"Toute notre vie doit être véritablement donnée." — Diocèse de Belley-Ars

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"Toute notre vie doit être véritablement donnée."

Homélie pour la Messe chrismale, Co-Cathédrale de Bourg-en-Bresse, Mardi 27 mars 2018

Textes bibliques : Isaïe 61, 1-3a. 6a. 8b-9 ; Ps 88 ; Apocalypse 1, 5-8 ; Luc 4, 16-21

Nous sommes à quelques heures de ce que nous nommons le triduum pascal, c’est-à-dire la célébration des trois jours saints de la Passion, de la mort et de la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Aujourd’hui, pour nous préparer à entrer dans ce triduum pascal, la 2° lecture, tirée du livre de l’Apocalypse, nous présente Jésus dans toute sa gloire. Elle le proclame comme étant « le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre ». Elle nous dit également de lui qu’il est « l’Alpha et l’Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers ».

 

Quant à la 1° lecture, tirée du livre du prophète Isaïe, elle nous indique l’identité et la mission de Jésus : il est celui sur qui repose l’Esprit du Seigneur ; celui qui a été consacré par l’onction ; celui qui est envoyé annoncer la Bonne Nouvelle. De son côté, l’évangile nous invite à adopter l’attitude des personnes rassemblées dans la synagogue de Nazareth, dont on nous rapporte qu’elles ont toutes « les yeux fixés sur lui », lorsque Jésus leur commente les Ecritures et manifeste leur accomplissement en sa personne.

 

 

En tournant notre regard, avec les gens de la synagogue de Nazareth, vers Jésus, nous sommes entraînés à porter sur lui un regard d’espérance, car il est annoncé comme celui qui vient guérir, libérer, consoler, celui qui nous aime et nous délivre de nos péchés. Celui qui nous fait sortir du deuil et de l’abattement. Bien plus, il est présenté comme celui qui vient nous conférer une dignité : il nous met le diadème sur la tête, il nous revêt d’un habit de fête, il fait de nous rien moins que des rois et des prêtres au service de Dieu le Père.

 

En même temps, il nous est annoncé la façon dont cela se réalisera : puisqu’il est fait allusion à son sang versé, et à son corps transpercé. Déjà nous est annoncé ce qui nourrit notre espérance : c’est de sa souffrance vécue par amour que naît notre force ; c’est de sa mort offerte que surgit notre vie.

 

 

En acceptant de le suivre, pas-à-pas, sur le chemin de sa Passion, nous allons certes accomplir un chemin difficile. Nous allons effectuer un parcours qui est éprouvant, parce que nous allons être plongés au cœur de l’épreuve de la foi. Cette épreuve est à prendre au sérieux, car c’est l’épreuve quotidienne de ceux et celles qui ambitionnent d’être d’authentiques disciples. C’est l’épreuve expérimentée partout dans le monde et à toute époque par les chrétiens qui essayent de suivre Jésus et de vivre de sa parole. L’épreuve que Jésus va traverser durant le triduum pascal, c’est aussi la nôtre, c’est l’épreuve et le combat de ceux qui veulent être disciples-missionnaires.

 

 

Dans le combat que nous avons à mener au quotidien, nous savons désormais que nous ne sommes pas seuls. Jésus nous l’a promis : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Dans ce combat que nous avons à affronter courageusement, nous savons que nous sommes déjà victorieux. Car Jésus nous avertit : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi je suis vainqueur du monde » (Jean 16, 33). Dans ce combat, nous ne sommes pas abandonnés à nos seules forces, puisque le Christ nous a fait le don de l’Esprit Saint, selon ce qu’il a promis : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8).

 

Pour mener le combat de la foi, tout au long du chemin, nous recevons cette force indispensable, qui nous est dispensée dans la réception  des sacrements. Aujourd’hui nous est manifesté que le Christ crucifié est la source de tout le dispositif sacramentel. Autrement dit, sa Passion est le lieu d’où jaillit la vie pour nous ! Nous allons le percevoir très clairement dans quelques instants, lorsque je vais bénir et consacrer les huiles qui serviront tout au long de l’année, dans toutes les paroisses du diocèse. Ces huiles deviendront les canaux de la force divine provenant de la Passion du Christ, pour être appliquée à toutes les situations de notre vie.

