Pour le 5e dimanche de Pâques — Diocèse de Belley-Ars

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Pour le 5e dimanche de Pâques

De gauche à droite : Lucie Dos Santos (28 mars 1907 - 13 février 2005), François Marto (11 juin 1908 - 04 avril1919), Jacinthe Marto (11 mars 1910 - 20 février 1920).

Hauteville, le 09 mai 2020

Ave Maria



 

Chers Amis,

 

Voici arrivée l’heure de vous rejoindre. Dieu soit béni ! Nous voici parvenus, à la date du 11 mai, avec laquelle, commencera, progressivement, le déconfinement de notre pays. Progressif, car, contrairement à ce que nous avions peut-être prévu, nos églises resteront encore fermées au culte. Ne voyons pas en cela de la discrimination de la part de nos Gouvernants, même s’ils ont sans doute perdu de vue que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu. » Mt 4, 4 car ce sont bien tous les rassemblements importants qui demeurent interdits.

Inévitablement cette prolongation de devoir suivre les différents offices à la télévision ou sur internet, provoque en nous de la peine, voire de l’impatience, peut-être même de la critique. Nos Elus, que ce soit au niveau national ou au niveau local, n’ont pas besoin de nos critiques, mais de nos prières. Une réflexion de notre Evêque, peut nous aider à mieux vivre cette situation. Voici ce qu’il a écrit aux prêtres le 05 mai : « En tant qu’enfants d’Abraham, nous posons l’acte de foi que, fidèle à sa promesse, le Seigneur est avec nous et qu’il ne nous abandonne jamais (voir Mt 28, 20) ; et qu’en fin de compte tout concourt au bien de ceux que Dieu aime. Soyons clairs : ce n’est pas Dieu qui a voulu cette épreuve. Mais il en fait pour nous un appel pour susciter notre conversion (…) Aussi, je demande de considérer l’aspect positif de notre souffrance, car la situation de manque nous donne d’apprécier l’importance des réalités dont nous bénéficions habituellement et dont nous ne réalisons pas suffisamment la richesse (…) La situation présente manifeste combien les fidèles chrétiens sont attachés à la célébration de l’Eucharistie et ont soif de recevoir la communion eucharistique. C’est un fait dont nous avons à nous réjouir. Mais les circonstances nous provoquent à purifier cet attachement louable à l’Eucharistie. Il convient en effet de mieux percevoir la primauté du don de Dieu. Les évènements nous enseignent que nous n’avons pas un droit à l’Eucharistie, car celle-ci est d’abord et avant tout un cadeau dont lui seul a l’initiative. C’est Dieu qui a l’initiative de nous donner la vie, de nous sauver et de nous inviter au festin des noces de l’Agneau. »

A cela vous pouvez répondre que, nous, prêtres, célébrons et recevons l’Eucharistie. C’est vrai, néanmoins, nous sommes privés de la présence du Peuple de Dieu confié à notre ministère. Ce qui n’est pas une situation normale. « Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il est prêtre pour vous » disait le Curé d’Ars. La situation autant inédite qu’atypique que nous traversons nous permet de nous réapproprier cette vérité.

 

Dans l’immédiat, nous ne pouvons donc toujours pas célébrer la messe publiquement, cependant, dans les jours qui suivront le déconfinement, nous ouvrirons à nouveau l’église, au moins les jours de beau temps, pour que les personnes qui le souhaitent, viennent adorer Jésus, vivant, présent dans le Tabernacle. Nous bloquerons la porte en bois, et laisserons ouverte la porte vitrée, afin d’éviter de la toucher.  Bien évidemment, il incombera à chacun de faire attention de respecter les gestes barrières, notamment, les distances de sécurité. 

