il se retire à Seillon Repos (Péronnas) début 2019.

 

Bien évidemment, comme, les premiers chrétiens, qui, dans les Actes des Apôtres, fréquentaient assidument le Temple, où ils louaient Dieu (cf Ac 2, 46), d’un même cœur, prions pour le repos de son âme.

 

Avant de conclure, je joins à cette lettre deux textes de méditation, un sur le Samedi Saint, et un de la vénérable Marthe Robin, peu connu je pense, afin qu’ils puissent soutenir votre méditation, et nourrir votre contemplation. Je vous envoie aussi une vidéo qui peut nous aider à aborder différemment la crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui.

 

Avec quelques heures d’avance, je vous souhaite, une sainte fête de Pâques. Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. Alléluia.


 

                                                                                           P. Didier +

 

Intentions de messes de cette semaine :

 

  • Famille Noël MOREL ;
  • André MEYGRET et la famille MEYGRET-GENELLE ;
  • Jeannette GIRIN ;
  • Famille TRONCHON-ECOCHARD ;
  • Maurice NICOLOT (messe de quarantaine) ;
  • Les familles PETITEAU-TROADEC ;
  • René LEFRANCOIS (2ème anniversaire) et les familles LEFRANOIS-PIDOUX
  • Fernande MAIRE et les familles DROZ-VINCENT ;
  • Père Jean GUILLET.

 

Méditation sur le Samedi Saint

 

« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair. » Ainsi commence une homélie très ancienne que la liturgie des Heures nous donne à méditer chaque année le Samedi saint. C’est dans cette perspective qu’il nous faut aborder la spécificité liturgique de ce jour.
 
Entre mort et Résurrection

Le Samedi saint est ce jour intermédiaire dont on ne sait pas très bien ce qu’il faut en dire. « Que se passe-t-il ? » dit l’homélie ancienne. Que se passe-t-il pour les disciples contraints de constater ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, ce prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple (Lc 24, 19-20) : condamné, crucifié, il est mort. Bien des sentiments traversent la tête et le cœur de ses hommes et de ses femmes qui ont mis leur espérance en Jésus. Dans un silence sidéré, ils s’interrogent, doutent, se révoltent, mais plus que tout, ils font mémoire des actes et des paroles de Jésus. Fondamentalement, le Samedi Saint est un jour de relecture où remonte la question posée par Jésus lui-même : Pour vous qui  suis-je ? Question posée aux disciples quelques jours avant la scène grandiose de la Transfiguration, mais aussi question indirecte ou inversée posée aux foules, aux scribes et aux pharisiens –dans Saint Jean chapitre 8 entendu durant la 5e semaine de Carême – car lorsque Jésus dit Je suis, il oblige l’auditeur à se positionner : cet homme est un imposteur, un fou, un homme à part, le fils de Dieu ? Et ces questions, dans le cœur des disciples, butent sur la croix, sur la mort brutale de Jésus, sur cet anéantissement apparent de tout espoir. Même si certains se souviennent d’étranges paroles de Jésus : Il faut que le Fils de l’homme soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite (Lc 9, 22).

Si tous croient que les morts ressusciteront au dernier jour (Jn 11, 24), si la plupart ont vu la résurrection de Lazare, aucun n’a compris le sens exact de cette parole de Jésus. Pris entre la mort de Jésus et sa résurrection, le Samedi saint fait place au silence de l’intériorisation, à l’approfondissement des faits et gestes de Jésus. Il appelle à faire un acte de foi semblable à celui du Centurion : Vraiment cet homme était Fils de Dieu ! (Mc 16, 39).

 

Un jour en creux

Si le Samedi Saint est un jour « en creux », il nous appartient d’assumer ce « creux » pour en recevoir les fruits.

