Repartir du Christ et de contempler le visage de Jésus — Diocèse de Belley-Ars

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Repartir du Christ et de contempler le visage de Jésus

Homélie du 2e Dimanche de Carême (année C) 2019  

Messe de clôture de la visite pastorale à Meximieux

Transfiguration (Luc 9, 28-36)

Alors que s’achève la visite pastorale et que nous sommes entrés dans le temps du Carême afin de nous préparer à la célébration des fêtes pascales, que veut nous dire Jésus aujourd’hui dans l’événement de sa Transfiguration ?

 

Souvenons-nous du contexte de cette Transfiguration de Jésus. L’Evangile nous informe que huit jours avant cet événement (Luc 9, 28), Jésus pose à ses apôtres la question fondamentale de son identité : « Pour vous qui suis-je ? ». Pierre répond alors : « Le Christ, le Messie de Dieu » (Luc 9, 20). Mais Jésus leur défend de le révéler et se met à leur annoncer sa Pâque : « Il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que le troisième jour il ressuscite » (Luc 9, 22). Il ajoute immédiatement : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.  Car celui qui veut sauver sa vie la perdra. Mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera » (Luc 9, 23-24).

 

Autrement dit, peu avant la Transfiguration, Jésus vient d’annoncer quelque chose de fort déroutant. Au moment même où les disciples commencent à prendre conscience de l’identité divine de Jésus, celui-ci annonce sa mort et sa résurrection et il affirme que l’on ne peut pas être son disciple sans accepter d’emprunter le même chemin que lui.

 

Et maintenant, que se passe-t-il donc ?  Le visage de Jésus apparaît tout autre. Ses vêtements deviennent d’une blancheur éclatante. Spontanément, nous imaginons volontiers que Jésus a changé. Nous devrions plutôt réaliser que c’est surtout le regard des disciples qui s’est modifié. Ceux-ci découvrent l’identité profonde de Jésus, car ils voient le rayonnement de sa gloire, l’éclat de sa nature divine. Jésus n’est pas seulement un être humain. Ils le voient habillé de lumière. C’est-à-dire qu’ils voient la divinité de Jésus. Il n’est pas qu’une simple créature mortelle. Il est plus qu’un simple maître de sagesse. Il est véritablement le Fils de Dieu. Il faut qu’ils s’en souviennent lorsque celui-ci sera condamné à la crucifixion  et mourra sur la croix comme un vulgaire malfaiteur.

 

Aux côtés de Jésus paraissent Moïse et Elie. Ils symbolisent tout l’Ancien Testament. Leur présence atteste que Jésus est bien celui qui est annoncé par les Ecritures et qui porte les Ecritures à leur accomplissement. Pensez à ce qui se passera plus tard sur le chemin  d’Emmaüs, quand Jésus ressuscité dira aux disciples : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? Et, partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta dans toute l’Ecriture ce qui le concernait » (Luc 24, 25-27).

 

En tous cas, devant une telle perspective du passage par la passion et la mort, qui implique un dépouillement de soi-même, grande est la tentation de s’arrêter en chemin. Tentation de ne pas aller jusqu’au bout. C’est la tentation de l’homme pécheur, qui refuse de faire confiance. Ainsi Pierre propose-t-il de s’installer en dressant trois tentes. Survient alors une nuée qui les couvre de son ombre. Qu’est-ce que signifie cette nuée ? Là où Pierre proposait de dresser des tentes pour s’abriter, Dieu fournit une autre sorte d’abri ! Une ombre bienfaitrice qui couvre les apôtres et les enveloppe. C’est la miséricorde de Dieu qui offre un abri protecteur. Une ombre annonciatrice du don de l’Esprit Saint, qui sera fait à la Pentecôte.

 

Les apôtres sont pris par la crainte lorsqu’ils pénètrent dans cette nuée. Ils craignent d’entrer dans l’obscurité. Ils sont saisis de frayeur. C’est d’abord l’effet d’éblouissement après la rencontre de la lumière vive. Ils sont comme aveuglés par une lumière trop forte pour être supportée. On est en effet saisi lorsque l’on entre dans le mystère de Dieu. Car c’est une réalité qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer. C’est au-delà de ce qu’on peut imaginer : Dieu qui se fait homme en la personne de Jésus Christ ! Dieu qui vient connaître le rejet et la mort, par amour pour nous ! Désormais, il n’y a plus rien à voir. Seulement une voix à entendre, celle du Père, qui nous commande d’écouter Jésus, parce qu’il est le Fils Dieu : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». Jésus a en effet été choisi pour nous manifester l’amour du Père et nous faire accéder à cet amour.

 

Une fois cette voix entendue, on ne voit plus que Jésus seul. Jésus dans le dépouillement de son humanité. Jésus dans sa condition de créature, semblable à tous les autres humains. Absolument rien d’extraordinaire ! C’est notre situation dans la société d’aujourd’hui. Nous ne voyons rien de glorieux. Nous pourrions parfois être tentés de découragement ou de manque d’espérance lorsque nous sommes dans l’obscurité. La nuit dans laquelle nous sommes plongés (baisse des effectifs de pratiquants, baisse du nombre d’enfants catéchisés, petit nombre de prêtres, sans compter les graves scandales de mœurs qui viennent d’éclater) peut nous paralyser et nous angoisser pour l’avenir.

 

Or cette nuit est communion au mystère du Christ. Elle ne doit pas nous faire perdre de vue que nous sommes enveloppés de protection et miséricorde. Nous ne devons pas nous laisser écraser par les circonstances mais nous devons conserver le regard fixé sur la personne de Jésus et demeurer à l’écoute de la Parole vivante du Père. Nous devons avancer avec persévérance et accepter de nous laisser conduire sur un chemin de dépouillement qui est celui du grain de blé tombé en terre pour porter du fruit. Jésus parle de son « départ » ; autrement dit de son abaissement et de sa mort. Il nous entraîne avec lui pour participer à sa Pâque. Nous devons demeurer dans l’espérance, comme lui-même demeurera totalement abandonné à son Père lors de sa passion et de sa mort.

 

Il est stérile de nous lamenter et de pleurer sur un passé révolu. La réponse est toujours à trouver dans un attachement plus grand au Christ. Nous ne voyons plus que Jésus seul ! Le Père du ciel nous enjoint de l’écouter et de lui faire confiance. Souvenez-vous qu’au moment d’entrer dans ce troisième millénaire, Saint Jean-Paul II nous avait demandé de repartir du Christ et de contempler le visage de Jésus. Aujourd’hui, tournons donc résolument notre regard vers Jésus et écoutons la Parole vivante que le Père nous adresse en son Fils Jésus !

 

+ Pascal ROLAND