Homélie : Proclamez la Bonne Nouvelle ! — Diocèse de Belley-Ars

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Homélie : Proclamez la Bonne Nouvelle !

Au cours de la messe de son installation comme évêque de Belley-Ars, Mgr Pascal Roland a commenté l'Evangile (Mc 7, 31-37 : Jésus guérissant un sourd-muet) à la lumière de la devise qu'il s'est choisie : « Prædicate Evangelium », « Proclamez la Bonne Nouvelle ! » (Marc, 16, 15).

 

Observer Jésus annoncer la Bonne Nouvelle

Puisque les baptisés ont pour mission commune d'évangéliser, je vous invite à observer attentivement ce que fait Jésus, dont nous sommes les disciples, lorsque lui-même annonce la Bonne Nouvelle.

Tout d'abord, nous voyons Jésus traverser le Jourdain afin de se rendre en territoire païen, parce que le Bonne Nouvelle est destinée à tous. Voici un premier point d'attention à avoir : nous devons être, comme Jésus, hantés par le souci de rejoindre tous les hommes sans exception, afin de leur annoncer la Bonne Nouvelle et de leur proposer la foi.

Ensuite, nous observons que Jésus accueille avec bienveillance les personnes malades qu'on lui amène. Aujourd'hui, nous le voyons accueillir positivement la demande qui lui est faite pour guérir un sourd-muet. Mais nous pouvons nous interroger : pourquoi Jésus emmène-t-il ce sourd-muet à l'écart ?

D'une part, Jésus n'intervient pas sur le mode de la séduction. Il ne cherche pas à faire sensation en public pour drainer artificiellement les gens vers lui. La foule, nous le savons, est avide d'événements exceptionnels, et elle s'attache bien souvent à ce qui est superficiel ! Mais l'oeuvre de Dieu n'est pas de l'ordre du spectacle. Elle s'opère dans le silence et le retrait, loin des médias !

D'autre part, Jésus entend établir une relation personnelle avec chacun. Car s'il s'adresse à tous, c'est aussi à chaque personne individuellement, pour nourrir une relation qui est de l'ordre de l'intime.

Les actes du Christ portent du fruit

Le sourd-muet est donc conduit à l'écart de la foule. Nous sommes alors témoins d'un geste surprenant : Jésus met ses doigts dans les oreilles du sourd, puis, prenant de sa salive, il lui touche la langue ! Voyez comment le Verbe incarné entre en contact physique avec l'homme qu'il vient sauver ! Et remarquez que la puissance divine qui passe par l'humanité du Christ continue de passer par la réalité très concrète de l'Eglise et des sacrements.

Le Seigneur Jésus lève alors les yeux au ciel. Ce geste exprime son existence filiale. Cette attitude manifeste clairement que Jésus se tourne vers son Père et que l'action qu'il accomplit, il la reçoit d'en-haut. Lorsqu'il intervient, c'est en effet toujours pour accomplir l'oeuvre du Père. « Je ne cherche pas à faire ma propre volonté ? affirme Jésus -mais la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 5, 30).

L'évangéliste note aussi que Jésus soupire. Comment ne pas voir dans ce soupir l'expression du souffle de l'Esprit qui le traverse pour rejoindre l'humanité blessée et la revivifier ! Celui qui est totalement habité par l'Esprit d'amour vient répandre sur nous cet Esprit de vie afin de faire de nous une création nouvelle.

Jésus ne dit qu'un mot : « Effata » : Ouvre-toi ! Le Christ est bien celui qui vient nous ouvrir : nous ouvrir à l'écoute du Père et à l'accueil de l'Esprit Saint ; nous ouvrir à la louange du Créateur ; nous ouvrir au don de soi et au service du frère.

Observez comment l'intervention de Jésus porte immédiatement du fruit. Lorsque le Verbe de Dieu intervient, sa parole est efficace : elle accomplit ce qu'elle énonce. C'est une parole créatrice. Celui qui se laisse approcher et toucher par le Verbe de Dieu voit immédiatement la vie surgir en lui. Il s'épanouit, il s'ouvre à la vie authentique. Ici, vous en avez été particulièrement témoins avec les confirmés de Pentecôte 2012 !