 

Nous ne devons pas oublier que le 11 mai coïncide à deux jours près avec le 103ème anniversaire de la première Apparition de Notre Dame de Fatima. Aussi, je vous envoie l’historique de cet évènement, pour d’une part, vous renouveler, dans votre confiance en la sollicitude de la Sainte Vierge, de sa proximité avec chacun de nous, et combien, nous devons considérer comme toujours actuelle, son invitation à ( je la cite)  « réciter le chapelet tous les jours » pour que soit jugulée la pandémie du covid 19. Renouvellement que je désire pour moi, et que j’entends vivre en communion avec vous.

Mais pas seulement. Nous nous approchons chaque jour un peu plus de la fête de Pentecôte. Marie était présente au cénacle avec les Apôtres, cf Ac 1, 14. Cela nous rappelle qu’elle ne cesse d’être présente à la vie de l’Eglise depuis son commencement. Demandons-lui de savoir accueillir aujourd’hui encore les sept Dons de l’Esprit-Saint qui sont : la crainte de Dieu, la piété, la science, la force, le conseil, l’intelligence, la sagesse. Ils trouvent leur origine dans la Parole de Dieu. Avec la Sainte Vierge, apprenons à vivre toujours plus intensément sous la mouvance de l’Esprit-Saint, et donc à mener toujours plus authentiquement notre vie chrétienne. Déjà en priant les uns pour les autres.

A propos de la prière, bien que nous ne les ayons pas revus depuis le début du mois de mars, n’oublions pas de prier pour nos frères séminaristes, Woodjy et Joseph, qui, actuellement poursuivent leur formation au Sacerdoce, confinés au Séminaire, et dans des conditions pas toujours faciles. Ils suivent certains cours par skype. 

 

Avant de conclure, je tiens à dire ma gratitude, tous ceux et celles, qui ont déposé dans la boîte aux lettres de la cure, ce qui constitue leur offrande habituelle, à la quête le dimanche, et aux personnes qui m’ont demandé la marche à suivre pour faire un don au denier de l’Eglise. Que chacun soit remercié chaleureusement.

 

De façon plus intime, merci à tous ceux qui nous ont diversement manifesté leur attention, au Père Marcellin et à moi-même. Ce sont des gestes qui ne sont vus de personne, mais qui touchent profondément, en nous souvenant que ces gentillesses ne resteront pas sans récompense, selon la Parole du Seigneur : « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non il ne perdra pas sa récompense. » Mt 10, 42

 

Avec mon amitié et ma prière.


 

                                                                                      Père Didier +


 

Intentions de messes :
Défunts :
Jeannette GIRIN ; Une personne défunte ; Marie-Andrée LAGRANGE et son frère Denis ; Les âmes du Purgatoire.
 

5ème Dimanche de Pâques — Année A
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 1-12)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : ‘Je pars vous préparer une place’ ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez    vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »


 

Homélie, Père Lucien MARGUET (diocèse de Reims) :

 

Il est un grand jeu qui plait toujours autant aux enfants d’aujourd’hui comme à ceux d’hier, c’est le jeu de piste. Il consiste à chercher le bon chemin, en s’aidant de points de repère, de signes indicatifs et en évitant les fausses directions. Ce jeu se pratique en équipe. Il donne lieu à bien des discussions, pour savoir comment interpréter tel indice, éviter tel piège ! Il suppose parfois de rebrousser chemin plutôt que de s’enfoncer dans des sentiers qui ne vont nulle part. Le jeu de piste exige souvent une boussole et même parfois une carte d’état-major... Les enfants aiment ce jeu peut-être parce qu’il les conduit vers l’inconnu, l’imprévisible, mais peut-être aussi parce qu’il leur plait d’être chercheurs et qu’à chercher on trouve de la joie.

