Un établissement scolaire est un lieu où l'on sème la vie — Diocèse de Belley-Ars

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Un établissement scolaire est un lieu où l'on sème la vie

Messe de rentrée de l'enseignement catholique

Elèves, parents, professeurs, chefs d'établissement, membres des APEL, des OGEC, des équipes éducatives, aumôniers... Ils se sont retrouvés nombreux autour de notre évêque, samedi 17 septembre, pour la messe de rentrée de l'enseignement catholique à la co-cathédrale Notre-Dame de Bourg.

Ce fut l'occasion de prier pour cette année scolaire qui débute, pour les élèves que tous sont appelés à faire grandir, d'écouter l'enseignement de Mgr Roland et de remettre leurs lettres de mission aux nouveaux chefs d'établissement et aux animateurs en pastorale envoyés dans les écoles. A l'issue de la messe

 

 

Homélie de Mgr Roland 

(Lectures du samedi de la 24° semaine du temps ordinaire : 1 Co 15, 35-37. 42-49 ; psaume 55 ; Luc 8, 4-15)

Chers amis, nous venons d’entendre la Parole de Dieu destinée à éclairer ce que nous allons vivre tout au long cette année dans nos établissements de l’Enseignement Catholique du diocèse. La liturgie de ce jour nous offre à méditer deux textes bibliques qui parlent de semence, de croissance, de transformation, et nous font tourner le regard vers ce qui est en train d’advenir. Il est question des conditions de possibilité de la croissance et de la promesse d’une récolte abondante. Mais il est également question d’une puissance énergétique que l’être humain ne maîtrise pas et il est fait mention d’un passage nécessaire par la mort pour advenir à la résurrection.

Bien sûr, ces images sont puissamment évocatrices pour nous tous ici rassemblés pour ouvrir une nouvelle année scolaire, que nous soyons parents, enseignants, chefs d’établissements, personnels de toutes sortes, prêtres intervenant dans nos institutions, et bien sûr élèves, au service desquels nous sommes tous mobilisés. Car un établissement scolaire est un lieu où l’on sème la vie. C’est un espace au service de la croissance d’enfants et d’adolescents qui avancent vers l’état adulte. C’est un lieu de fécondité, un lieu prometteur, ouvert sur l’avenir de la société. De plus il s’agit d’établissements catholiques, donc de lieux où est offerte la rencontre avec le Christ, qui est le Maître de la Vie.

Alors que retenir tout particulièrement de ce que nous venons d’entendre ? Je vous propose cinq points d’attention. Tout d’abord, retenons que n’est pas l’homme qui opère le devenir, mais que c’est Dieu. La fécondité se dérobe à celui qui reçoit une mission. En ce début d’année, il est essentiel de tous commencer par nous resituer humblement devant Dieu, notre Créateur. La tâche qui est devant nous est immense. Or nous devons reconnaître notre incapacité fondamentale à donner la vie. Nous ne sommes finalement que des passeurs et des témoins. Nous ne faisons que transmettre ce que nous recevons de Dieu. Si nous avons la responsabilité de semer et de veiller aux bonnes conditions de la croissance, nous ne devons pas oublier pour autant que nous ne sommes pas maîtres de la fécondité de notre action et que le mystère de la vie nous dépasse infiniment. Comme l’enseigne Jésus : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé » (Marc 4, 26-29).

Notons ensuite que notre responsabilité est essentiellement de l’ordre de la préparation, pour qu’il y ait une bonne réceptivité à l’action divine. Il nous revient de préparer les cœurs. Tantôt il s’agit de défricher, tantôt il faut labourer, tantôt il faut désherber. Bref le travail consiste à tout faire pour que ce qui est semé tombe dans une bonne terre, où la semence poussera et donnera du fruit au centuple.

Précisons que cette préparation consiste à être témoins de la miséricorde divine, c’est-à-dire de la générosité inépuisable et infatigable de l’amour divin. Nous sommes dans l’année de la miséricorde. Le pape François nous a engagés à aller au cœur de l’Evangile, à goûter nous-mêmes plus profondément cette miséricorde de Dieu à notre endroit, afin d’en être les témoins audacieux, tant par les œuvres de miséricorde corporelle, que par les œuvres de miséricorde spirituelle. Etre témoin de la miséricorde implique d’être fidèle comme Dieu est fidèle. Dieu ne cesse pas d’être patient, bienveillant et plein d’espérance envers sa créature humaine, comme cet agriculteur de la parabole qui, face au figuier qui ne porte pas de fuit et est donc menacé d’être coupé, est pris de pitié pour lui et dit au maître du domaine : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas » (Luc 13, 8-9).

Notons encore qu’au cœur de notre mission, se trouve la personne du Christ. Celui-ci est désigné par saint Paul comme « le dernier Adam », comme « celui qui vient du ciel », par distinction du premier Adam, qui vient de la terre. Saint Paul le définit comme « l’être spirituel qui donne la vie ». Nos établissements doivent donc être des lieux où est offerte l’opportunité à chaque personne, qu’elle soit jeune et adulte, de rencontrer celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). « La semence, c’est la Parole de Dieu », explique Jésus en commentant la parabole du semeur. Le semeur, c’est le Créateur, notre Père du ciel. Il nous donne et nous envoie le Christ, sa Parole vivante, le Verbe qui se fait chair, le Fils de Dieu qui s’unit à nous en épousant notre condition humaine, afin de nous sauver et de nous donner la vie éternelle. Aussi, chers amis, conservez constamment à la mémoire ce que dit le pape François : « Je ne me lasserai jamais de répéter ces paroles de Benoît XVI qui nous conduisent au cœur de l’Evangile : à l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Pape François, La Joie de l’Evangile, n° 7).

Pour finir, retenons qu’il n’y a pas d’autre chemin que celui du mystère pascal, c’est-à-dire l’itinéraire de la mort et de la résurrection avec le Christ. « Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d’abord » affirme saint Paul. Ce que nous semons, c’est quelque chose de simple, de fragile et de périssable. En ce sens où tout ce que nous faisons, comme par exemple faire des cours, transmettre un savoir, apprendre un savoir-faire, éduquer à un être-ensemble… Tout cela est marqué par la finitude de la condition créée et également marqué par la réalité du péché et ne doit donc pas être absolutisé. Au travers de tout ce que nous réalisons avec sérieux et compétence, nous ne devons viser qu’une seule chose : faire en sorte que les enfants qui nous sont confiés, à un titre ou à un autre, soient demain des adultes qui feront quelque chose de beau de leur vie, car ils auront appris à aimer en vérité. Nous devons nous les entraîner dans le mystère de la mort du Christ, le mystère d’une vie donnée, le mystère de l’amour infini, qui se donne jusqu’au bout : « Amen, Amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (Jean 12, 24-25).

D’où la présence symbolique dans nos établissements du crucifix, qui nous signifie le mystère de l’amour véritable. Et la présence de la statue de la Vierge Marie qui nous signifie le mystère fécond de l’accueil confiant de la vie divine par la créature humaine. Marie notre Mère nous désigne Jésus et elle nous dit comme aux serviteurs de Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jean 2, 5).

Alors, commençons chacun, chacune, par être une bonne terre en nous disposant résolument à « entendre la parole dans un cœur bon et généreux, à la retenir et à porter du fruit par la persévérance ». Voilà ce que je souhaite à chacun, chacune en ce début d’année !

 

+ Pascal ROLAND