Lorsque quelqu'un se laisse approcher et toucher par le Christ, sa langue se délie et il se met à proclamer les merveilles de Dieu. Sa parole est aussi une parole bienveillante et constructive qui édifie et qui nourrit la fraternité universelle.

Jésus vient nous révéler le vrai visage de Dieu

Nous pouvons nous étonner de voir Jésus recommander de ne rien dire de ce miracle. Le silence exigé n'a rien à voir avec le secret ésotérique, car la foi chrétienne est transparente et proposition universelle. Mais cette exigence de retenue est liée au fait qu'il est nécessaire de prendre le temps de mûrir les choses, d'intérioriser et de mesurer ce que représente la suite du Christ. L'expérience montre qu'il y a un risque d'emballement sur une perception superficielle de l'Evangile.

Vous savez comme moi que l'on peut être tenté de réduire l'Evangile à un message humanitaire ou à un programme politique. Ainsi, après la multiplication des pains, nous voyons les foules qui s'étaient enthousiasmées pour Jésus l'abandonner lorsqu'il se présente lui-même comme le Pain de Vie : « Vous me cherchez non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce ce que vous avez mangé du pain et été rassasiés. » (Jean 6, 26).

Jésus n'est pas un simple thaumaturge, ni un chef politique. Il n'est pas venu apporter simplement des solutions aux problèmes sociaux et économiques. Mais, plus profondément, il est celui qui vient nous révéler le vrai visage de Dieu et qui nous ouvre à la plénitude de notre vocation humaine. En un mot, il est celui qui nous introduit dans la dynamique de l'amour trinitaire. Voilà en quoi précisément la venue du Christ est la Bonne Nouvelle.

Elle nous ouvre un avenir authentique, cet avenir annoncé autrefois par le prophète Isaïe : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver » (1e lecture).

Le Christ nous ouvre à la vie

Aujourd'hui, habitants des pays de l'Ain, nous sommes tous semblables au sourd-muet de l'Evangile. Le Christ nous approche et nous touche, pour nous ouvrir à la vie. Il ouvre nos oreilles pour que nous soyons réceptifs à la Parole de Dieu. Que, comme Marie, l'humble servante du Seigneur, nous accueillions, méditions, gardions et mettions en pratique cette Parole afin que le Christ prenne chair en nos vies !

Le Christ nous dit : « Effata » : Ouvre-toi ! Et il délie nos langues pour que nous annoncions les merveilles de celui qui nous a tirés des ténèbres à son admirable lumière (Cf. I Pierre 2, 9).

Il nous communique l'Esprit Saint pour qu'à la suite de Pierre et de ses compagnons nous rendions témoignage du Ressuscité et que nous annoncions la Bonne Nouvelle à nos contemporains.

Notre seule richesse est la richesse de la foi

L'apôtre Saint Jacques nous indique que cette proclamation de la Bonne Nouvelle s'opère d'abord par notre témoignage de vie. Un témoignage d'accueil mutuel et de communion fraternelle. Il fait écho à Jésus qui nous recommande : « C'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. » Si nous prétendons être des disciples du Christ, cela doit se voir !

En nous introduisant dans la condition filiale, le Christ fait en effet de nous des frères et des soeurs. Le Père du ciel nous donne les uns aux autres. Il fait de nous une grande famille, qui a pour mission, comme l'écrit le Concile Vatican II, d'être « en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain » (LG n° 1).

Comme nous le demande avec fermeté l'apôtre Jacques, « ne mêlez pas des considérations de personnes avec la foi en Jésus Christ. Abstenez-nous de faire des différences entre vous et de juger selon des valeurs fausses ». Ce qui constitue l'originalité, la richesse et la force de l'Eglise, c'est précisément qu'elle rassemble des hommes et des femmes qui ne se sont pas choisis, mais qui ont été unis par le Christ dans l'Esprit : hommes de toutes races, langues, peuples et nations ; personnes de conditions sociales variées, de sensibilités différente, d'histoires les plus diverses...

Comme vient de nous le rappeler Saint Jacques, ne perdons jamais de vue que nous sommes tous fondamentalement des pauvres et que notre seule richesse est la richesse de la foi, la richesse du Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

+ Pascal ROLAND
Évêque de Belley-ars