Homélie messe d’adieu à Benoît XVI à ND de Bourg jeudi 5 janvier 2023 — Diocèse de Belley-Ars

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Homélie messe d’adieu à Benoît XVI à ND de Bourg jeudi 5 janvier 2023

Benoît XVI et Mgr Roland - 2012 ©Diocèse de Belley Ars

Homélie de Mgr Roland lors de la messe d’adieu à Benoît XVI à ND de Bourg jeudi 5 janvier 2023

Homélie messe d’adieu à Benoît XVI à ND de Bourg jeudi 5 janvier 2023

Lectures : Job 19, 1. 23-27a ; Psaume 129 ; Marc 15, 33-34a.c. 37-39 ; 16, 1-6

Nous venons rendre les derniers hommages au pape émérite Benoit XVI et le confier à la miséricorde de Dieu, qu’il a servi avec fidélité, comme prêtre (1951), comme professeur de théologie, comme expert au concile Vatican II, comme évêque de Munich (1977), comme étroit collaborateur du pape Jean-Paul II en qualité de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (1981), puis comme pape (de 2005 jusqu’à sa renonciation le mercredi des cendres 2013).

Nous rendons hommage à ce fils de l’Eglise qui a été un éminent théologien, certainement l’un des plus grands intellectuels de notre temps, et un pasteur plein de bonté, infatigable prédicateur de l’amour et de l’espérance. Je me souviens que lorsque Joseph Ratzinger avait présidé à la cathédrale de Lucerne les obsèques de son ami le cardinal Hans Urs von Balthasar (1erjuillet 1988), dans son homélie, il avait commencé par affirmer qu’ « à la mort d’un croyant, tristesse et consolation se joignent ».

Nous pouvons expliquer pour Benoît XVI, comme lui-même l’avait alors fait pour le grand théologien suisse : « Nous sommes dans le deuil parce qu’il n’est plus parmi nous ; jamais plus nous ne serons avec lui, à converser, jamais plus nous ne pourrons recevoir ses conseils ». Mais nous pouvons également ajouter pour lui comme pour Balthasar : « Il y a consolation : sa vie nous a appris à croire, son témoignage est espérance pour lui et pour nous ».

Il citait alors la déclaration de Job, que nous avons entendue dans la 1° lecture : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ». Et il évoquait le mystère de la communion des membres du corps du Christ : « Dans le corps ressuscité du Seigneur, nous savons vivantes les âmes des morts ; son corps les abrite et les emporte pour la résurrection commune : dans son Corps, que nous pouvons recevoir, nous restons proches les uns des autres et nous nous touchons. »

Evoquant l’œuvre du défunt Balthasar, Joseph Ratzinger avait cité le mot de saint Augustin, dont il était un fidèle disciple : « Toute notre œuvre en en cette vie, chers frères, est de guérir les yeux du cœur pour qu’ils puissent contempler Dieu ». Lorsque nous essayons d’embrasser du regard toute la vie de Benoît XVI, nous pouvons faire le même constat et affirmer avec certitude que, lui aussi, a été un inlassable chercheur de la Vérité et que toute son œuvre a également consisté éclairer les intelligences et à guérir les yeux du cœur, pour que tout homme puisse contempler Dieu.

Comme son confrère et ami, Joseph Ratzinger était un contemplatif : « Il savait que la théologie ne peut se mettre en mouvement que par ce contact avec le Dieu vivant, qui s’accomplit dans la prière ». Et il avait annoncé le jour de l’ouverture de son pontificat :« Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec l’Eglise, de me mettre à l’écoute de la Parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui » (24 avril 2005).

On peut affirmer de lui, sans se tromper, que, comme son ami, « Il est un maître de la foi exact, un guide vers les sources d’eau vive, un témoin de la Parole, de qui nous apprenons le Christ, de qui nous pouvons apprendre la vie ». Nul doute que les générations à venir apprécieront avec gratitude le travail immense qu’il a accompli au service de l’intelligence de la foi.

Je me souviens bien que Benoît XVI avait achevé l’homélie de la messe d’inauguration de son ministère pétrinien en reprenant et développant la célèbre formule de son prédécesseur saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ » (22 oct. 1978). Il disait : « Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère » (24 avril 2005).

Benoît XVI est mort. Il voyait venir l’heure de sa mort paisiblement, dans l’espérance. Parce qu’il était attaché à la personne de Jésus-Christ mort et ressuscité (comme vient de le proclamer l’Evangile selon saint Marc) et il vivait dans l’espérance de la résurrection. Lors d’une veillée pascale (15 avril 2006), il avait expliqué : « Jésus n’est plus dans le tombeau. Il est dans une vie totalement nouvelle (…). Par amour, il pouvait se laisser tuer, mais c’est précisément ainsi qu’il a rompu le caractère définitif de la mort, parce qu’en lui était présent le caractère définitif de la vie. Il était un avec la vie indestructible, de telle manière que celle-là, à travers la mort, jaillisse d’une manière nouvelle ».

Et il poursuivait en disant de la résurrection : « Il est clair que cet événement n’est pas un quelconque miracle du passé, dont l’existence pourrait nous être, en définitive, indifférente. Il s’agit d’un saut qualitatif dans l’histoire de l’évolution et de la vie en général, vers une vie future nouvelle, vers un monde nouveau qui, en partant du Christ, pénètre déjà continuellement dans notre monde, le transforme et l’attire à lui »

Dans une retraite donnée aux membres de la Curie romaine, au carême 1983, Joseph Ratzinger avait conclu une de ses méditations en ces termes : « A Pâques, Dieu se révèle lui-même ; il manifeste sa force, celle de l’amour trinitaire, supérieure aux forces de la mort. C’est pourquoi dans un monde dominé par l’ombre de la mort, la révélation pascale nous donne le droit de chanter ‘Alleluia’ ». Aujourd’hui Benoît XVI a franchi le seuil et il peut chanter pleinement cet ‘Alleluia’. Qu’il continue aussi de nous soutenir et de nous éclairer pour être des témoins de l’amour de Dieu et ouvrir le monde à l’espérance !

+ Pascal ROLAND

Retrouvez le témoignage de Mgr Roland dans l'émission RCF Pays de l'Ain au micro de Xavier Jacquet

et l'article qui y est consacré : https://www.rcf.fr/articles/actualite/deces-de-benoit-xvi-mgr-pascal-roland-revient-sur-la-personnalite-du-pape-decede