Confort : Sœur Rosalie et l’abbé Chapelu — Diocèse de Belley-Ars

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Confort : Sœur Rosalie et l’abbé Chapelu

Parmi les 55 pèlerins du diocèse de Belley-Ars, « nos » deux soeurs, pétillantes d’humour, Mlles Madeleine et Suzanne Blanc , de Nantua, nous ont communiqué un document sur l’abbé Chapelu, en raison de leur lien de parenté avec ce prêtre. Originaire d’Apremont, devenu le premier curé de Confort, il a été l’auxiliaire de Soeur Rosalie et a contribué à faire vivre dans sa paroisse et dans le diocèse son souvenir et son exemple.

 

L’intuition de Sœur Rosalie
 

En 1843, M. Chapelu fut envoyé comme vicaire à Lancrans qui avait alors pour curé M. Mermod. C’est là qu’il fut mis en relation avec soeur Rosalie. Cette humble fille de Saint Vincent de Paul, toute puissante à Paris par le renom de sa charité, rêvait de faire ériger une paroisse dans son village natal, à Confort, hameau de Lancrans.
Son auxiliaire : l’abbé Chapelu – Mais à distance les pourparlers sont difficiles, les négociations traînent en longueur et quand on n’est pas sur les lieux pour bénéficier des circonstances, les meilleures entreprises sont vouées à un échec certain. Il fallait à soeur Rosalie un auxiliaire. Elle le trouva en l’abbé Chapelu.

 

Pour rendre le Christ eucharistique plus proche des chrétiens…
 

Le jeune prêtre était trop zélé pour ne point répondre à une telle confiance ; son soeur était trop bon, trop généreux pour ne pas s’attendrir à la vue des vaillants chrétiens et des enfants, qui, le dimanche ou même chaque matin, faisaient douze kilomètres pour assister aux offices ou aux catéchismes. Il entra donc dans les vues de soeur Rosalie, adopta son plan, délimita lui-même la future paroisse, triompha non sans peine de puissantes oppositions et parvint à faire ériger le village de Confort en succursale (1852).

 

Confort devient quasi-paroisse… Aussitôt M. Chapelu se met à l’oeuvre. La tâche était lourde puisque tout était à créer. Le jeune curé s’installa provisoirement dans une humble maison du village, habitée aujourd’hui par Mlle Eugénie Gros (en 19..) et reconnaissable à la statue de la sainte Vierge qui en orne la façade. L’installation était primitive : la même pièce servait de salon, de salle à manger, de cabinet de travail et de chambre à coucher.

 

D’abord construire l’église…
 

La première pensée du curé de Confort fut de construire l’église et le presbytère. Il y avait bien au centre du village une antique chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié et construite à la fin du XII° siècle par les moines cisterciens de Chézery. Cette chapelle était même, depuis le moyen âge, le but d’un pèlerinage très fréquenté ; mais son exiguïté la rendait impropre au service paroissial. Il fallait bâtir une nouvelle église et tout d’abord chercher un emplacement favorable.

 

Un curé architecte et entrepreneur
 

Cet emplacement fut bientôt trouvé. Un bon vieillard, nommé Joseph du Pelan, qui devait donner son petit patrimoine à l’hospice ; à la condition que les religieuses auraient soin de lui jusqu’à la fin de ses jours, céda le terrain nécessaire à la construction de l’église et de la cure. Ce terrain, situé au nord du village, sur une petite élévation, était admirablement disposé pour recevoir ces deux édifices. Puis, il faut un architecte, pour dresser le plan, un entrepreneur pour réunir les matériaux ; l’abbé Chapelu n’est pas embarrassé pour si peu ; il sera lui-même l’architecte et l’entrepreneur. Il manœuvra si bien qu’en 1856 la première pierre fut posée par Mgr Chalandon.