 

Ce soir-là, Jésus était réuni pour la dernière fois avec ses disciples. Dans quelques heures il sera arrêté à Gethsémani. Il leur annonce son départ définitif. Bien sûr ils sont bouleversés, sur le qui-vive ! Ainsi donc, après 3 ans de marche sur les chemins de Palestine, il va maintenant les quitter. Est-ce donc là, au pied de la Croix, pour assister à sa mort, qu’Il a choisi de les conduire ? Thomas sollicite des explications : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Autrement dit : « Donne-nous des points de repère, des signes de piste... afin que nous puissions continuer à marcher à ta suite... »

 

Alors Jésus répond : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va au Père sans passer par moi. » Jésus, par sa vie, ses paroles, son esprit, ses actes, a montré le chemin. Le chemin pour devenir Homme, Humain. Le chemin pour devenir Fils, enfant de Dieu. Remarquez bien : Jésus ne dit pas « Je vous ai montré le chemin de la vie... de la vérité... », mais « Je suis le chemin, je suis la Vérité, je suis la Vie ».

 

Ainsi donc toute sa personne est devenue indicative, significative du chemin pour réussir l’Humain, l’Humanité... Jésus est chemin qui réunit ceux qui marchent à sa suite. Chemin banalisé dont sa vie est la direction, et son Evangile la carte routière. Chemin qui rencontre la croix, mais dont l’Avenir est la certitude que la Vie, à terme, vaincra les forces de mal et de mort.

 

Quand Jésus dit « Je suis la Vie », il se déclare Dieu. Mais les disciples ont encore des doutes sur son identité. Est-il le Messie ? Est-ce bien vrai, tout ce qu’Il dit ? « Montre-nous le Père, et cela nous suffit », lui demande Philippe. Et Jésus d’affirmer : « Qui me voit voit le Père ». Jésus se déclare être la Vérité tout entière puisqu’Il est le visage humain de Dieu. L’image parfaite de Dieu le Père. Au procès, Pilate lui dira : « Qu’est-ce que la vérité ? » Doute, scepticisme, face à une vérité impossible à trouver pour ce chef temporel... Jésus personnifie la Vérité. Sa divinité transparait en Jésus de Nazareth.

 

Et quand Jésus déclare : « Je suis la Vie », il ne fait qu’affirmer ce qu’il a démontré par son existence terrestre. Jésus est faiseur de vie : il guérit, il déparalyse, il libère, il réconcilie, il remet debout sur le chemin... Il n’en finit pas de rendre goût à la vie. Il se fait serviteur de la vie. Et s’il meurt en croix, sa liberté et son Amour feront de lui un Vivant à jamais.

 

A quoi tendre l’homme dans l’avenir ? La réponse a été donnée dans l’histoire, c’est Jésus. En donnant priorité absolue à l’Amour.

 

Le Christ, sa façon, son Esprit, est l’image de Dieu. C’est aussi l’homme, c’est aussi l’Humanité tels qu’ils doivent devenir. Oui, l’homme, tout homme est appelé à devenir visage de Dieu. Et Jésus en est comme le prototype. L’Eglise, c’est le Peuple en marche qui nous permet de faire cet immense et long jeu de piste qu’est l’histoire des hommes. Bien sûr, d’autres hommes sont en quête de la Vérité et de la Vie dans le cadre d’autres religions. Ils arriveront au but aussi. Mais le Christ, parce qu’il est, nous le croyons, co-auteur de la création, est auteur du tracé à parcourir... Bien plus, chemin lui-même.

 

Aussi c’est une grâce pour les chrétiens d’avoir reçu la révélation de celui qui est Chemin Vérité et Vie. Mais c’est aussi une responsabilité Missionnaire. Prions Dieu de nous en montrer dignes. Prions Dieu de ne jamais nous arrêter en si bon chemin... Prenons en charge, chacune et chacun, de déconfiner le vrai, le beau, le meilleur, le juste, le plus lumineux du visage humain selon ce que nous apprend Jésus, « Chemin, Vérité et Vie ».

 

 

 

DIMANCHE 13 MAI 1917 :
« Je suis du Ciel »

Malgré les épreuves de la famille dos Santos, les trois enfants, après les apparitions de l'Ange, avaient repris, au fil des mois, leur vie simple et gaie, avec le même entrain et la même liberté d'esprit qu'autrefois. Les pluies d'avril, après les jours froids et venteux de l'hiver, donnèrent une nouvelle impulsion à la végétation de la Serra. Vint le mois de mai, le mois des fleurs, le mois consacré à Marie.