Les premiers chrétiens faisaient de ce jour, un jour de jeûne absolu, non pénitentiel, mais festif : un jeûne de désir, du désir d’être comblé par la résurrection du Christ. Il s’agit donc de ne pas vouloir remplir ce jour de choses à faire, mais bien plutôt d’accepter ce vide. Si le Christ, qui est notre vie, « s’est endormi », ce n’est pas pour que nous l’abandonnions, mais bien pour que nous veillions auprès de lui, différemment du Jeudi saint. C’est l’occasion de prendre la mesure du vide et de l’absence, mais pas de manière désespérée justement parce que la méditation des actes et des paroles du Christ nous redit en qui nous avons mis notre espérance.

 

 

Deux jours aliturgiques

Le Samedi Saint fait partie intégrante du Triduum pascal qui est la grande célébration annuelle de la Pâque du Christ. Cette seule et même célébration maintient vive, durant quatre jours, la mémoire de l’unique sacrifice rédempteur – sauveur – du Christ. Du Jeudi Saint au dimanche de Pâques, nous sommes rendus participant à l’offrande que Jésus fait de lui-même pour notre salut. Le Samedi Saint n’est pas un jour à part, il est un jour à prendre en compte au cœur de cet ensemble parce qu’il est le lieu d’une résonance entre les événements qui constituent le mystère pascal.

Entre la célébration eucharistique du Jeudi Saint et celle de la nuit de Pâques, l’Église ne célèbre pas l’eucharistie. Il y a donc deux jours aliturgiques au sens où l’on donne le nom de « liturgie » uniquement à la célébration eucharistique (la Divine liturgie comme l’appellent les Orientaux), mais ce ne sont pas deux jours sans liturgie, car l’Église prie, elle se rassemble pour former le corps du Christ en prière. Elle fait monter sa grande prière le Vendredi Saint en se tenant devant la Croix où Jésus offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect (He 5, 7). Elle continue de prier le Samedi saint, mais avec retenu dans une plus grande sobriété. Sans éclat, elle se réunit pour célébrer les Heures qui soutiennent son espérance.

 

Le seul geste qui reste à l’Église c’est le chant

Et c’est bien la foi qu’elle affirme en reprenant, dans l’office des lectures, les psaumes de la confiance : « En toute paix, je me couche et je m’endors, car tu me fais vivre » (antienne du Ps. 4), car celui qui s’est endormi dans la chair, va se réveiller et déjà nous l’acclamons : « Qu’il entre le roi de gloire ! » (antienne du Ps. 23), car si nos yeux pleurent, et c’est juste, l’ami perdu, le fils unique et bien-aimé, le Seigneur de gloire, nous pouvons prononcer les mots que lui-même place dans notre bouche : « J’étais mort et me voici vivant pour les siècles ; je détiens les clés de la mort et des enfers » (antienne du Ps 150, prière du matin). L’Église en prière ne regarde pas sa détresse, elle tourne résolument son regard vers le Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort et qui reçoit du Père le nom qui est au-dessus de tout nom (répons après la lecture, matin et soir, cf. Ph 2, 8-9).

En ce jour, pas de geste sacramentel comme le Jeudi Saint, pas de vénération comme le Vendredi Saint, pas de procession, pas de longues lectures. Le seul geste qui reste à l’Église c’est le chant. Le chant des psaumes particulièrement. D’une part parce que le Christ y fait entendre sa voix priant le Père et qu’il nous prend dans ce chant. D’autre part parce que le chant est un acte de l’Église, Corps du Christ, qui, assise devant la pierre scellée du tombeau, ouvre sa bouche pour que Dieu l’emplisse de sa louange. C’est ce que sont les psaumes par nature, même lorsqu’ils crient de détresse. La louange, c’est-à-dire la reconnaissance de la fidélité indéfectible de Dieu, les traverse de part en part.