 

Sœur Rosalie part vers le Seigneur…
 

Mais où trouver les ressources ? Sœur Rosalie avait offert 30.000 francs et sur cette promesse, le curé de Confort n’avait pas hésité à se lancer dans son entreprise. Mais les oeuvres de Dieu sont toujours marquées par le sceau de l’épreuve. La première pierre de l’église est à peine posée que Dieu rappelle à lui la généreuse bienfaitrice, avant qu’elle eût pu réaliser ses engagements. La commune ne peut faire aucun sacrifice d’argent et le secours de l’Etat étant subordonné à celui de la commune, le pauvre curé se trouve tout d’un coup sans ressources. Une pareille situation était faite pour abattre les plus audacieux ; mais l’abbé Chapelu n’est pas de ceux qui se découragent. La commune et l’Etat sont avares de leurs deniers ; il se passera de leur aide et fera construire son église à lui tout seul. et l’abbé Chapelu se fait quêteur… Non content d’être entrepreneur et architecte, il se fera tout à tour bûcheron, chaufournier, terrassier, carrier, tailleur de pierre, maçon et couvreur. Ce qui est peut-être plus pénible et plus méritoire encore, il se fait quêteur. Il écrit lettres sur lettres ; après avoir exhalé sa douleur et pleuré la perte immense qu’il vient de faire en la personne de Sœur Rosalie, remontée au ciel pour y recevoir la récompense de ses travaux, il appelle à son aide les âmes pieuses et charitables.

 

L’idée d’une maison de secours…
 

« Ah ! écrivait-il, si la mort de Sœur Rosalie n’était pas survenue si tôt, je n’aurais pas besoin de recourir à votre charité ; mais je vous prie de m’aider à construire mon église et aussi à convertir la maison d’une si sainte Fille de la Charité en maison de secours, afin de perpétuer sa mémoire, de régénérer le pays et d’y faire fleurir ses vertus. »

 

Soutiens épiscopal et impérial…

Une autre invention de son zèle va l’aider à subvenir aux dépenses nombreuses nécessités par ses travaux : il organise une loterie. Mgr l’évêque de Belley l’autorise et l’encourage. M. le chanoine Pernet l’aide à placer des billets ; Mgr l’archevêque d’Aix et Mgr l’évêque de Gap lui en prennent un certain nombre. L’empereur Napoléon III envoie un lot superbe. l’abbé écrit à toutes les personnes charitables qu’il connaît ; pour assurer le succès de son oeuvre, il demande aux directeurs de la Compagnie P.L.M. des billets à prix réduit et il entreprend de nombreux voyages à Bourg, à Lyon, à Saint-Etienne et jusqu’à Paris.

 

Où Sœur Rosalie intervient…
 

Cette loterie produisit une somme assez ronde, mais hélas ! insuffisante pour couvrir toutes les dépenses. Heureusement la Vierge-Immaculée qu’il invoque et dont il place le nom béni en tête de ses lettres, vient à son secoursEn mourant Sœur Rosalie avait chargé deux Filles de Saint Vincent de Paul, les Sœurs  de Moissac et de Costalin, d’exécuter ses dernières volontés et de prêter main forte au bon curé dans ses travaux. La somme promise fut versée et l’abbé Chapelu se réjouit du nouveau concours qui lui arrivait en la personne de ces deux religieuses favorisées des dons de la fortune et tout disposées à continuer l’oeuvre de leur illustre devancière. Il ne put s’empêcher de laisser échapper sa joie et il termine une de ses lettres à la Sœur de Costalin par ces mots : « Vivent les Sœurs  ! « 

 

Le curé paie de sa personne…
 

Cependant l’intrépide curé n’avait pas attendu, pour commencer à bâtir, le règlement de toutes ces questions pécuniaires. Il avait obtenu de la commune sur les flancs les plus escarpés du Mont Sorgia, une coupe de bois dont personne ne voulait parce qu’il aurait fallu, pour l’exploiter, exposer sa vie. Il y va travailler en personne ; son exemple entraîne quelques paroissiens de bonne volonté. Le bois est descendu ; il sert à entretenir deux fours à chaux à la hâte ; car on fait sa chaux soi-même ; c’est beaucoup moins dispendieux.

 

... et les paroissiens collaborent !
 