 

                                                                                                                                                                                                                                             

 

Pour commencer, il y a l’huile des catéchumènes. En seront marqués ceux qui s’avancent résolument vers les sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation et Eucharistie, qu’ils recevront au cours de la nuit de Pâques. Les catéchumènes qui ont été appelés le 1° dimanche du carême sont engagés sur un chemin exigeant, difficile, et éprouvant. Car ils sont en effet engagés dans le combat de la conversion de leur vie. Au cours des étapes préparatoires, ces catéchumènes reçevront une onction qui leur signifie que le Christ est leur seule force pour surmonter les obstacles quand ils s’affrontent au « vieil homme » pour naître à une nouvelle manière de vivre. Cette nouvelle manière de vivre, c’est la façon de vivre des enfants de Dieu, destinés à adopter la façon de penser et d’agir de leur Père du Ciel.

 

 

Ensuite, l’huile des malades servira à conférer le sacrement de l’onction des malades aux personnes confrontées à l’épreuve de la souffrance ou aux infirmités de la vieillesse. Par ce sacrement, ces personnes éprouvées sont assurées de vivre cette étape difficile dans la communion au Christ crucifié, source de leur force et gage de leur résurrection. Ainsi au lieu d’être repliés sur leur souffrance ou d’être écrasés par la dégradation de leur image, ils sont entraînés par le Christ dans une offrande d’amour. Cette offrande donne alors sens à ce qu’ils vivent et leur permet de servir encore leurs frères quand aux yeux du monde tout semble devenu inutile. Parmi les personnes qui sont en train de s’acheminer vers la mort, celles qui reçoivent l’onction avec l’huile des malades se trouvent consolées et apaisées ; ce qui leur permet de mourir dans une dignité vraiment humaine.

 

 

Vient enfin l’huile appelée Saint Chrême. La présence du Christ à notre vie va plus loin encore. Il veut ne faire plus qu’un avec nous, transformer notre vie en sa vie, nous configurer à son être de Fils unique de Dieu pour que nous devenions, par adoption, nous aussi, de véritables enfants de Dieu. Tout à l’heure, le livre de l’Apocalypse a qualifié Jésus de « Témoin fidèle ». Il est effectivement le témoin du Père, capable d’affirmer en vérité : « Je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi… » (Jean 8, 28-29) et de conclure : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9).

 

Puisque Jésus, le témoin fidèle, s’unit à nous et nous unit à lui, il nous constitue témoins avec lui. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean 20, 21). Le Christ nous envoie comme témoins de l’amour infini du Père. Autrement dit, notre existence est appelée à prolonger et continuer le témoignage de Jésus. Elle l’actualise pour les hommes de ce temps à travers toutes les situations que nous vivons. C’est par le don de son Esprit-Saint qu’il fait de nous les témoins de son Évangile. Après lui, il nous envoie nous aussi proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, consoler ceux qui sont en deuil…

 

 

Avec ce Saint-Chrême seront baptisés et confirmés les nouveaux disciples du Christ, enfants, jeunes et adultes. Par ce Saint-Chrême, ils deviendront des êtres nouveaux. Comme saint Paul, ils pourront affirmer : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. »

 

Avec ce même Saint-Chrême sont consacrés les prêtres. Chers frères prêtres, nous avons été consacrés avec le Saint-Chrême le jour de notre ordination. Le Christ nous a ainsi agrégés au presbyterium et il nous a constitués comme un corps au service du peuple chrétien pour être les « fidèles intendants des mystères de Dieu », « les fidèles ministres du Christ souverain Prêtre » (rituel de la rénovation des promesses sacerdotales).

 

 

Il nous est demandé de vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus ; de chercher à lui ressembler davantage en renonçant à nous-mêmes. Nous avons donc un constant effort de conversion à opérer pour renoncer à notre volonté propre, et agir avec désintéressement et charité. Toute notre vie doit être véritablement donnée à l’annonce de l’Évangile, selon des modalités que nous ne choisissons pas.

 

 

C’est pourquoi dans quelques instants, devant le peuple assemblé en cette co-cathédrale, je vous inviterai à renouveler les promesses de votre ordination comme j’inviterai aussi les diacres à renouveler leur engagement pour le service.

 

Nous serons portés par la prière de tout le peuple chrétien, qui a besoin d’un évêque, de prêtres et de diacres qui soient d’abord des disciples authentiques, qui les entraînent par leur vie exemplaire ; qui les aident à conserver les yeux fixés sur Jésus ; qui soient animés d’un vrai zèle missionnaire. Alors, ensemble nous assurerons mieux notre mission en ce monde !  

 

+ Pascal ROLAND