Rassembler l’ensemble du peuple de Dieu - Homélie pour la messe chrismale — Diocèse de Belley-Ars

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Rassembler l’ensemble du peuple de Dieu - Homélie pour la messe chrismale

Messe chrismale 2015 à la Co-Cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse

Frères et sœurs, il y a maintenant plus de 50 ans (4 décembre 1963), le concile Vatican II a établi les bases de la révision générale du missel romain. Les pères conciliaires ont alors déclaré : « les textes et les rites doivent être organisés de telle façon qu'ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu'ils signifient ». Mais peut-être ignorez-vous que c’est le pape Pie XII, qui, bien avant le Concile Vatican II, avait déjà entrepris la révision du missel. En 1951, il avait en effet réalisé une première étape majeure, en restaurant la veillée pascale et l’ordonnancement de la semaine sainte[i]. Ce simple rappel historique manifeste que la rénovation liturgique de Vatican II n’a pas a été improvisée. D’ailleurs lorsque le pape Paul VI a promulgué le nouveau missel, le 3 avril 1969, ce dernier a expliqué que la révision s’appuyait sur les progrès effectués depuis quatre siècles par la science liturgique : « les sources liturgiques les plus anciennes ont été découvertes et publiées, tandis que les liturgies orientales étaient mieux connues ; et nombreux sont ceux qui ont souhaité que de telles richesses doctrinales et spirituelles ne demeurent pas dans l'ombre des bibliothèques, mais qu'elles soient mises en lumière pour éclairer et nourrir les chrétiens »[ii].

«Éclairer et nourrir les chrétiens » : La messe chrismale, que nous célébrons aujourd’hui, est précisément un fruit de ce beau mouvement de renouveau liturgique, qui nous permet de nous enraciner plus profondément dans la Tradition de l’Eglise. Comme vous pouvez le constater, la messe chrismale revêt une importance particulière, puisqu’elle rassemble le diocèse autour de l’évêque, successeur d’Apôtre, telle une grande famille au complet, avec toutes ses composantes. Je me réjouis de la présence de chrétiens venus de tout le diocèse, mais je n’oublie pas les Chartreux de Portes, ni les Carmélites d’Ars, ainsi que les personnes que le grand âge, la maladie ou le handicap, ou qu’un service particulier empêchent de se déplacer. Les uns et les autres participent à cet événement par la communion spirituelle à l’assemblée ici présente. Je souligne que leur présence invisible nous aide à nous souvenir que l’Eglise est toujours plus large que ce que l’on peut en percevoir spontanément. Nous ne devons jamais perde de vue que l’Eglise n’a absolument pas de frontières fermées, mais qu’elle est un corps en croissance perpétuelle, indéfiniment ouvert à l’ensemble de l’humanité.

Comme je viens de l’évoquer, la messe chrismale, à l’entrée de la Semaine Sainte, constitue l’une des principales manifestations de l’Eglise diocésaine. Vous pouvez constater que sont présents tous les prêtres et diacres permanents en mesure de se déplacer, de nombreux religieux et religieuses de vie apostolique, vierges consacrées, membres d’instituts séculiers, veuves consacrées (que je salue particulièrement en cette année de la Vie Consacrée) ; les séminaristes du diocèse ; et un maximum de laïcs de tous âges, venus de toutes les régions du diocèse ; dont certains, je le sais, ont pris un congé professionnel pour se rendre disponibles. Parmi ces laïcs, je souligne plusieurs jeunes adultes, qu’on nomme catéchumènes, qui recevront les sacrements de l’initiation chrétienne durant la vigile pascale ; ainsi que plusieurs autres adultes qui recevront la confirmation à la Pentecôte, ou lors de mon passage dans leur paroisse pour confirmer des adolescents.

Bref, vous pouvez le constater cette messe chrismale a pour objectif de rassembler l’ensemble du peuple de Dieu, dans sa grande diversité et sa richesse extraordinaire. La messe chrismale donne à voir et à vivre ce qu’est l’Eglise. Elle montre que l’Eglise est le peuple de Dieu en marche ; le corps du Christ aux membres multiples ; un corps uni et articulé, structuré par le ministère ordonné ; elle est le temple de l’Esprit Saint qui vient faire rayonner la lumière du Christ.

La célébration de ce jour est étroitement liée à la fête du Jeudi Saint, c’est-à-dire au jour où, juste avant d’entrer dans sa Passion, Jésus partage la sainte Cène avec ses disciples. Le jour où il lave les pieds de ses apôtres et institue l’Eucharistie, avant de livrer sa vie jusqu’au bout de l’amour. Au centre de la liturgie de ce jour se trouve la bénédiction des trois huiles saintes :

- l’huile pour l’onction des catéchumènes,

- l’huile pour l’onction des malades

- et l’huile parfumée, le saint chrême, particulièrement utilisé pour le baptême, la confirmation, et l’ordination des prêtres et des évêques.