Et puis, quel spectacle digne d’admiration, que de voir ce vaillant curé, revêtu d’une pauvre soutanelle – sa soutane d’ordonnance, comme on disait – accompagné de trois ou quatre de ses paroissiens les plus hardis, muni de tous les outils nécessaires, crics, coins, massues, tranchets, travailler dans une carrière de pierre blanche qu’il a découverte et en extraire d’énormes blocs qu’il fait transporter sur le chantier. Ce chantier, il en est l’âme ; aucun ouvrage ne lui étant inconnu, il dirige les ouvriers, les anime par ses paroles et par son exemple. Il taille la pierre et travaille le bois ; il charge d’énormes fardeaux sur ses épaules et les porte jusqu’au sommet des murailles. Car, elles se dressent maintenant ces murailles ; les voici bientôt surmontées de leur toiture en travaillons que plus tard remplaceront les ardoises. Après cela, il faut poser les chenaux et voilà M. Chapelu transformé en ouvrier plombier, soudant ensemble les diverses pièces, au risque de se brûler les doigts… y compris les enfants de chœur Pour cette délicate opération, il prenait ordinairement avec lui un de ses enfants de chœur, le jeune Grosbegnin, aujourd’hui un des meilleurs paroissiens de Confort ; l’enfant était chargé de garnir le réchaud et de souffler sur la braise pour chauffer les fers. Alors il arrivait parfois que l’opérateur poussait un cri aussitôt réprimé ; sa main venait de toucher quelque fer rougi. L’enfant riait sous cape de la mésaventure ; mais le curé, stoïque, continuait tranquillement sa besogne.

 

L’église est consacrée en 1861
 

Vint un jour où l’église fut à peu près terminée. Les habitants de Confort avaient devant eux un petit bijou de style gothique flamboyant, en forme de croix latine, avec une seule nef, mais deux vastes chapelles latérales, s aux voûtes ornées d’élégantes nervures. Ce gracieux édifice méritait assurément les honneurs de la consécration ; on appelle Mgr de Langalerie, évêque de Belley, qui vint avec son vicaire général. C’était en 1861… cinq ans seulement après la naissance au ciel de Sœur Rosalie.

 

Mlles Madeleine et Suzanne Blanc nous ont envoyé le petit poème ci-dessous « Merci, Sœur Rosalie » et un sonnet à la manière de Joachim du Bellay (de Liré en Anjou et non pas de Belley dans l’Ain). A l’inverse du poète angevin qui, à Rome, se languit de son pays natal, elles expriment, de retour au pays des catholards, leur nostalgie de Rome. 

Merci, Sœur Rosalie,
et pour les gâteries,
Nous ne sommes pas qu’esprit,
Nous avons d’l’appétit.
Ces nouilles, ces spaghettis,
Couverts de Parmesan
Et ce vin d’Italie,
Ce crû si gouleyant,
Bu en bonne compagnie ;
Et ce vol dans les airs
Sur l’aile d’un oiseau de fer.
Nous arrivâmes indemnes
Au Foyer Saint-Joseph.
Chacun reçut sa clef
Qui portait l’emblème
D’un site de Palestine.
Le nôtre, c’est Bethléem.
Oh, cette joie très fine
Et nous allons crêcher
Une petite semaine.
Au retour des Saintes Messes
Le soeur plein d’allégresse :
Vive Sœur Rosalie !

Que jamais je n’oublie :
Qu’il faut être une borne
une borne d’amour
qui sera un recours
à ceux qui passent mornes.

 

 

A la manière de Joachim du Bellay, deux pèlerines « bien de chez nous » évoquent leur séjour romain pour la béatification de Sœur Rosalie :

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage »,
ou comme ces deux-là qui quittent leur maison
et qui sont revenues avec leur baluchon,
pleines de souvenirs de ce beau pèlerinage.
Ah ! quand reverrons-nous les grandes basiliques,
les superbes colonnes, les audacieux frontons,
les sculptures de marbre, les plafonds en caisson
et partout sous nos pieds les belles mosaïques ?
Quand nous reverrons-nous au pied de l’obélisque,
amené sur les eaux depuis Héliopolis,
entre les colonnades aux deux bras grands ouverts ?
Quand irons-nous prier au pied de la Piéta
où le Christ paisible repose entre les bras,
comme au jour de Noël, de sa divine Mère