Homélie pour la messe de la fête du saint curé d’Ars — Diocèse de Belley-Ars

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Homélie pour la messe de la fête du saint curé d’Ars

Homélie pour la messe de la fête du saint curé d’Ars - le jeudi 4 août 2022
Ezéchiel 3, 16-21 ; Psaume 116, 1-2 ; Matthieu 9, 35 – 10, 1

Nous voyons Jésus agir. Que fait-il ?
Deux choses : premièrement, il enseigne ; deuxièmement, il guérit.

D’abord, il enseigne dans les synagogues, proclamant l’Evangile du Royaume.
C’est-à-dire qu’il oriente les gens en leur montrant le Royaume de Dieu,
en leur indiquant le chemin du bonheur véritable,
le chemin du ciel pour lequel nous sommes faits.
Il leur manifeste la vérité de notre vocation humaine.

Et puis il guérit toute maladie et toute infirmité.
C’est-à-dire qu’il se manifeste comme le maître de la Vie.
En guérissant, il donne des signes de l’instauration du Règne de Dieu.

Il se donne à identifier comme celui sur qui repose l’Esprit du Seigneur ;
celui qui est consacré et envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé,
proclamer aux captifs la délivrance…
(voir Isaïe 61, 1 et Luc 4, 14-21).

Bref, il se révèle comme le médecin divin
qui prend sur lui toutes les misères des pécheurs pour les en délivrer.

Précisons qu’il le fait partout : dans toutes les villes et tous les villages.
Autrement dit, son action bénéfique est destinée à tous.
Elle n’est pas réservée à quelques-uns.
Il annonce ainsi la dimension universelle du salut.

Nous découvrons ensuite ce qui préoccupe Jésus :
constatant que les foules sont
désemparées et abattues, comme des brebis sans berger,
il est ému aux entrailles et saisi de compassion envers ces personnes.

Nous percevons donc qu’il n’est ni lointain ni indifférent ;
mais qu’il est proche et sensible à la détresse humaine.

Son attitude n’est pas sans rappeler
la manifestation de Dieu à Moïse dans le buisson ardent (Exode 3, 7-8)
« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte,
et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants.
Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer… »

Quelle est la réaction de Jésus face à cette situation de détresse humaine
et de pénurie d’ouvriers pour assurer la tâche ?
La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.

Il invite ses disciples à prier :
Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

Etonnant ! On aurait spontanément pu s’attendre à un autre comportement :
On aurait en effet pu imaginer qu’il sollicite leur soutien,
en leur disant : retroussez les manches et venez vite à mon aide !

Cependant vous remarquerez qu’il ne commande pas d’agir, mais de prier.
Il ne leur demande pas d’intervenir pour réaliser telle ou telle action,
mais il les invite à se tourner vers le maître de la moisson,
autrement dit vers le Père.

Car en se tournant ainsi vers le Père, ils vont entrer dans les vues de Dieu.
Ils vont percevoir quel est le magnifique projet de Dieu avec l’humanité.

Ils vont écouter et contempler l’étonnant dessein divin.
Comme saint Paul, ils vont répondre en bénissant le Père,
parce qu’Il nous a choisis dans le Christ, avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ.
Ainsi la voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé »
(Ephésiens 1, 4-6)

Face à ce dessein qui surpasse toute imagination,
ils vont aussi prendre acte de leur ingratitude
et de celle de toute l’humanité.
En un mot, ils vont se découvrir pécheurs pardonnés.

Face à ce que fait Jésus pour nous, ils vont redoubler de reconnaissance
et se montrer prompts à accomplir la volonté de Dieu.
Ils vont offrir toute leur personne pour coopérer à l’œuvre de Dieu.
Ils vont être disponibles pour répondre à tout appel du Sauveur.
(cf. Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, n° 91-98)

Voyez combien lorsque Jésus nous commande de prier le maître de la moisson,
il nous signifie très clairement que la moisson n’est pas notre affaire.
La moisson, c’est l’œuvre de Dieu.
D’une certaine manière, cet état de fait est plutôt rassurant pour nous.

D’abord cela signifie que la pénurie de prêtres n’est pas un manque conjoncturel,
qui serait spécifique au temps que nous vivons.

C’est un manque structurel.
C’était vrai il y a 2.000 ans. C’était vrai il y a 200 ans, à l’époque du curé d’Ars.

Ce sera vrai constamment, toujours et partout !
Cela manifeste que la tâche est incommensurable
et que seul Dieu peut l’accomplir ! Bref, il n’y a qu’un seul Sauveur !

Ensuite, c’est rassurant,
parce que nous ne sommes pas immédiatement responsables.
Ce n’est donc pas à nous de chercher des « solutions-miracles »
afin d’assurer à tout prix la réponse à ce manque qui dérange et inquiète.

Ils sont généreux et bien intentionnés, mais ils se trompent profondément,
ceux qui suggèrent d’ordonner des hommes mariés, voire des femmes ;
où qui imaginent des ministres temporaires, afin de fournir des effectifs.

Jésus ne nous demande pas de recruter de la main d’œuvre.
Nous ne sommes pas des prestataires de service,
chargés de fournir la réponse à une commande que Dieu nous passerait.

Mais il nous demande de prier le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

Vous voyez, ce n’est pas nous qui avons la charge de fournir les ouvriers.
Mais c’est le maître qui envoie le personnel nécessaire à la mission.

