Sans la pauvreté, nul ne peut être religieux — Diocèse de Belley-Ars

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Sans la pauvreté, nul ne peut être religieux

Profession religieuse de Frère Brian, Oblat de Saint Vincent de Paul
Samedi 27 octobre 2012 à la basilique du Sacré-Coeur, Bourg-en-Bresse
Romains 12, 1-13 ; psaume 26 ; Marc 10, 23b-30

Frère Brian, aujourd'hui, en choisissant de vous engager définitivement dans un état de vie, celui de la vie religieuse, vous posez un acte on ne peut plus libre et personnel, puisque celui-ci a fait l'objet d'un discernement attentif, d'une longue préparation, et qu'il s'est mûri au fil d'étapes successives.

Cependant la Parole de Dieu vient de vous signifier clairement que votre choix n'est pas premier, mais qu'il est une réponse à un don qui vous précède.

Elle vous a en effet rappelé que vous avez reçu un don de l'Esprit Saint pour apporter votre contribution spécifique au sein du corps du Christ qui est l'Eglise de Jésus Christ.

La Parole de Dieu vient également de vous enseigner que le salut n'est pas accessible à l'homme abandonné à ses seules forces.

Prendre un engagement définitif dans la vie religieuse, comme vous le faites, peut paraître insensé, parce qu'il s'agit de la folie de l'amour authentique, qui se situe au-delà de nos seules capacités humaines. « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu ! »

L'exemple des saints atteste et confirme que ceux qui se laissent humblement conduire par le Saint-Esprit sont rendus forts et capables d'aimer comme Dieu nous aime.

Frère Brian, conscient du don que Dieu vous fait et assuré de la puissance de Dieu à l'oeuvre en vous, vous avez donc généreusement répondu à l'appel de Dieu à offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu.

Il ne vous aura pas échappé que cette offrande radicale de vous-même dans la vie religieuse est liée au choix de la pauvreté, sur laquelle Jésus vient de mettre l'accent.

St François de Sales, bien connu dans ce diocèse, écrivait fort justement : « On peut être religieux, sans chanter au ch?ur, sans porter tel ou tel habit, sans s'abstenir de tel ou tel aliment ; mais sans la pauvreté, nul ne peut être religieux » (Lettre aux religieuses du monastère de la Fille Dieu, 22 novembre 1602)

Choisir la pauvreté, c'est en effet confesser publiquement que votre seule et véritable richesse réside dans la personne du Christ.

Afin de vous aider à vivre cette pauvreté évangélique, je vous exhorte, comme le faisait à l'instant l'apôtre Paul, à ne pas prendre pour modèle le monde présent, mais à vous transformer en renouvelant votre façon de penser pour pouvoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu.

Pour commencer, entretenez la conscience que vous êtes un pauvre qui n'a rien à faire valoir devant Dieu et à fortiori devant vos frères humains ! Reconnaissez n'être rien en dehors de la grâce de Dieu.

Mais apprenez à faire confiance et à tout recevoir humblement de notre fidèle Père du Ciel, qui donne toujours à ses enfants ce dont ils ont besoin.

Ne vous considérez comme propriétaire de rien « Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? » (1 Co. 4, 7) interroge saint Paul. Car vous n'avez rien que vous n'ayez reçu de Dieu : santé, intelligence, qualités humaines, qualités spirituelles, biens matériels, formation, expérience... et même le bien accompli !

Soyez donc libre vis-à-vis de tous ces biens : usez des choses, « comme n'en usant pas, car elle passe la figure du monde » (1 Cor. 7, 31) Abandonnez toutes vos richesses entre les mains du Père. Laisser-le disposer de tout, comme il veut et quand il veut. C'est lui qui en est le Maître ! Vous n'êtes qu'un gérant !

Dans cette perspective d'abandon, renoncez vraiment à tout, jusqu'à accepter les humiliations et les souffrances de la croix. Soyez disposé à ce que vos frères humains vous méprisent, à ce que vos dons ne soient pas exploités comme vous le souhaiteriez, à ce que vos projets apostoliques soient contrariés, à ce que vos oeuvres ne soient pas reconnues, car, dans la foi, vous savez que, de toutes façons, l'Amour de Dieu triomphera.

N'oubliez pas qu'au moment où Jésus tient les propos que nous venons d'entendre, l'évangile nous précise qu'il est en route vers Jérusalem. C'est-à-dire en route vers sa Pâque, en route vers le sommet de l'amour qui se donne jusqu'au bout. C'est précisément sur ce chemin de l'amour infini qu'il vous entraîne avec lui... Choisir la pauvreté, c'est vous unir étroitement au Christ, qui vient donner la vie, là-même où la mort prétendait établir son règne.

Dans cette perspective, soyez généreux avec vos frères. Donner, ce n'est pas perdre, ni se priver d'un bien qui vous manquerait alors. Mais c'est manifester aux autres l'inépuisable et surabondante charité divine.