Ce fut le 13 de ce mois, que la très Sainte Vierge vint embaumer de son parfum céleste notre pauvre terre désolée.

C'était le dimanche qui précédait la fête de l'Ascension. Comme d'habitude, les bergers, avant de sortir avec les brebis, s'étaient rendus tôt matin à l'église paroissiale pour entendre la première messe dominicale.

De son côté, Ti Marto, le père de François et de Jacinthe, avait préparé sa charrette de grand matin, car il voulait emmener sa femme, Olimpia, à Batalha.

Vers le milieu de la matinée, les enfants sortirent leurs brebis de l'étable.

« Comme lieu de pâturage, raconte Lucie, nous avons choisi ce jour-là, par hasard, ou plutôt, selon un dessein de la Providence, la propriété appartenant à mes parents, appelée la Cova da Iria. Il nous fallait pour cela traverser un terrain inculte, ce qui doubla notre parcours. Nous devions donc aller lentement afin que les brebis puissent paître en chemin et, ainsi, nous arrivâmes vers midi. »

Après avoir pris leur repas et récité le chapelet, ils poussèrent les brebis un peu plus haut sur la colline et s'amusèrent à construire un petit mur encerclant un buisson.

« Soudain, dit Lucie, nous vîmes comme un éclair.

– Il vaut mieux retourner à la maison, dis-je à mes cousins, car voici des éclairs, il pourrait venir de l'orage.

– Oh, oui !

« Et nous commençâmes à descendre la pente, poussant les brebis en direction de la route. En arrivant plus ou moins à la moitié de la pente, à peu près de la hauteur d'un grand chêne-vert qui se trouvait là, nous vîmes un autre éclair et, après avoir fait encore quelques pas, nous vîmes, sur un petit chêne-vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu'un verre de cristal rempli d'eau cristalline traversé par les rayons du soleil le plus ardent. Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l'entourait, ou plutôt qui émanait d'Elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins.

« Alors, Notre-Dame nous dit :

–N'ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal.

–D'où vient Votre Grâce ? lui demandai-je.

–Je suis du Ciel.

– Et que veut de moi Votre Grâce ?

–Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce je veux. Après, je reviendrai encore ici une septième fois.

–Et moi aussi, est-ce que j'irai au Ciel ?

–Oui, tu iras.

–Et Jacinthe ?

–Aussi.

–Et François ?

–Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets.

« Je me souvins alors de poser une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu. Elles étaient mes amies et elles venaient à la maison apprendre à tisser avec ma sœur aînée.

–Est-ce que Maria das Neves est déjà au Ciel ?

–Oui, elle y est.

« Il me semble qu'elle devait avoir environ seize ans. »

–Et Amélia ?

–Elle sera au Purgatoire jusqu'à la fin du monde.

« Il me semble qu'elle devait avoir entre dix-huit et vingt ans. »

Quel coup ! Les yeux de Lucie se remplirent de larmes. C'est alors que Notre-Dame, telle une mère affligée, adressa aux enfants sa requête, avec une politesse exquise :

« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?

–Oui, nous le voulons.

 

–Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

« C'est en prononçant ces dernières paroles (la grâce de Dieu, etc.) que Notre-Dame ouvrit les mains pour la première fois et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d'elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu'au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs.

« Alors, par une impulsion intime qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement : “ Ô Très Sainte Trinité, je Vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le Très Saint-Sacrement. ”

« Les premiers moments passés, Notre-Dame ajouta :

–Récitez le chapelet tous les jours afin d'obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre.

–Pouvez-vous me dire si la guerre durera encore longtemps, ou si elle va bientôt finir ?

–Je ne puis te le dire encore, tant que je ne t'ai pas dit aussi ce que je veux.