Et que constatons-nous ? Quand on prie, la réponse ne se fait pas attendre :
Jésus appelle des disciples auprès de lui.
Le Père envoie des ouvriers, que Jésus appelle au nom du Père.
Alors Jésus appela ses douze disciples…

Ce qui nous revient, c’est donc de prier,
mais aussi de préparer nos cœurs :
que les cœurs des disciples soient disponibles et réceptifs à un appel éventuel.
Qu’ils soient aussi généreux et confiants pour répondre sans hésitation aucune,
si Jésus fait entendre un appel particulier.
Jean-Marie Vianney fait partie de ceux que le Seigneur a appelés à son service, pour coopérer à son œuvre de salut.

Il se sait pauvre et n’a pas de talent particulier à mettre en avant.
D’ailleurs il ne revendiquera jamais quoi que ce soit.

Il sait avoir été envoyé par le vicaire général
dans un secteur abandonné de la Dombes,
devenu, comme la écrit Catherine Lasagne
Une sorte de Sibérie pour le clergé du diocèse,
où il plaçait les sujets qui lui semblaient présenter moins de garantie
.1

Conscient de sa pauvreté, Jean-Marie Vianney n’imagine pas un instant
que c’est lui qui va sauver le peuple qui lui est confié.
Mais, humble et obéissant à l’appel entendu,
il a une profonde confiance en son Maître et Seigneur, Jésus.
 
Et il sait que, dans sa Providence, le Père du Ciel,
lui donnera les grâces nécessaires à l’accomplissement de sa mission :
Le Bon Dieu, en nous appelant à telle ou telle vocation, nous donne l’abondance de grâces pour bien en remplir les fonctions,2 enseignera-t-il plus tard.

Puisque Jean-Marie Vianney est un homme obéissant dans la foi,
il va donc laisser le Seigneur accomplir son œuvre
et y coopérer humblement selon ce qui lui sera demandé.
C’est pourquoi son ministère connaîtra une fécondité inouïe,
dont il est clair qu’elle vient de Dieu seul.

Le premier réflexe de Jean-Marie Vianney
n’est pas d’imaginer quelque stratégie pastorale élaborée.
Il ne cherche pas par quel moyen il pourrait séduire les gens.

Il va tout simplement se confier à Dieu et l’implorer pour son peuple.
Il a recours à la prière et à la pénitence.  
Il supplie Dieu de lui accorder la grâce de la conversion de ses paroissiens :
Mon Dieu, convertissez ma paroisse ! 3, demande-t-il.
Il vient prier devant le Saint Sacrement, où on le trouve de jour comme de nuit. Autrement dit, il vient à la Source.
Il vient accueillir la miséricorde du Père s’écoulant du cœur ouvert du Christ,
pour la redistribuer généreusement à ceux qui sont confiés à son ministère.

Ainsi, jour après jour, sera-t-il en mesure de distribuer
aux villageois et aux nombreux pèlerins qui viendront de loin,
ce que le Seigneur lui-même lui confiera pour qu’il le leur redonne :
Le Bon Dieu a placé dans ses mains tous les mérites de sa mort et passion
pour nous les distribuer comme un empereur qui remettra à son ambassadeur
un trésor à distribuer comme bon lui semblerait
.4

La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.
Cependant le don de Dieu est inépuisable et sa charité est inventive.
Jean-Marie Vianney a reçu du Seigneur ce qui était nécessaire
aux villageois de son temps, et à tous les pèlerins, 41 ans durant.
Et il continue de distribuer ce que Dieu nous destine pour grandir en sainteté.

Le trésor qu’il a reçu de Dieu ne cesse pas de nourrir
les pécheurs qui ont besoin d’éprouver la miséricorde divine,
d’être enseignés et guéris par le Christ Sauveur.

Il ne cesse pas non plus de nourrir
les prêtres qui ont besoin d’être renouvelés dans leur ministère
pour être des pasteurs humbles, zélés et donnés, selon le cœur de Dieu :
Le Curé d’Ars demeure pour tous les pays un modèle hors pair,
à la fois de l’accomplissement du ministère et de la sainteté du ministre,

a répété par trois fois Saint-Jean-Paul II.5
Il ne cesse pas non plus d’éveiller et encourager des vocations de prêtres.

Alors, par l’intercession de saint Jean-Marie Vianney,
prions le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson !
Demandons au Père de nous envoyer les saints prêtres
dont notre Eglise a ardemment besoin
pour que la Bonne Nouvelle soit proclamée de manière renouvelée.
Car nos contemporains sont désemparés et abattus,
comme des brebis sont berger.

Il leur faut rencontrer le Christ Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis !

+ Pascal ROLAND  

 

1 Jean-Jacques Antier, Le curé d’Ars, éditions Perrin, page 78

2 Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le curé d’Ars, éditions l’Echelle de Jacob, page 293

3 Mgr Guy-Marie Bagnard, Le curé d’Ars, portrait d’un pasteur, éditions Tempora, page 27

4 Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le curé d’Ars, éditions l’Echelle de Jacob, page 88

5 Discours aux prêtres à ND de Paris en 1980 ; lettre aux prêtres du Jeudi Saint 1986 ; méditation avec les prêtres à Ars en 1986.