Il s'agit de donner, non pas de son superflu, mais «de son dénuement, de tout ce qu'on a pour vivre » (cf. Luc 21, 1-4) Puisque l'amour, Dieu vous le donnera toujours, vous êtes certain de ne jamais manquer et vous serez joyeux de pouvoir participer à l'expression concrète de la générosité de Dieu.

Ensuite, choisissez la pauvreté pour aimer et servir les pauvres, parce que le Christ est proche des pauvres, auxquels il s'est identifié (Mt 25). Permettez aux pauvres de se sentir à l'aise avec vous, comme avec Jésus : les malades, les étrangers, les pécheurs publics, les enfants... bref, tous ceux qui expérimentent une situation de manque et d'exclusion. « Dieu aime les pauvres, et par conséquent il aime ceux qui aiment les pauvres » disait saint Vincent de Paul, votre maître (lettre 2546).

Choisir la pauvreté avec Jésus, c'est contester le modèle de la consommation et montrer à ceux qui sont repus et prétendent à l'autosuffisance qu'on peut être heureux autrement qu'en cherchant à combler systématiquement tous les manques. C'est manifester que le manque est en réalité un plus, car il ménage une place pour Dieu et pour les autres.

Frère Brian, vous ne faites pas profession de suivre le Christ tout seul, mais au sein d'une communauté religieuse, qui entend vivre à l'image de la première communauté de Jérusalem, telle que celle-ci est décrite dans les Actes des Apôtres (Actes 2, 42-47) avec un seul soeur et une seule âme, mettant tout en commun.

En mettant les biens en commun et en ne se disant propriétaires de rien, les membres de cette communauté relativisent ce que l'on idolâtre couramment, manifestant que leur unique et véritable richesse, c'est le Christ. Tel est le trésor inépuisable que les voleurs ne peuvent voler et que les mites ne peuvent ronger (Luc 12, 33-34).

Cette vie religieuse porte témoignage de la résurrection de Jésus. Si Jésus n'était qu'une personnalité du passé au message séduisant, s'il n'était qu'un maître spirituel, cela ne justifierait pas de renoncer au mariage, à la possession de biens matériels et à la conduite de sa vie selon sa volonté propre.

Mais, parce que Jésus est ressuscité, parce qu'il est vivant, cela fonde de s'attacher à lui plus qu'à tout, de professer les voeux de chasteté parfaite,
de pauvreté et d'obéissance, et de vivre dans la stabilité avec les frères que Dieu vous donne.

En entant dans l'Institut des Oblats de St Vincent de Paul, vous avez été accueilli dans une famille plus grande que celle que vous aviez quittée.

Vous avez ainsi découvert la vérité de la promesse faite par Jésus à ceux qui quittent à cause de lui et de l'Evangile une maison, des frères, des soeurs, une mère, un père, des enfants ou une terre.

Vous avez été accueilli dans une famille nouvelle, dont vous avez perçu que ce qui en fait l'unité profonde c'est l'écoute attentive et aimante de la Parole de Dieu qui s'est faite chair ; l'écoute amoureuse de Jésus, en qui le Père nous dit tout son amour (Mt 17, 5)

Vous avez découvert combien le fait d'écouter et de mettre en pratique la Parole du Seigneur fonde une nouvelle fraternité et une nouvelle maternité (Marc 3, 35) « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère ».

En recevant la charité divine, on en vit et on la répand sur les autres. En recevant la charité divine, on participe à une fécondité nouvelle, coopérant ainsi au projet de Dieu et contribuant à étendre sa bénédiction sur toutes les familles de la terre.

Vous avez saisi que le mode de vie des religieux, différent de celui de la culture dominante, par la prise au sérieux des conseils évangéliques, annonce le Royaume, annonce un monde transfiguré. « A travers son style de vie et la recherche de l'Absolu, (la vie consacrée) suggère une quasi-thérapie spirituelle pour les maux de notre temps. C'est pourquoi, dans le soeur de l'Eglise, elle représente une bénédiction et un motif d'espérance pour la vie de l'homme et pour la vie ecclésiale elle-même » (Instruction de 2002 de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique : Repartir du Christ, pour un engagement renouvelé de la vie consacrée au 3° millénaire, n° 6).

Le témoignage de la vie religieuse doit nous aider à contempler le visage du Christ et à repartir constamment de lui, pour trouver le bonheur authentique
et pour répondre à notre vocation dans le monde.

Frère Brian, merci de ce que vous faites, car en répondant à l'appel du Seigneur, avec vos frères, vous êtes pour nous le signe du Royaume que Jésus a inauguré. En cette Année de la foi, vous nous encouragez à nous engager davantage dans l'amitié avec le Seigneur, pour que grandisse la famille des enfants de Dieu.

Une famille dont personne n'est exclu et où chacun a sa place.

Une famille où personne ne manque de rien.

Une famille où règnent la confiance mutuelle et l'estime réciproque, parce qu'ensemble on se reçoit d'un même Père, qui répand généreusement sa bénédiction sur tous.

+ Pascal ROLAND