« Ensuite, elle commença à s'élever doucement, en direction du levant, jusqu'à disparaître dans l'immensité du ciel. La lumière qui l'environnait semblait lui ouvrir un passage entre les astres, ce qui nous a fait dire parfois que nous avions vu s'ouvrir le ciel. »

Les trois petits demeurèrent encore quelque temps comme fascinés, les yeux levés vers le ciel, fixant le point où la céleste vision avait disparu.

Quand ils revinrent à eux, et jetèrent un regard alentour pour voir où étaient les brebis, ils constatèrent avec joie qu'elles continuaient à brouter tranquillement, à l'ombre des chênes-verts, l'herbe qui croissait parmi les genêts épineux.

Cette fois, sans craindre l'orage, ils passèrent l'après-midi à se remémorer et à savourer les moindres détails de cet événement extraordinaire.

« L'apparition de Notre-Dame vint de nouveau nous plonger dans le surnaturel, confie Lucie, mais d'une manière beaucoup plus suave que les apparitions de l'Ange. Au lieu de cet anéantissement en la divine présence, qui nous prostrait, même physiquement, celle-ci nous laissa une paix, une joie expansive qui ne nous empêchait pas de parler ensuite de ce qui s'était passé. »

Une allégresse exubérante débordait particulièrement du cœur de Jacinthe.

« Oh ! La belle Dame ! » s'écriait-elle de temps à autre avec enthousiasme ! restant surtout sur l'impression de la beauté incroyable de l'Apparition.

Lucie, elle, répétait et méditait les paroles qu'avec une tristesse si poignante la Sainte Vierge lui avait dites : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en réparation pour les péchés qui l'offensent ?... Vous aurez beaucoup à souffrir... » Et son amie Amélia qui devait rester au Purgatoire « jusqu'à la fin du monde » !... dans ce feu terrible qui purifie les pauvres âmes pour leur permettre d'entrer au Ciel.

Dans le hameau, les quelques personnes qui avaient connu Amélia, avaient eu la discrétion de ne pas ébruiter le drame lamentable qui lui était arrivé, l'irrémédiable déshonneur qui avait souillé sa chasteté.

« Oh ! quelle belle Dame ! » lança de nouveau Jacinthe, les yeux brillants de joie.

« Je vois bien, devina Lucie, que tu vas en parler à quelqu'un !

– Non, non ! Je ne dirai rien ! Ne t'inquiète pas ! »

François, de son côté, restait songeur... Il n'avait pas entendu les paroles de la Vierge. Sa petite sœur et sa cousine, remplies d'une certaine vivacité expansive, d'une joie immense et d'une allégresse communicative qui leur rendaient la parole facile, lui racontèrent tout ce que Notre-Dame avait dit. Et lui, heureux, manifestant la joie qu'il ressentait de la promesse qu'il irait au Ciel, croisa les mains sur sa poitrine et dit :

« Ô ma Notre-Dame ! Des chapelets, j'en réciterai autant que vous voudrez ! »

Le soleil déclinait déjà. Les enfants rassemblèrent en hâte les brebis et prirent le chemin du retour. Mais Lucie prévoyait les ennuis qu'ils pourraient avoir si Jacinthe ne tenait pas sa langue. Elle décida tout bonnement qu'il valait mieux se taire et recommanda à ses cousins le silence le plus absolu, pour le moment, à l'égard de tous.

« Même avec ta mère ! » ajouta-t-elle en regardant Jacinthe droit dans les yeux.

« Nous ne dirons rien à personne », assurèrent le frère et la sœur. Mais la voix de Jacinthe, toute vibrante d'enthousiasme, laissait déjà présager que sa résolution serait bien fragile.

Devant la porte de la bergerie de Monsieur Marto, une fois encore, la petite s'exclama : « Oh ! quelle belle Dame ! »

Lucie, l'index sur les lèvres, essaya de la faire taire. « Chut !... Même avec ta mère !

– Bien sûr ! » assura Jacinthe.

Et le loquet de la porte de la bergerie se referma sur la dernière brebis.

Extraits de Francisco et Jacinta, si petits... et si grands !

Sœur Françoise de la Sainte Colombe, p. 80-88