 

Don de soi et fécondité

« Le Christ s’est endormi dans la chair. » Il y a là toute l’apparence d’une perte : il a perdu la vie. Pourtant, c’est la condition nécessaire pour que la vie jaillisse, pour que la vie gagne tout l’espace laissé libre par la mort. Seul le don, qui appauvrit de ce que l’on a donné, permet de recevoir davantage puisqu’un espace s’est ouvert. Le Samedi Saint est le jour témoin de cette réalité, il est espace entre la perte et le gain. Et si la perte est celle du Verbe fait chair, le gain est celui du Christ ressuscité nous prenant dans sa gloire car « voici que moi, qui suis la vie, je ne fais plus qu’un avec toi » (homélie ancienne sur le grand et Saint Samedi).

 

Méditation de Marthe Robin

Ressuscité,

Jésus apparaît à sa Mère.

 

Vision de la Vénérable Marthe Robin, tirée d’un long texte « La douloureuse Passion du Sauveur. »


 

Il faisait nuit encore, lorsque je vis l’âme du Christ apparaître dans le ciel comme une gloire resplendissante, entre deux anges. Une multitude de figures lumineuses l’environnaient. Je vis son âme qui pénétrait dans le tombeau à travers le rocher et venir se reposer sur son corps, où elle resta un moment sans s’y unir, pour se confondre tout à coup avec lui.

 

La terre trembla encore. La secousse fut telle que les lanternes, attachées à de hautes perches à l’entrée de la grotte, s’agitèrent violemment et des flammes jaillirent de tous côtés. A cette vue, les gardes furent effrayés et tombèrent sans connaissance, comme atteints tout à coup de paralysie.

 

Il était à peu près une heure dans la nuit lorsque la Sainte Vierge, poussée par l’amour et le désir irrésistible de se rendre au rendez-vous fixé par son Fils, annonça à ses compagnes qu’elle ne les accompagnerait pas au tombeau, leur disant de ne pas s’inquiéter à son sujet. Leur ayant dit cela, elle se leva, en effet, remit son voile et son manteau, elle se dirigea vers la porte pour sortir, mais les autres femmes, habituées au respect envers elle, ne lui posèrent aucune question et ne lui demandèrent pas où elle allait.

 

J’étais profondément étonnée, et me demandais avec inquiétude comment on pouvait laisser cette pauvre Mère si épuisée et encore si affligée sortir seule dans la nuit, au milieu de tant de dangers, sans même lui proposer de l’accompagner, ce que, du reste, elle n’aurait pas voulu accepter. Elle sortit donc sans rien dire et sans bruit du Cénacle, elle traversa la rue, plongée dans la tristesse, et alla ainsi jusqu’au tribunal de Caïphe, poussée par un irrésistible attrait intérieur.

 

Elle vint jusqu’au palais de Pilate, ce qui l’obligeait à traverser seule une grande partie de la ville, obscure et déserte à cette heure, faisant, de ce fait, presque tout le Chemin de la croix, s’arrêtant à chaque place où le Seigneur avait eu quelque chose à souffrir ou quelque outrage à subir. Sans cesse, elle se prosternait à terre, car toutes les places où elle retrouvait les traces du sang de Jésus lui apparaissaient lumineuses. Elle alla ainsi jusqu’au Calvaire et s’arrêta tout à coup à l’endroit indiqué par son Fils, endroit qu’elle baisa avec respect, car c’était à ce même endroit que Jésus était tombé sous la croix pour la cinquième fois.  

 

C’est à ce moment, comme elle se relevait, que Jésus lui apparut dans son corps ressuscité, escorté des deux anges. Les anges s’inclinèrent profondément devant la Mère du Seigneur. Jésus adressa à sa Mère quelques paroles, pour lui dire quand elle le reverrait, et où elle le reverrait. Puis, s’approchant tout près d’elle, il lui montra ses divines mains transpercées, dont les deux plaies brillaient comme des soleils et, comme elle se prosternait pour lui baiser les pieds, il la prit par les deux mains et, la relevant doucement, il la baisa longuement au front, puis il disparut.

 

Marie resta longtemps encore à la même place, absorbée dans sa contemplation et son bonheur, comme si elle n’avait plus osé bouger.