Que devons-nous faire ? — Diocèse de Belley-Ars

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Que devons-nous faire ?

3° dimanche de l’Avent (C) à Ars, 13 Décembre 2015

Ouverture de la porte de la Miséricorde

Sophonie 3, 14-18a ; Philippiens 4, 4-7 ; Luc 3, 10-18

Que devons-nous faire ?
 

" Que devons-nous faire ? " telle est certainement la question que vous avez posée, vous qui vous préparez à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation et eucharistie), le jour où vous avez entrepris une première démarche pour entrer dans la vie chrétienne. " Que devons-nous faire ? " Telle est la question que posent aussi par trois fois, des personnes de bonne volonté, notamment des publicains et des soldats, des personnes touchées par le message du Baptiste, qui proclame : " Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers  " (Luc 3, 4).

 

Leur attitude tranche avec celle des gens, que Jean-Baptiste traite d'"engeance de vipères " (Luc 3, 7), parce qu'ils viennent à lui, sans qu'il y ait une véritable démarche de conversion intérieure, ni de regret sincère des péchés, alors que Jean-Baptiste invite à une démarche de pénitence, " en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés "  (Luc 3, 3)

 

Les foules qui s'enquièrent de ce qu'elles doivent faire, très concrètement, manifestent qu'elles se laissent atteindre par les paroles de feu du Baptiste et perçoivent l'urgence de la conversion.

 

En un mot, ces personnes se disposent à entrer dans une vie nouvelle et cherchent à en prendre les moyens concrets.

 

Tel est le sens du passage de la porte de la Miséricorde. Emprunter cette porte, c’est affirmer devant Dieu et devant les autres : je suis un pauvre pécheur ; j’entends l’urgence de ma conversion ; je désire sincèrement et vivement entrer dans une vie nouvelle ; je me dispose à faire ce que Dieu me demande concrètement.

 

Il est à noter que, parmi ceux qui sont réceptifs au message de Jean-Baptiste, l’évangile identifie très particulièrement deux catégories socio-professionnelles habituellement méprisées des Juifs : les "publicains" (collecteurs d'impôts qui collaborent avec l'occupant) et les soldats romains (la force armée de la puissance occupante).

 

Vous remarquerez que la réponse faite par Jean-Baptiste est fort simple. Pour commencer, il ne demande pas des choses extraordinaires. Il ne fait que rappeler les exigences accessibles à tous, déjà formulées par les prophètes dans l'Ancien Testament, et renvoyer chacun à sa conscience morale. Premièrement, il appelle au partage du vêtement et de la nourriture avec celui qui est dans le besoin. Ensuite, il appelle au respect du droit et de la justice, dans la relation à autrui. Enfin, il demande que chacun se contente de son dû et renonce à la pratique de la violence, du mensonge et du vol.

 

Obéir à ces consignes toutes simples et bien concrètes, directement en rapport avec la situation professionnelle et sociale de chacun, c’est "produire des fruits qui expriment la conversion  ". C’est aussi échapper à la menace pendante de la mort, qui pèse sur l’arbre qui ne produit pas de bons fruits et risque d’être coupé et jeté au feu (Luc 3, 8-9). Cela revient à se rendre disponible à l'action miséricordieuse du Seigneur, qui, seul, a le pouvoir de faire échapper à la mort,  comme le propriétaire qui peut renoncer à couper et à jeter au feu tout arbre qui ne produit pas de bons fruits (Luc 3, 9. Voir aussi Luc 13, 6-9).

 

Emprunter la porte de la Miséricorde, implique donc de commencer par poser des gestes concrets tout simples car il s’agit de "produire des fruits qui expriment la conversion  ". Il est nécessaire de poser un premier pas qui traduit le désir sincère et la volonté déterminée d’un véritable renouveau.

 

 

Baptême dans l’Esprit Saint et dans le feu
 

Certes, la purification du cœur et des mœurs manifeste un mouvement de conversion, mais elle ne fait pas tout : il y a une énorme différence entre Jean Baptiste et Jésus. Même si Jésus affirme lui-même : " Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand que Jean "(Luc 7, 28), Jésus est " plus fort " que le Baptiste, aux dires mêmes de ce dernier, parce que Jésus est celui qui " baptisera dans l'Esprit Saint et le feu ". En effet, Jean Baptiste appelle au repentir, il sort les gens de leur torpeur en dénonçant vigoureusement le péché. Il réclame que chacun se détourne de sa conduite mauvaise et emprunte les chemins de la vérité, de la justice et du partage. Mais il n’est qu’un être humain, bien incapable de sauver l'homme du péché, pas plus que l'homme n'est capable de se sauver par lui-même. Toute l'action de Jean consiste à faire grandir dans le cœur de chacun le désir de salut et à ouvrir ses auditeurs à la disponibilité pour accueillir Dieu qui Sauve.