Ces huiles serviront toute l’année, à compter de la nuit de Pâques, pour dispenser abondamment la grâce de Dieu. Elles seront réparties dans tous les lieux de culte du diocèse et utilisées par l’évêque, les prêtres et les diacres pour conférer les sacrements de baptême, confirmation, ordination, et onction des malades. Ainsi vous êtes à même de saisir combien la messe chrismale nous inscrit à la source de tous les sacrements. Cette source n’est autre que le Christ lui-même, dans le mystère de sa mort offerte par amour, et de sa victoire sur les puissances des ténèbres, par la résurrection.

Vous le savez sans doute, l’huile est le symbole de l’Esprit Saint et, en même temps, cette huile nous renvoie à la personne de Jésus, puisque le titre de Christ (en grec) ou Messie (en hébreu), qui lui est conféré, signifie celui qui a reçu l’onction d’huile. Jésus est en effet celui qui a reçu l’onction de l’Esprit. Son humanité est totalement pénétrée par l’Esprit Saint. Comme le dit l’Ecriture « En lui, dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité » (Col. 2, 9). Dans la Première Alliance, les rois et les prêtres d’Israël étaient institués dans leur mission par une onction d’huile. Ce qui était alors fait de manière symbolique se produit en Jésus dans toute sa réalité : l’humanité de Jésus est totalement pénétrée par la force de l’Esprit Saint. Et en sa personne, c’est toute notre humanité qui accède au don de l’Esprit Saint. Nous portons le beau nom de chrétiens précisément parce que nous sommes unis au Christ. Puisque nous participons à son onction, nous sommes véritablement remplis de son Esprit Saint. C’est bien ce que nous enseigne le Concile Vatican II, lorsqu’il affirme : « Le Seigneur Jésus, "que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde" fait participer tout son Corps Mystique à l'onction de l'Esprit qu'il a reçue : en lui, tous les chrétiens deviennent un sacerdoce saint et royal… »

Je vous invite à considérer comment les trois huiles bénies et consacrées ce soir, nous indiquent notre mission chrétienne et nous stimulent pour y être davantage fidèles. Il y a tout d’abord l’huile des catéchumènes. Cette huile est utilisée pour une première onction, faite avant le baptême. L’huile des catéchumènes communique la force aux hommes qui cherchent Dieu. Elle nous manifeste que c’est Dieu lui-même qui nous accorde l’intelligence intérieure, l’énergie et le désir de conversion, pour comprendre en profondeur la Bonne Nouvelle, et nous engager de grand cœur dans les luttes de la vie chrétienne[iii]. Demandons donc l’humilité et n’oublions jamais que c’est Dieu lui-même qui nous rend capables de grandir dans la foi.

Ensuite, il y a l’huile pour l’Onction des malades. Les Ecritures viennent de nous enseigner que Jésus est venu pour consoler, pour guérir et pour libérer. L’annonce de la Bonne Nouvelle se présente comme un processus de guérison. La guérison fondamentale advient dans la rencontre personnelle avec le Christ, qui nous réconcilie avec Dieu et guérit notre cœur brisé. L’huile des malades nous indique aujourd’hui que le Christ nous donne sa grâce pour vaincre l’angoisse de la mort et vivre l’espérance de la résurrection. Elle nous rappelle le don de l’Esprit Saint qui communique confiance et force dans les épreuves de santé.

La troisième huile est le saint-chrême : un mélange d’huile et de parfums qui nous rattache aux grandes traditions de l’onction sacerdotale et de l’onction royale dans l’Ancien Testament. Il sert surtout lors du Baptême, de la Confirmation et des Ordinations sacerdotales.

Cette huile nous indique, comme le proclame St Pierre : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, jadis, n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 9 s.). Ce saint-chrême signifie l’entrée dans la joie messianique et scelle notre appartenance au Royaume à venir. En même temps il nous donne la force de l’Esprit Saint pour faire de nous des témoins de la mort et de la résurrection du Christ. Le saint-chrême nous rappelle donc aujourd’hui que les chrétiens sont un peuple sacerdotal pour le monde. Nous avons pour mission de rendre visible au monde le Dieu vivant ; nous avons à en témoigner et conduire à lui. « Je ne veux pas seulement m’appeler chrétien, mais je veux aussi l’être », disait saint Ignace d’Antioche. Demandons que la force de l’Esprit Saint fasse de nous des témoins authentiques pour que la Bonne Nouvelle soit mieux proclamée dans les Pays de l’Ain !

 

+ Pascal ROLAND

 

 

 

[i] Décret Dominicae Resurrectionis, 9 février 1951

[ii] Constitution apostolique Missale Romanum

[iii] Voir rituel de l’initiation chrétienne des adultes, n° 124