Sermon à l’occasion de la Première Messe de l’abbé Pierre-Damien Luisier
Sermon à l’occasion de la Première Messe de l’abbé Pierre-Damien Luisier
Sermon à l’occasion de la Première Messe
de l’abbé Pierre-Damien Luisier
en l’église Saint Martin de Coligny le 29 juin 2024
en la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul
Vénérables Confrères,
Messieurs les Abbés,
Monsieur l’abbé Luisier , tout nouvellement revêtu de l’imminente dignité sacerdotale,
Mes bien chers frères,
« Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du Ciel. »
Vous connaissez tous bien sûr cette confidence que l’abbé Jean-Marie Vianney adressa à un petit berger, Antoine Givre , lorsqu’il arriva à proximité d’Ars le 13 février 1818, afin de prendre possession de la paroisse où il était nommé par ses supérieurs. Le monument de la rencontre, visible désormais à Ars, a scellé dans le bronze ce bref entretien du Saint Curé avec le petit berger. Ce jour- là, l’abbé Jean-Marie Vianney n’était qu’à quelques centaines de mètres de sa nouvelle paroisse, cependant le brouillard, dense en cette région de la Dombe, l’empêchait d’apercevoir le village dont il devenait le Curé. Oh , loin de moi la folie, bien sûr, de me comparer au Saint Curé ! D’autant plus que nos supérieurs respectifs, ne nous ont pas tenu le même langage au moment de nous donner notre mission. Ceux de l’abbé Vianney lui dirent : « Nous vous nommons à Ars, il y a peu d’amour du Bon Dieu, vous en mettrez. » Les miens me mirent en garde : « Nous vous nommons, à Coligny, surtout vous n’y ferez pas de mal ! » Le Saint Curé d’Ars a rempli à la perfection sa mission au point de devenir le saint patron de tous les curés de l’univers. Quand à moi, j’espère ne pas faire trop de mal aux âmes qui me sont confiées. Votre présence aujourd’hui à l’autel de notre église Saint Martin, Monsieur l’abbé Luisier, où vous aller offrir pour la 1re fois le Saint Sacrifice de la Messe, ainsi que la prière intense en ce jour, nous n’en doutons pas, de notre cher Frère Mayeul Besson, chantre assidu de cette paroisse, avant de rejoindre en octobre dernier l’abbaye bénédictine de Triors, me laissent à penser que j’ai rempli , en partie seulement, ma mission.
« Tu m’ as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du Ciel. » Lorsque je suis arrivé à Coligny en septembre 2007, quelques semaines après le motu proprio « Summorum Pontificum» de notre Bien-aimé Pape Benoît XVI, libéralisant la messe traditionnelle pour tous les prêtres et les fidèles de la Sainte Eglise, j’ai trouvé dès le premier dimanche, à mes côtés à l’autel , non pas le petit berger Antoine Givre, mais un brillant élève de l’école Saint Jean Bosco, Pierre-Damien Luisier alors âgé de 11 ans. Je n’ai pas eu à lui demander de me montrer le chemin de Coligny. Je l’ai trouvé facilement. La place était nette, le chemin était libre, l’assemblée était clairsemée, la nef était quasiment vide. Aucun obstacle donc pour monter à l’autel. Mais ce jeune enfant de 11 ans, Pierre-Damien Luisier, maîtrisant déjà parfaitement les rites de la messe traditionnelle et les mélodies grégoriennes qui nourrissaient sa foi, sut discrètement mais efficacement m’accompagner à l’autel , le chemin du Ciel par excellence, me fredonnant au besoin la Préface, si une mélodie incertaine risquait alors de m’égarer. Ainsi pendant plusieurs années, le curé de Coligny et son jeune cérémoniaire ont monté ensemble les degrés de l’autel pour s’approcher du Ciel de l’Eucharistie, car comme le disait St Philippe Néri « Celui qui aime la messe est déjà au Paradis ».
«Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du Ciel. » Cher Monsieur l’abbé Luisier, si vous êtes revêtu désormais de l’onction et des ornements sacerdotaux pour offrir à votre tour le Saint Sacrifice de la Messe ,qui fait advenir le Ciel sur la terre, en offrant aux âmes la Sainte Eucharistie, le Corps très saint et le Sang précieux de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est parce que dès votre plus tendre enfance , le Bon Dieu a mis sur votre route des âmes bienveillantes qui vous ont montré le chemin de la foi, le chemin de l’autel, le chemin du Ciel. Vous êtes d’une génération qui ne fut pas épargnée par le brouillard dense qui s’impose depuis plusieurs années non seulement sur la société des hommes mais également sur l’institution ecclésiale. L’inversion des valeurs, le relativisme doctrinal et les innovations liturgiques sont semblables à un brouillard épais plus dense encore que la brume de la Dombe qui cachait à l’abbé Vianney le petit village d’Ars où devait resplendir cependant la sainteté du nouveau curé. Mais vous aussi , Monsieur l’abbé Luisier, pour arriver jusqu’au jour bienheureux de votre ordination, malgré le brouillard environnant, vous avez rencontré « une multitude de bergers, comparables à Antoine Givre » vous montrant le bon chemin, le chemin de la foi, le chemin de l’autel, le chemin du Ciel ! Parmi ces guides privilégiés que le Bon Dieu a mis sur votre route , il y a bien sûr en priorité vos chers parents, Daniel et Marie Agnès , qui ont remplis à votre égard , comme à l’égard de vos sœurs et de votre frère, la vocation sublime de parents chrétiens chargés de transmettre à leurs enfants, l’héritage par excellence , le trésor de la foi chrétienne. Votre chemin vers Notre-Seigneur Jésus-Christ et vers l’ autel fut encore bien balisé par le scoutisme, par la fréquentation de bons établissements catholiques, par des maîtres et des professeurs qui font honneur à leur fonction et par des ministres de l’autel rencontrés au cours de vos études , en paroisse et plus encore ces dernières années au sein du séminaire de la Fraternité St Pierre, sans parler bien sûr de l’exemple que vous ont donné vos chers cousins, les abbés Kegelin et Darmet, accompagné de la prière de Frère Camille et de Mère François de Sales ainsi que de l’intercession des défunts de votre famille, parmi lesquels nous aimons rappeler la mémoire de votre grand-mère Jeanne Luisier, qui du haut du Ciel, en compagnie de la petite Jeanne-Marie, nous le croyons, vous voient aujourd’hui à l’autel. Ainsi toutes les conditions étaient réunies pour que le brouillard environnant ne fasse pas obstacle à l’appel du Bon Dieu qui vous a choisi, dès le sein de votre mère, pour être l’un de ses prêtres , afin de montrer à tous, à votre tour, le chemin du Ciel. Car tel est bien désormais le but votre ministère sacerdotal, cher Monsieur l’abbé Luisier, auprès des âmes qui vous seront confiées : montrer le chemin du Ciel. Cette vocation sublime du prêtre si bien décrite en toute simplicité et en toute clarté par les propos du Saint Curé d’Ars au petit berger Antoine Givre, rejoint la vocation de l’Église elle-même : Montrer à tous le chemin du Ciel. Ce souci pastoral ,le seul qui vaille à vrai dire , devrait être la préoccupation fondamentale de tous les synodes, de toutes les commissions théologiques, de toutes les déclarations romaines, de toutes les réformes liturgiques, de toutes les lettres pastorales, de toutes les instances diocésaines, de tous les parcours catéchétiques, de toutes les écoles catholiques, de tous les mouvements d’Église. Quelle tristesse, quelle déception , quelle erreur si les instances et les activités ecclésiales viennent, par négligence, par approximation, par relativisme, intensifier le brouillard sur le chemin du Ciel au lieu de faire resplendir la clarté et la vérité des évangiles et de la foi chrétienne.
Cher Monsieur l’abbé Luisier, quelle sublime vocation que la vôtre désormais : montrer le chemin du Ciel ! Lorsque vous proclamerez le Saint Évangile, lorsque vous prêcherez les vérités de la Foi chrétienne , lorsque vous enseignerez le catéchisme vous montrerez le chemin du Ciel.Mieux encore lorsque vous conférerez le sacrement du Baptême, lorsque vous prononcerez les paroles de l’absolution sacramentelle sur les pénitents, lorsque vous célébrerez la Sainte Messe pour les vivants et les défunts, lorsque vous donnerez la Sainte Eucharistie, vous ferez plus que de montrer le Ciel, mais vous donnerez déjà le Ciel en donnant le Bon Dieu aux âmes !Comme le Saint Curé d’Ars avait raison de dire : « Que le prêtre est quelque chose de grand, s’il se comprenait , il mourrait ! Le prêtre ne se comprendra bien qu’au Ciel ! »
La sublime vocation du prêtre, nous invite tous , nous autres ministres de l’Autel , à une grande humilité , car comme le dit l’Apôtre Paul : « Nous portons ce trésor dans des vases d’argile. » C’est pourquoi nous nous recommandons à la prière de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de tous les prêtres, parce que Mère du Christ-Prêtre : « Mère Immaculée, aidez nous par votre puissante intercession, à ne jamais trahir cette sublime vocation, à ne pas céder à notre égoïsme, aux séductions du monde et aux suggestions du Malin. Enveloppez-nous de votre amour maternel, ne vous lassez pas de nous visiter, de nous consoler, de nous soutenir. Venez à notre secours et libérez-nous des dangers qui nous menacent. » Ainsi soit-il.
Abbé Laurent Goy
Curé de Coligny