 

Là où le Baptiste n'apporte qu'un baptême de purification et de conversion, Jésus apporte un véritable renouvellement intérieur. Par son baptême de la Croix, par sa plongée dans la mort et son surgissement de la Résurrection Jésus vient en effet recréer l'homme. De son cœur transpercé jaillit la vie (voir Jean 19, 34). Il nous communique l'Esprit Saint qui fait de nous des fils, réalisant ainsi la prophétie d'Ezéchiel : " Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau. J'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon Esprit : je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles..." (Ez. 36, 26-27).

 

Vous le voyez, il y a le dépassement d'une simple loi morale extérieure. Car c'est Dieu qui vient répandre son Esprit dans nos cœurs et nous rendre capables d'aimer de son amour même.

 

C'est Jésus qui nous incorpore à Lui et qui, après nous avoir purifiés et sanctifiés, nous donne de pouvoir faire de notre vie une vivante offrande à la gloire du Père.

 

Emprunter la porte de la Miséricorde, c’est reconnaître humblement que je marche sur un chemin qui mène à la mort, et c’est décider d’emprunter désormais le chemin de la vie, en passant par le Christ qui me dit : "Moi je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé  (…) Moi je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance " (Jean 10, 9-10). C’est donc poser un acte de foi au Christ reconnu comme celui qui, seul, peut me libérer de la mort, et me laisser recréer par lui, en accueillant le don de l’Esprit Saint.

 
La joie et la paix dans le Seigneur
 

 

Nous n’avons pas fini de réaliser la Bonne Nouvelle de la Miséricorde de Dieu, annoncée par le prophète Sophonie (1° lecture) : " Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui le héros qui apporte le Salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ". Si le Seigneur vient nous sauver ainsi, on explique la jubilation du prophète Sophonie " Pousse des cris de joie, fille de Sion !  Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie, fille de Jérusalem ! " Et l’on comprend la consigne donnée par l'Apôtre Paul : " Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! Je le redis : soyez dans la joie !  ". Oui, le Seigneur habite en nous. Il a répandu en nos cœurs l'Esprit qui fait de nous des fils, l'Esprit qui nous donne de vouloir ce que Dieu veut ; l’Esprit qui nous entraîne dans la dynamique de l’amour divin ; l'Esprit qui nous ouvre à un don de nous-mêmes toujours plus grand...

 

Le fruit de cette proximité du Seigneur, c'est non seulement la joie, mais c'est également la paix : " Tu n'as plus à craindre le malheur (…) Ne crains pas Sion ! ", recommande le prophète Sophonie. " Ne soyez inquiets de rien " prescrit de son côté l'Apôtre Paul. Il s'agit là - faut-il le rappeler ? - d’une paix profonde qui ne se confond ni avec l'insouciance ni avec la tranquillité, mais qui correspond à l'état de celui qui se sait dans la main de Dieu, quoi qu’il advienne. C’est l'état de celui qui fait confiance parce qu’il a expérimenté la libération définitive. C’est la paix de celui qui a réalisé qu’en la personne de Jésus s’est accomplie la promesse faite par le prophète Sophonie : " Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis ".

 

Franchir la porte de la Miséricorde, c’est donc entrer dans la joie et la paix de la présence du Seigneur. C’est reconnaître la vérité de cette promesse de Jésus (sa dernière parole dans l’évangile selon saint Matthieu) : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).

 

 

Vivre dans l’Espérance
 

Aujourd'hui, nous ne sommes pas encore arrivés à Noël : La fête de la venue de Jésus Christ n'est pas encore là. Et pourtant, nous sommes déjà invités par la liturgie à goûter la paix et la joie de la présence du Seigneur au milieu de nous. De même, le Règne de Dieu n'a pas encore atteint sa plénitude ; le Royaume n'est pas encore parvenu à son plein accomplissement. Et pourtant, cette réalité, nous la vivons déjà en espérance. Nous sommes tout tendus vers les réalités du Ciel et c'est cela qui nous met dans la joie et la paix.

 

Notre manière de vivre chrétienne, en présence continuelle du Seigneur, dans une joie profonde que nul ne peut nous ravir et dans une paix "qui dépasse tout ce qu'on peut concevoir " ; cette manière de vivre doit être un signe pour tous les peuples. Elle doit parler à nos contemporains, comme le Prophète Sophonie, Jean le Baptiste et l'apôtre Paul parlaient jadis à leurs propres contemporains. Elle doit être la meilleure des exhortations, le plus beau des témoignages. Elle doit conduire chacun à la rencontre du Sauveur qui vient. Tel est l’enjeu de l’Année de la Miséricorde. Il nous revient de manifester à tous la Bonne Nouvelle, de révéler combien " Dieu est riche en miséricorde " (Eph 2, 4) et d’attester avec la Vierge Marie dans la prière du Magnificat que "Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent " (Luc 1, 50).

 

+ Pascal ROLAND