Message du Pape FRANCOIS - 1er septembre 2022
Chers frères et sœurs !
“Écoutez la voix de la Création” est le thème et l’invitation du Temps de la Création de cette année. Si nous apprenons à l’écouter, nous remarquons une sorte de dissonance dans la voix de la création. D’un côté, elle est un chant doux qui loue notre Créateur bien-aimé ; de l’autre, elle est un cri amer qui déplore nos mauvais traitements humains.
Le doux chant de la création nous invite à pratiquer une « spiritualité écologique » attentive à la présence de Dieu dans le monde naturel. C’est une invitation à fonder notre spiritualité sur « la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle ». Pour les disciples du Christ, en particulier, cette expérience lumineuse renforce la conscience que « c’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » ( Jn 1, 3). En ce Temps de la Création, reprenons la prière dans la grande cathédrale de la création, en profitant du « chœur cosmique grandiose » [2] des innombrables créatures qui chantent les louanges de Dieu. Joignons-nous à saint François d’Assise pour chanter : « Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures » (cf. Cantique de frère soleil). Joignons-nous au Psalmiste pour chanter : « Que tout être vivant chante louange au Seigneur ! » ( Ps 150, 6).
Malheureusement, cette douce chanson est accompagnée d’un cri amer. Ou plutôt, par un chœur de cris amers. D’abord, c'est la sœur mère terre qui crie. À la merci de nos excès de consommation, elle gémit et nous supplie d’arrêter nos abus et sa destruction. Ensuite, ce sont les différentes créatures qui crient. À la merci d’un « anthropocentrisme despotique » (Laudato si’, n. 68), aux antipodes de la centralité du Christ dans l’œuvre de la création, d’innombrables espèces sont en voie de disparition, cessant à jamais leurs hymnes de louange à Dieu. Mais ce sont aussi les plus pauvres d’entre nous qui crient. Exposés à la crise climatique, les pauvres subissent le plus durement l’impact des sécheresses, des inondations, des ouragans et des vagues de chaleur qui continuent à devenir plus intenses et plus fréquents. Encore une fois, nos frères et sœurs des peuples autochtones crient. En raison d’intérêts économiques prédateurs, leurs territoires ancestraux sont envahis et dévastés de toutes parts, provoquant « une clameur vers le ciel » (Exhort. ap. postsyn. QueridaAmazonia, n. 9). Enfin, nos enfants crient. Menacés par un égoïsme à courte vue, les adolescents nous demandent avec anxiété, à nous adultes, de faire tout notre possible pour empêcher ou du moins limiter l’effondrement des écosystèmes de notre planète.
En entendant ces cris amers, nous devons nous repentir et changer les modes de vie et les systèmes nuisibles. Dès le début, l’appel évangélique « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ! » (Mt 3, 2), qui invite à une nouvelle relation avec Dieu, implique aussi une relation différente avec les autres et avec la création. L’état de dégradation de notre maison commune mérite la même attention que d’autres défis mondiaux tels que les graves crises sanitaires et les conflits armés. « Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne » (Laudato si’, n. 217).
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